Il avait plu tout le dimanche de Philippe Delerm

Il avait plu tout le dimanche de Philippe Delerm

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jules, le 26 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 288ème position).
Visites : 9 444  (depuis Novembre 2007)

Une petite vie très bien décrite

Un petit livre qui ne manque pas de charme. Arnold Spitzweg est né en Alsace et est venu vivre à Paris.
Il est des plus célibataires et ne tient absolument pas à quitter Paris. Ses jours de congé, il les passe à flâner dans la ville, et laisse ses collègues se colleter aux divers problèmes que représente un départ en vacances. Lui, tranquille, peinard, il ne bouge pas et adore lire des Maigret dans un bistro " Le Penalty ". Il fait les expositions et les musées, plus pour avoir vu que par passion. Il ne prend pas le métro mais le bus, ou va à pieds.
Toute sa vie est faite de petites choses, de petites manies. Et voilà qu’un jour, Monsieur Spitzweg, lassé de s'entendre dire qu’il ne va jamais nulle part, décide de faire un voyage !… Attention !. Pas n’importe lequel !. Devinez ?… Jamais vous n'y réussirez !. Il part à Ostende !… Il prend le train à la gare du Nord et le voilà parti à l'aventure !… Et nous aurons droit à Wendune, à Coxyde, à la prononciation de la langue flamande, à Jacques Brel et " Marieke ".
De retour à Paris, il découvre qu'en fait, il n'est parti que pour mieux retrouver le plaisir de Paris, du retour chez soi !…
Pour le reste, il va au football, se balade, fait son petit boulot et domine son magnétoscope d'un coup décidé de télécommande!. Il achètera même un portable, mais, n’ayant personne à appeler, au milieu de la place de la Concorde, il fera le numéro de la météo.
Ce petit roman nous fait baigner dans toute une ambiance : celle d'un homme très particulier, ni mauvais, ni bon. Un homme sans rêves, un peu en dehors de la vie et qui se contente de bien peu ! Bien écrit, vite lu, pas débordant de vie, mais pas sans intérêt… Comme Monsieur Spitsweg.

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Exquis!

9 étoiles

Critique de MEloVi (, Inscrite le 6 juillet 2011, 40 ans) - 20 octobre 2013

On oublie souvent les petites gens et leurs manies. Delerm remet ici les pendules à l'heure en mettant l'accent sur toutes les petites manies, traits de caractère, dérives, pensées qui traversent chaque être humain. L'ambiance qu'il crée est douce, mélancolique. Cette lecture est très plaisante et rassurante.

Belle lecture

7 étoiles

Critique de JaneEyre (, Inscrite le 24 mars 2012, 35 ans) - 24 mars 2012

Belle lecture, je ne suis pas déçue. On suit la simplicité de la vie de Monsieur Spitzweg avec poésie. Le quotidien d'Arnold est dépeint petit à petit au long d'une année, celui d'un Monsieur tout le monde, qui ne juge pas, qui fait tout pour passer inaperçu mais qui pourrait être chacun de nous. Il nous donne également envie de vivre ce Paris poétique, calme, romantique ni stressant ni précipité. Cette nouvelle nous rend tout de même quelque peu triste..., face aux petits plaisirs d'Arnold qui paraissent parfois fades, inachevés, trop simples.

La lecture de Patryck Froissart

10 étoiles

Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 77 ans) - 15 mars 2006

Titre : Il avait plu tout le dimanche
Auteur : Philippe Delerm
ISBN : 2070411559
Editeur : Mercure de France
Collection Folio

