Les noces barbares de Yann Queffélec

Les noces barbares de Yann Queffélec

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Nothingman, le 18 août 2003 (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 20 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (369ème position).
Visites : 21 975  (depuis Novembre 2007)

Les larmes de Ludovic

Si vous espérez sourire à l'entame de ce roman, passez votre chemin! Rarement ai-je lu un roman aussi dur,aussi triste, sans la moindre issue positive,sans espérance. On ose pressentir la fin, on sait qu'elle sera noire et difficile. Et pourtant... Et pourtant on se laisse porter par les lignes fluides de l'auteur, telles les vagues de cet Océan Atlantique qu'il se plait à décrire. On continue à suivre les pérégrinations du petit Ludovic, ce petit être mal-aimé, en recherche constante et désespérée de tendresse.
Ludovic est un enfant du viol. Sa mère Nicole a été violée atrocement, dans sa prime adolescence, par trois soldats d'une caserne militaire toute proche.
Puis, peu après,est arrivé Ludovic, le fruit de ces noces barbares. Né sans l'amour maternel, rejeté par ses grands-parents,il sera enfermé, livré à lui-même dans un grenier jusqu'à ses sept ans. Il sera considéré comme la honte de cette famille simple et respectable d'un petit village du Bordelais.
Sa mère se remarie alors avec Micho, un garagiste généreux prêt à assumer la paternité de ce petit garçon laissé à l'abandon. Mais voilà, Nicole est incapable du moindre élan affectif envers Ludovic, qui lui rappelle immanquablement d'atroces souvenirs. De surcroît Ludovic n'est pas un garçon comme tout le monde. Il est un peu bizarre Ludo! Certains le croient fou, d'autres le disent seulement simplet! Bercé entre innocence et démence, on apprendra bien plus tard, selon des experts patentés plus prompts à diagnostiquer qu'à guérir, qu'il s'agissait d'une "dysfonctionnalité paranoïde". Toujours est-il que ce pauvre Ludovic, en plus de brimades fréquentes, est le souffre-douleur préféré du fils de Micho, l'infâme Tatav.Jusqu'au jour où Nicole, n'en pouvant plus de côtoyer ce désastre permanent, fruit involontaire de sa chair, décide de l'envoyer dans un centre pour débiles légers....
Pas l'ombre d'un espoir dans ce livre pourtant si beau. L'auteur ne prend parti pour aucun des personnages. Il raconte simplement une histoire, une histoire triste, la vie d'un petit enfant en manque de tendresse. Durant la lecture, on se pose la question de savoir si l'enfant est né avec cette pathologie ou bien si son état est dû à ce manque désastreux de tendresse. Un peu des deux certainement! Et puis la troisième partie: le retour à la mer, le retour à la mère! Histoire difficile, je vous avais prévenu!

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Amis de la tendresse, c'est pas la bonne adresse

9 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 14 juillet 2021

Je ne peux pas dire que je ne me doutais pas à quel point ce livre serait sombre...
Tellement sombre qu'en le lisant, j'avais limite l'impression qu'on avait éteint la lumière dans la pièce où je me trouvais, en fait.
Je m'attendais à un tel livre, un tel choc. Surtout que je connaissais l'histoire, ayant vu le film (sorti deux ans plus tard) qui, bien que parfois un peu différent, en est tout de même une bonne adaptation, surtout pour l'ambiance vraiment pas "fête du slibard avec Patoche en invité surprise".
L'histoire est bien résumée plus haut et plus bas, je ne vais pas m'y attarder. Elle est sordide. D'où est venue l'inspiration à Queffélec pour ce livre ? Fait divers, imaginaire total ? En tout cas, une histoire sordide, mais qui reste hélas de l'ordre du possible, la vie étant merveilleuse et nous offrant tous les jours de franches raisons de s'éclater.
Le personnage principal, Ludo, est inoubliable.
Le début et la fin du livre aussi.

