Macau de Antoine Volodine, Olivier Aubert (Dessin)

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 11 avril 2014 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Texte et Photos

Cet ouvrage a été réalisé à deux mains. Antoine Volodine : roman en entrée d’ouvrage. Olivier Aubert, une fois le roman (court comme de coutume avec Antoine Volodine) terminé, pour des photos, de Macau, illustrant forcément l’esprit du texte mais pas formellement l’illustrant.
Commençons par la partie photos : noir et blanc, parfois au grain « sale », plutôt dans une relative absence de lumière, correspondant ainsi dans l’esprit au texte d’Antoine Volodine, dont je ne saurais rien dire sur le « grain », mais sur la noirceur, si !
Pour ce qui concerne le texte d’Antoine Volodine, il donne à entrevoir ce que donnerait un roman écrit par lui dans des canons plus classiques que les traverses qu’il emprunte communément. Macau représente apparemment quelque chose d’important dans la vie d’Antoine Volodine – je n’en sais pas assez là-dessus hélas. Et le roman fait écho à une œuvre parmi les premières d’Antoine Volodine : « Le port intérieur » que, malheureusement je n’ai pas lu. Encore.
Il fait référence à une Gloria, connue et aimée antérieurement à Macau par notre héros (« Le port intérieur ») et morte. Mais, de toutes façons, c’est sa propre mort que met en scène Antoine Volodine dans un texte beaucoup moins abscons et d’anticipation de fin du monde (juste la fin de sa vie, cette fois-ci !) que d’habitude. Moins abscons, du coup la beauté du style saute davantage aux yeux.

« Quand le vieux eut allumé la lampe à pétrole, l’obscurité changea à peine, mais on eut l’impression que le bateau avait recommencé à se balancer. Dans la jonque d’à côté, des gens cuisinaient du poisson avec de l’ail et de la sauce soja. Remué par les mouvements du vieux, l’odeur puissante se renforça encore. Les ombres hésitaient sans cesse. Dès que le vieux se fut rassis à un mètre du minuscule cercle de lumière diffusée par la lampe, sa physionomie ravagée de pêcheur, ornée en guise de pilosité par trois mesquines torsades de filasse grise, s’évanouit.
…/…
Je savais bien ce qui m’attendait. Un homme viendrait, il tendrait au vieux une liasse de dollars, il s’accroupirait au milieu des cartons pourris et, à la limite de l’ombre et de la lumière, il passerait plusieurs minutes à ne rien faire de spécial. Il échangerait quelques phrases anodines avec Laura Kim, il m’adresserait deux ou trois regards détendus et même subtilement complices, cat il aurait la grandeur d’âme de vouloir endormir ma vigilance. Puis il me fracasserait le crâne et ressortirait rapidement du bateau, en compagnie de Laura Kim et en laissant le vieux se débrouiller avec mon cadavre. »

C’est l’heure qui précède sa mort, dans son attente, avec toutes ses remémorations qui constitue la chair de ce texte. Proximité géographique, même attente de la mort, c’est à « La condition humaine », d’André Malraux, que « Macau » m’a semblé apparenté.
C’est court et pas typiquement « Volodinien ». Mais pour qui est rebuté par les noirceurs mystiques « fin-du-mondesques » d’Antoine Volodine, « Macau » est une bonne porte d’accès. 97 pages qui se lisent bien vite.

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Les éditions

  • Macau [Texte imprimé] [texte de] Antoine Volodine [photographies de] Olivier Aubert
    de Volodine, Antoine Aubert, Olivier (Illustrateur)
    Seuil / Fiction & Cie
    ISBN : 9782020991230 ; 20,28 € ; 22/10/2009 ; 150 p. ; Broché
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