Voici un petit livre qui se lit vite avec beaucoup de plaisir.
Philippe Delerm sait écrire. Le portrait de Monsieur Spitzweg est une œuvre d’art, une peinture que le lecteur voit naître et s’affiner, se gauchir, s’élaborer, se peaufiner par petites touches successives. La technique, très particulière, est maîtrisée, efficace. Chaque « chapitre » apporte un détail nécessaire, un éclairage complémentaire, un trait nouveau, jamais superflu, une petite rondelle de vie, toujours signifiante.
Monsieur Spitzweg, dans son genre, est un personnage, ordinaire, certes, mais un personnage, bien fondu dans son environnement, dans son quartier, dans sa rue, dans son bureau.
C’est le type même du satisfait, du content de soi, de celui qui ne se pose pas de questions, ah, surtout pas.
Son petit roman d’amour avec Clémence Dufour, sa collègue postière, est un roman d’amour petit, d’où est absente toute trace de passion, et qui se termine sans dénouement, qui se défait sans rupture, qui finalement conforte les bonnes habitudes de célibataire que retrouve avec ronronnement notre héros.
Héros de quoi ? Héros de rien, justement.
Car tout est petit et terne dans la vie de Monsieur Spitzweg, mais d’une petitesse confortable, rassurante : les choses sont bien à leur place.
Même le voyage à Ostende n’est qu’un prétexte pour se dire, au retour : « Qu’on est bien chez soi ! ».
Alors, me demanderez-vous, quel plaisir peut-on ressentir à la lecture d’un roman sans romanesque, avec un héros qui n’a rien d’héroïque, et qui se situe dans le monde sans relief de la vie ordinaire ?
C’est là qu’intervient tout le talent de Philippe Delerm : ces petits textes, qui ne dépassent pas quatre pages, ne sont pas juxtaposés, mais enfilés, comme des perles, sur un fil d’or, chacune venant donner son lustre aux autres.
Ce petit livre, on s’en délecte, on s’en lèche les yeux. C’est un bonheur. A ne pas rater…
Patryck Froissart, le 15 mars 2006

délicieuse mélancolie...

9 étoiles

Critique de Isaline (Tours, Inscrite le 16 avril 2005, 44 ans) - 20 juin 2005

Philippe Delerm, comme à son habitude, nous décrit des petits moments de vie qui font monter en nous une vague de nostalgie, de mélancolie. La vie d'Arnold Spitweg n'est pas la nôtre et pourtant on a l'impression d'en faire partie. Chez d'autres auteurs, ce monsieur Spitweg, vieux garçon aux petites manies de célibataire endurci serait la figure emblématique du français moyen aux idées courtes... chez Delerm au contraire il est tout simplement lui-même et c'est en cela qu'il est extrêmement touchant. Monsieur Spitweg nous convie à une jolie promenade parisienne, poétique et émouvante.
"Monsieur Spitweg n'aime pas trop analyser, comprendre. Il préfère regarder. Après vingt heures, il y a beaucoup de monde encore dans le métro. Mais ceux qui sortent du travail le font tellement tard qu'ils ne sont même plus pressés de rentrer chez eux. Ils ont dans leur façon de s'asseoir sur les banquettes, une espèce de lassitude accueillante, de bienveillance désenchantée. Alors les paumés se rapprochent. Les ivrognes et les gratteurs de guitare ne se sentent plus différents. Des conversations s'ébauchent... [...] Entre huit heures dix et neuf heures moins le quart, c'est le métro du soir. Entre le stress de la journée, la solitude de plus tard, entre la course des branchés, les vociférations lugubres des perdus nocturnes, l'anonymat devient vivant et chaud. On ose parfois dire des choses qu'on a jamais dites à personne. Sur tout, surtout sur rien, la vie et puis tout ça... [...] Monsieur Spitweg prend le métro du soir pour aller nulle part".

Tendres manies

7 étoiles

Critique de Krystelle (Région Parisienne, Inscrite le 10 juin 2004, 44 ans) - 14 mars 2005

« Il avait plus tout le dimanche » relate quelques épisodes de la vie de Arnold Spitzweg… mais il aurait tout aussi bien pu s’agir de vous, de moi. Toutes les petites manies du quotidien sont contées avec beaucoup de tendresse et de poésie. Le regard posé par Delerm sur ce personnage au destin banal est juste et précis sans jugement ni raillerie superflue.

La Simplicité volontaire

10 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 7 mars 2005

On nous rappelle constamment que nous avons perdu le sens de la vie. On nous invite à mener des vies remplies de tout ce que nous pouvons. Quelle absurdité! On a oublié que le quotidien n’est pas ennuyeux pour celui qui a les yeux ouverts. Comme James Joyce dans Ulysse, Philippe Delerm souligne l’importance de la prétendue banalité. Notre vie est une épopée heureuse si l’espace que l’on habite s’intègre au paysage du moi.