Après un tel roman, difficile de lire un autre livre, du moins, un autre livre aussi "exigeant" (même si, paradoxalement, "Les Noces Barbares", pas très épais, se lit franchement facilement), aussi est-il conseillé de prendre un truc bien léger, genre "San-Antonio", "Le Petit Nicolas" ou "Harry Potter" pour se changer les idées. Enchaînez avec un autre roman aussi noir et vous aurez envie de vous trancher les veines avec un revolver dont vous auriez ouvert le gaz à fond.

comme un goût de vieille serpillière…

4 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 9 décembre 2017

L'histoire de Ludovic commence par un bal du quatorze juillet. Nicole, la fille du boulanger, y rencontre Will, un jeune soldat américain venu fêter avec ses copains son dernier jour en France. En 1966, notre pays s'est retiré du commandement intégré de l'OTAN, les camps américains doivent être rapidement évacués et les soldats rapatriés. La fête va se poursuivre au camp et, l'alcool aidant, va rapidement dégénérer. Nicole est sauvagement violée, et donnera naissance neuf mois plus tard à un garçon, l'enfant "de la honte", que personne, mère et grands-parents compris, n'acceptera. Pour en faire la mémoire vivante de la "faute" de leur fille, les grands-parents affublent Ludovic de la robe déchirée et ensanglantée de sa mère, qu'elle portait au moment du viol. Il va rester huit années ainsi, enfermé dans un grenier, sans la moindre manifestation d'amour maternel et sans le moindre apprentissage des codes de la vie en société. On aura vite fait de le cataloguer comme idiot, sans se préoccuper outre mesure du traitement inhumain qu'on lui a fait subir. Le reste de sa courte vie sera à l'encan, et l'auteur ne nous épargne rien de l'horreur de la condition humaine, qu'il s'agisse des victimes de la bêtise et de la méchanceté, tel Ludovic, ou des bourreaux qui vont s'acharner sur lui. L'enfance maltraitée est un thème qui a inspiré bien des écrivains, de Victor Hugo ("Les misérables"), à Jerzy Kosinski ("L'oiseau bariolé"), sans oublier Hervé Bazin avec son célèbre "Vipère au poing", mais ici se pose la question de la responsabilité de l'auteur par rapport à l'atrocité des personnages et des situations qu'il décrit. Faut-il en rire, tellement le monde dans lequel on est plongé semble irréel, ou bien en pleurer, tellement on se sent au cœur d'une réalité que l'on préfère habituellement ne pas voir ? J'avoue très franchement être incapable de porter un jugement sur ce roman, qui m'a dérouté comme m'avait dérouté une autre œuvre, ultérieure, de cet écrivain ("Noir animal" ou" La Menace"), portant cette fois sur le racisme. Je soupçonne l'auteur de n'avoir aucun message à nous délivrer face aux horreurs qu'il décrit avec, à mon avis, une certaine complaisance. J'en retire une sensation de dégoût, comme un goût de vieille serpillière, dont je ne parviens pas à me débarrasser…

Résilience à la cruauté humaine

9 étoiles

Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 36 ans) - 5 juin 2015

Ce livre attaque dur : le viol d'une jeune fille par des soldats américains dès le premier chapitre.
Puis une naissance qui en découle. Mais le traumatisme est toujours là. L'enfant de cette union, innocent, incarne ce traumatisme pour la mère. Mais lui n'y est pour rien, évidemment.

J'ai trouvé ce livre extraordinaire. L'histoire est très bien romancée, les personnages ainsi que leurs dialogues décrits avec justesse.
Pour moi, ce livre montre comment un être humain peut résister à la cruauté des autres, envers et contre tout.

Très beau livre, j'adore la scène à la fin sur l'épave.

La cruauté subie par un enfant!

7 étoiles

Critique de Kundalini (, Inscrite le 30 août 2013, 38 ans) - 3 février 2014

Les premières pages m'ont donné l'impression de regarder un film de série B. Le langage utilisé n'arrangeait en rien les choses. J'avais commencé à douter du choix du livre.
Mais au fil des pages quelque chose que je ne saurais expliquer m'accrochait. Sans doute l'image de cet enfant enfermé et détesté par tous, mais surtout la relation mère / fils.
Je continuais à lire, plaignant cet enfant mais ne réussissant pas à en vouloir à sa mère.
C'est un livre poignant qui permet de relativiser quant aux malheurs de la vie. Il mérite d'être lu jusqu'à la fin.

Mais de grâce ne lisez pas le résumé au verso du livre, il vous gâcherait toute l'histoire!

Dur

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 21 mai 2013

Je rejoins les nombreuses critiques qui vont dans ce sens : C'est effectivement une lecture douloureuse. D'autant plus que cette fiction a été une dure réalité en son époque et j'ose espérer que de telles abominations ne se passent plus maintenant et dans notre société. Comme quoi nos moeurs ont bénéficié d'incontestables progrès !
Ce texte de Queffélec ne laisse pas indifférent et la souffrance est communicative. Il se lit comme une longue rage de dent et la fin est presque un soulagement.
Primé par le Goncourt de 1985 qui donne là une juste récompense à l'auteur, ce roman est une épreuve d'une remarquable qualité littéraire.

