A propos des chefs-d'oeuvre de Charles Dantzig

A propos des chefs-d'oeuvre de Charles Dantzig

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Rotko, le 8 mai 2014 (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 346ème position).
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un point de vue littéraire tonique et roboratif.

Dantzig, à propos des chefs d’œuvre, chez Grasset. 273 p.

Ce n’est pas un manuel de littérature ou un livre de recettes pour bien reconnaître une œuvre de qualité. L’auteur ne joue pas de l’argument d’autorité (« moi, je »), mais assume ses préférences.

Ce n’est pas une dissertation, mais un recueil de réflexions qui dansent autour de la notion de « chef d’œuvre », en écartant les fausses idées, et à la lumière de considérations nouvelles,- ou non.

Que faut-il en retenir ? Tout ce qu’on voudra !

Qu’il y a des « chefs d’œuvre d’explication » et d’ « application », faux exemples bien sûr où les commentateurs se régalent à identifier des références plus ou moins absconses, avec une érudition qui correspond à leur soif de reconnaissance.

Il y a aussi les besogneux qui se sont donné beaucoup de mal à construire une histoire, comme si la réussite était uniquement le fruit d’un travail. Ces œuvres-là « sentent l’huile » disait-on, quand on s’éclairait avant l’électricité.

Et les « intentions » et « les idées » ? Ce ne sont pas des critères décisifs, pas plus que la moralité ou l’instruction !

« A chacun ses chefs d’œuvre » serait finalement une assez bonne remarque pour qui n’accepte plus «  le texte admiré par tous à tous les époques », formule classique qui a fait son temps ! On penserait donc à l’œuvre qu’on lit et relit, auprès de laquelle un texte correct paraît ensuite fade, par comparaison.

Dantzig parle aussi de peinture et d’art en général, de films aussi. Restons en littérature.

On lira de belles pages sur Ulysse de Joyce, avec les plaisanteries et les digressions, car la bonne littérature se rit de la rhétorique et des bons usages. Elle ne se nourrit pas des allitérations et des figures de style comme « c’était à Mégara etc. » Salammbô n’est pas à la hauteur de madame Bovary.

Les faux chefs d’œuvre ? On les trouvera du côté de Céline « qui plaît aux incultes », dit-il, et des œuvres académiques inspirées par les vrais chefs d’œuvre ;

des exemples d’œuvres réussies : la vie de Henry Brulard ou les souvenirs d’égotisme, ou la Recherche.

Le chef d’œuvre a des mérites apparents, la critique sociale par exemple, et des mérites réels plus cachés, le travail sur la forme, le souci de la langue, voire la propre critique de l’œuvre dans l’œuvre elle-même, comme pour Don Quichotte.

Je préfère parfois les critiques de Zola à des admirations convenues.

Du côté des textes inachevés ou écrits en toute liberté, je mettrais le Neveu de Rameau de Diderot, ne lésinons pas, tout Stendhal, et quelques Butor ou Claude Simon. Chacun fera son propre Panthéon.

Dantzig ne joue pas le maître à penser, il agite et propose, réfute et envoie aux pelotes des textes trop sages. On le lit pour ses lueurs, ses « fusées » , ses provocations, on le picore et on y revient, ce que je fais de ce pas….

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Conversation autour de la notion de chef-d’œuvre

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 26 juillet 2014

Le livre est une succession de petits chapitres de quelques pages qui abordent le sujet par autant d’entrées différentes. Au passage, il cite abondamment des titres de livres qui lui paraissent être dignes de retenir l’attention de cette notion fluctuante qui varie avec le temps, estompant certaines œuvres et en mettant d’autres, temporairement oubliées, en valeur.

Bon. De tout cela il ressort que j’ai lu peu de chef-d’œuvres et qu’il va falloir que je m’y mette. Dommage que les livres qu’il cite soient éparpillés au fil des pages et ne fassent pas l’objet d’un récapitulatif.

Et pour la citation : « On distingue la catégorie supérieure de livres à ceci qu’ils ont, en fait, deux sujets réels. Le second sujet, plus enfoui que le premier, est toujours le même : le trait essentiel de la personnalité de l’auteur. [...] Il existe une catégorie encore supérieure de livres, et plus rare, celle qui traite encore plus profondément d’un autre sujet. Ce sujet essentiel reste lui aussi le même : l’art général de cette œuvre particulière.» (p. 80)

IF-0714-4250

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