Delerm a choisi un titre magnifique pour illustrer son propos, Rien de mieux qu’un petit dimanche pluvieux pour rencontrer son âme, car l’essentiel est invisible à l’œil nu. Son héros, Arnold Spitzweg, habite l’intemporel. Il a marié le temps qui ne passe pas. La seule décision de sa vie fut celle de vivre à Paris. Fidèle à son amante, il s’enrichit de cette union qui lui fait découvrir la vie de quartier, les conciergeries, les charcuteries, les jambons de Chatou et la douceur du soir en s’appuyant au parapet des ponts pour regarder filer les petits bateaux pas pressés. On se plaint sans arrêt que la vie est trépidante. Quand quelqu’un décide d’en briser le rythme, on le trouve souvent insignifiant. Le héros a choisi malgré tout de ne pas se laisser étourdir en adoptant un pas feutré pour savourer son existence. Ça ne l’empêche pas de jeter un regard ironique sur son monde ambiant pour être dans le ton du jour. Il ne s’emmure pas comme les héros de Réjean Ducharme. Ce n’est pas non plus un moine qui vit en retrait de la société. Ce qu’il cherche, ce n’est pas d’être tranquille, c’est de trouver le bonheur dans la simplicité pour ne pas participer à son anéantissement par une société qui encourage la multiplicité génitrice du burn out et du suicide.

Quand il quitte sa ville amante pour aller voir la coquine Ostende et la mer, c’est pour mieux renouer son idylle. Le héros ne vit pas en solitaire. Il vit en symbiose avec Paris dont il est un des pavés. Il est heureux du choix qu’il a fait il y a trente ans déjà. Il se laisse porter par cette décision qui lui rend la vie confortable. Il ne veut pas s’embarquer dans un monde qui le dépasse pour se retrouver finalement abandonné « sur la plage ». Il s’étonne que ses pairs se comportent de façon si peu rationnelle. Il a même de la compassion pour les émotifs prêts à s’étourdir pour se donner l’illusion de vivre. Par esprit de solidarité, il va parfois les mimer en allant en voyage. En fait, c’est pour mieux réaffirmer son idéal de vie.

Delerm a tracé le portrait de cet homme plein de bon sens opposé à la vacuité d’une société qui s’imagine que notre bonheur tient à la réalisation névrotique de tous les besoins que l’on nous crée. C’est avec une plume aussi sage que ses conseils, que l’auteur décrit finalement la course irraisonnable de notre existence. Ce roman n’a rien d’éclatant. C’est le calme plat du chef-d’œuvre qui indique la route du silence afin de mieux apprécier le don de la vie.

quel ennui!

1 étoiles

Critique de Echemane (Marseille, Inscrit le 12 juillet 2002, 45 ans) - 28 mars 2003

On se demande pourquoi la littérature francaise ne rayonne plus à l'étranger. Ne cherchez pas, c'est simplement parce qu'il semble que nos auteurs n'aient pas vraiment grand'chose à raconter. Une "merveilleuse" illustration avec ce livre de M. Delerm. Qu'y trouve-t-on à part une complaisance nombriliste sur les mille et une mesquineries et microévènements d'un personnage absolument antipathique? Quel intérêt d'un homme dont les seuls victoires sont de sauvegarder sa petite apparence, et dont les seules défaites sont de perdre la face. Fallait-il se donner le peu de peine que nécessita sans doute ce roman à son auteur (un peu plus de cent pages très étroites)? A bâtir sur du vide, la maison risque de s'écrouler...En attendant le lecteur se prend à rêver de l'arrivée de la nouvelle étoile des lettres francaises qui osera enfin porter un vrai regard sur le monde.
C'est ce que n'hésitent pas à faire les anglo-saxons. D'ailleurs je risque de m'y cantonner à forces de déceptions parmis les hexagonaux.

Entre Simenon et Monet

8 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 10 avril 2002

Un bon petit Delerm. Ce n'est pas un hasard si M. Spitzweg aime les Maigret. Il y a quelque chose de simenonien dans cette humble destinée. Un Simenon tout en douceur, comme dans "L'homme au petit chien" ou "Il y a encore des noisetiers". On retrouve dans la structure même du livre l'amour de Delerm pour les miniatures finement ciselées : chaque chapitre est une scène de la vie de M. Spitzweg qui peut pratiquement se lire séparément des autres. L'ensemble se dégage petit à petit par juxtaposition, comme dans la peinture impressionniste. Une technique à la Monet, en somme. Il est vrai que Beaumont-le-Roger, où vit Delerm, ce n'est pas loin de Giverny... que l'auteur de "La première gorgée de bière" a d'ailleurs décrit avec tendresse dans "Les chemins nous inventent".

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