Un livre coup de poing ! On finit sa lecture en état de choc

10 étoiles

Critique de Monde imaginaire (Bourg La Reine, Inscrite le 6 octobre 2011, 51 ans) - 18 novembre 2011

C’est vraiment un livre magnifique, poignant et dur ! On se prend une grosse claque. L’écriture de Yann Quéffelec est une petite merveille, elle m’a emportée loin, très loin.
Dès le début, on sent et on sait que quelque chose d’irrémédiable est en marche. L’histoire de cet amour impossible entre Ludovic et sa mère qui le rejette est vraiment terrible, barbare. La lecture des dernières pages m’a laissée pantelante, sous le choc …

La honte

10 étoiles

Critique de Parisrome (, Inscrite le 23 octobre 2010, 69 ans) - 5 novembre 2010

Ce livre est fondé sur la honte que porte une famille dont l'unique fille accouche d'un enfant à l'âge de 14 ans

Après guerre, un petit village près de Bordeaux, d'honnêtes gens sans histoires vont en vivre une qui les rendra fous.

La mère vit dans une espèce de désespoir sans issue qui la mènera à faire interner ce petit être rejeté.

Une histoire amère qui laisse en effet un goût étrange.

Une écriture dure et tendre à la fois, une émotion qui ne vous lâche pas.

Très beau livre !

Cruelle existence

9 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 23 octobre 2009

Ce roman m’a fait penser à celui de Mauriac « Le sagouin ». Un enfant non désiré et indésirable qui laisse les adultes désarmés, même ceux qui ont assez de cœur pour vouloir l’aider. La force du livre est de maintenir l’intensité et le malaise en limitant les scènes de violences. D’autres auraient été explicites pour illustrer la négligence et la maltraitance. L’auteur ici choisit principalement l’isolement et l’incompréhension comme source d’affliction.

Il n’est pas clair si Ludo est devenu bête en raison de son environnement où si il l’était à la naissance. Quoiqu’il en soit, l’histoire est déchirante, car le lecteur sait très bien, que dans la même situation, il aurait certainement été autant inapte à dévier le sort du pauvre Ludo.


(Prix Goncourt)

Désespoir

7 étoiles

Critique de Anna Rose (, Inscrite le 3 octobre 2006, 52 ans) - 24 août 2009

Je relis vingt ans plus tard "les noces barbares" dont le souvenir m'était douloureux. J'admire le style, la fluidité offerte au lecteur mais j'ai encore beaucoup de mal à adhérer à cette histoire désespérante. Les héros sont frustres, le malheur est fatalement leur seul guide. Je supporte mal l'histoire de cet enfant qui jamais ne trouve le répit. Nanette, Micho: aucun d'eux ne peut détruire le mur de malheur construit autour de cet enfant et entretenu patiemment par sa famille biologique. Certes sa naissance est tragique mais justifie-t-elle cet acharnement? Un livre à lire quant on a le coeur heureux.

un bon goncourt!!!!

10 étoiles

Critique de Pachni (, Inscrite le 4 mai 2008, 46 ans) - 7 juin 2008

j'ai du lire ce livre dans le cadre scolaire à l'age de 14 ans et je le redécouvre avec plus de profondeur. C'est magnifique un point c'est tout. L'écriture,la narration, l'histoire....
Et je me dis qu'à l'époque où je l'ai lu ça ne choquait personne que l'on fasse lire un tel livre à une classe de collège. Je pense qu'aujourd'hui, ça ferait un scandale.
Seulement ce type de livre m'a appris beaucoup de choses sur l'âme humaine, à faire la différence entre une victime et un coupable et que parfois les rôles sont interchangeables.
Aujourd'hui je pense que les lectures scolaires sont plus édulcorées et pourtant les adolescents semblent de plus en plus insensibles. Alors quoi?

Tragédie contemporaine

9 étoiles

Critique de Matthias1992 (, Inscrit le 27 août 2007, 32 ans) - 11 octobre 2007

Ludovic est le fruit d'un viol. C'est un enfant indésiré. Passant une partie de son enfance dans un grenier, haï par sa mère, méprisé par son entourage, puis considéré comme fou et étrange, l'enfant est envoyé dans l'équivalence d'un asile psychiatrique.
Avec beaucoup de force et de rigueur Queffélec nous décrit la vie abominable de ce malheureux Ludovic, à qui beaucoup attribuent la fonction de bouc émissaire. On remarquera l'insertion dans le roman de phrases plus ou moins maladroites qui nous font partager les pensées parfois confuses de Ludovic.

