Un bon polar de base...

Parfois, on attend très longtemps le fameux crime, celui pour lequel tous les lecteurs de polars sont là, celui qui va mobiliser nos esprits : qui a tué, comment le meurtre s’est-il produit, pourquoi l’assassin a-t-il commis son méfait, le coupable sera-t-il arrêté ?

Dans cet ouvrage, Le déjeuner interrompu de Julien Vartet, lauréat du quai des orfèvres de 1979, très rapidement on assiste au meurtre : Mareuil-Blondeau déjeune avec ses amis et il va s’écrouler en mangeant des champignons… Le déjeuner est interrompu, mais s’agit-il d’un meurtre, d’une intoxication, d’un accident ?

Après cette première partie très classique, on va avoir une belle originalité dans la tenue de ce roman policier. En effet, on ne va pas réellement suivre les premières heures de l’enquête car cette dernière va suivre son cours durant deux semaines avant d’être confié à un autre policier, l’inspecteur Levasseur. Cet inspecteur ne semble pas trop motivé, il rentre de vacances, il a même envie de quitter la police. Seulement voilà, celui qui était en charge de l’enquête, pourtant sensible car Mareuil-Blondeau est une véritable personnalité médiatique, vient d’être hospitalisé… Il faut le remplacer d’urgence, Levasseur est libre, ça tombe sur lui…

L’originalité, car il y en a bien une, c’est que nous allons nous retrouver dans une chambre d’hôpital pour avoir un résumé de deux semaines d’enquêtes, de résultats d’analyses, d’exposés des faits et des alibis… bref une enquête à l’immobile et c’est parfaitement exécuté. Levasseur va donc pouvoir passer, dans un deuxième temps, à l’action. Il faut vraiment trouver qui a tué Mareuil-Blondeau !

Je ne vais pas vous raconter maintenant les différents éléments de cette enquête, mais elle réserve au lecteur quelques surprises, elle est bien construite, crédible… et le tout enferme le lecteur dans une lecture dont il ne peut pas sortir. Il faut lire ces quelques deux cents vingt pages sans faire de pause, comme souvent les bons polars…

Comme tout ne repose pas sur du suspense, de l’émotion et des poussées d’adrénaline, on peut même reprendre, après une première lecture, quelques-uns des chapitres pour profiter de l’ambiance, de la psychologie de Levasseur, pour découvrir encore plus profondément chacun des convives de ce déjeuner interrompu. Deux personnels du restaurant, le maitre d’hôtel et quatre convives : une victime et un coupable, la murder party par excellence ! A vous de jouer maintenant…

Ce roman n’est certainement pas le meilleur que j’ai eu en main car il n’est pas réellement exceptionnel. Il est bon, tout simplement. Il tient le lecteur en haleine, pas assez simple pour livrer la solution à la moitié de la lecture, écrit correctement sans noyer le lecteur dans les détails techniques… Bref, un bon spécimen du genre.

Il présente de surcroît une particularité : en effet, ce roman écrit en 1978 le fut quand il n’y avait pas de téléphone portable, quand Internet n’existait pas, quand l’ADN ne représentait pas grand-chose pour les enquêteurs, quand les autopsies ne livraient que le minimum… Bref, c’était à un autre siècle, dans un autre temps, dans une autre galaxie presque… Pour le lecteur qui n’a pas connu ces temps antiques ou qui les a oubliés, c’est dépaysant, exotique, original, apaisant…

Mais comment pouvait-on vivre à cette époque ? Au moins une certitude, les motivations des assassins étaient les mêmes !

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  Le Déjeuner interrompu [Texte imprimé] Julien Vartet

  de Vartet, Julien
  Fayard
  ISBN : 9782213006529 ; 3,20 € ; 01/01/1978 ; 221 p. p. ; Poche

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