Sous l'effet du style excellent de Quéffelec, nous ne pourrons que louer et saluer cette tragédie contemporaine admirable d'émotion maîtrisée et de lucidité déconcertante.

Dans la même veine que Les noces Barbares

10 étoiles

Critique de Distraite (, Inscrite le 17 août 2007, 52 ans) - 25 août 2007

Je sais , j'aurai dû faire une nouvelle critique, vu que ce livre n'est pas encore sur le site, mais...les démarches me découragent!

Alors, voilà, ceux qui ont aimé Les noces (dont je fais partie) adoreront La femme sous l'horizon!

Que dire de ce roman magnifique, le résumé est difficile à faire sans divulguer une partie du mystère dont le roman est empreint. C'est un roman noir, pessimiste, glauque, on ne rigole pas...mais c'est un petit bijou, ça me fait penser à l'univers de Zola!Pas de bonheur possible pour l'héroïne, elle semble destinée au malheur.


trop barbare??

6 étoiles

Critique de Babsid (La Varenne St Hilaire, Inscrite le 8 mai 2006, 37 ans) - 3 juin 2006

Ce livre m'a laissé un goût étrange...
C'est assez dur à expliquer.

Le trouble de Nicole est compréhensible. Il en va de même pour l'obsession de sa mère.

On se laisse porter par le livre, vivant et souffrant avec Ludo.

Mais peut-être est-ce à cause de la focalisation interne, je ne sais toujours pas si Ludo est fou ou non.

snif.

8 étoiles

Critique de Elmejeco (, Inscrit le 5 juillet 2005, 36 ans) - 8 août 2005

Vraiment un livre qui se dévore, qui émeut et rend triste. Cette focalisation sur Ludo dans l'écriture m'a beaucoup sensibilisé. Un livre sombre, comme le navire de Ludo où il va errer, avant d'accompagner sa mère dans l'au delà...Une histoire poignante, et belle.

Pas de la guimauve.

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 24 janvier 2005

Un des romans lus cette année qui, à posteriori, m'a le plus marqué. Sans concessions aucunes, Yann QUEFFELEC va au plus noir du plus noir. La lecture secoue, et son souvenir reste vivace. C'était mon premier QUEFFELEC, je ne sais pas si ses autres oeuvres sont du même bois.

Celui qui avait

7 étoiles

Critique de Krystelle (Région Parisienne, Inscrite le 10 juin 2004, 44 ans) - 24 janvier 2005

On dit de Ludo qu'il a le singe... certes, il est un peu étrange mais comment aurait-il pu en être autrement? Enfant haï par sa famille, Ludo est perpétuellement rejeté et enfermé. Ses cauchemars le hantent et l'image maternelle revient comme un leitmotiv.
Les "Noces barbares" c'est donc l'histoire poignante de cet enfant cherchant désespérant la reconnaissance de celle qu'il n'ose appeler "Maman".
Si les premières pages sont marquées par une très grande violence, le reste du roman est empreint d'une profonde tristesse.

Oui, on ressent

8 étoiles

Critique de Bibliophi (, Inscrite le 3 janvier 2005, 53 ans) - 3 janvier 2005

Je l'ai lu il y assez longtemps et j'ai pratiquement tout oublié de l'histoire, mais pas de l'impression de lecture. Forte. Emue. Un bouquin que je relirai sûrement avec plaisir.

"barbare"

9 étoiles

Critique de Brice.m3 (MONTPELLIER, Inscrit le 20 juin 2004, 38 ans) - 3 janvier 2005

L'histoire touchante de Ludovic enfant non voulu, détesté de tous et caché qui fait la honte de sa famille...ou toute la cruauté humaine envers un innocent.

D'accord avec Nothingman

8 étoiles

Critique de Tophiv (Reignier (Fr), Inscrit le 13 juillet 2001, 49 ans) - 19 août 2003

Bientôt 15 ans que j'ai lu les noces barbares. Je ne m'en souvenais pas assez pour en faire ici la critique mais je confirme tout ce que Nothingman a écrit.
C'est un roman dur et triste dont j'ai gardé quelques images floues : Ludovic dans son grenier poussiéreux et Ludovic entrant dans l'océan ...

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