La Nausée de Jean-Paul Sartre
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un roman qui m'a réconciliée avec Sartre
Le tout premier roman de Jean-Paul Sartre m'a permis de renouer avec cet auteur que je n'avais, au premier abord, pas du tout apprécié. En effet, "Les mots" m'avaient laissé une mauvaise impression (voir la critique). Pourtant j'ai voulu retenter l'expérience avec cette fois-ci un roman. En l'occurrence j'ai choisi le plus populaire et celui qui m'aurait le plus apporté pour mes études.
Je n'ai pas été déçue bien au contraire... Même si le lire comme un simple roman est plus facile que lire entre les lignes...
L'histoire est celle d'un homme solitaire. Aujourd'hui, ce mois de janvier 1932 lorsqu'il commence son journal il est à Bouville à la recherche d'archives sur le marquis de Rollebon. Mais hier il était en Europe Centrale, en Afrique du Nord, en Extrême-Orient, toujours errant. Pourtant là, il semble s'être posé mais il continue toujours à errer : de bistrots en cafés, de la bibliothèque à son appartement.
Il apporte une vision très personnelle du monde tel qu'il le voit. Peut-être parce qu'il est seul, il perçoit les choses différemment. Il s'attarde sur chaque individu, sur chaque chose avec en tête chaque fois le même mot : "Existence". Et presque à chaque fois la Nausée le prend. Une nausée telle que personne n'a du ressentir un jour et pourtant à force de lire certains passages on a presque le sentiment de la ressentir cette nausée.
Petit passage que j'aimerais vous faire partager :
"J'appuyai mon front contre la vitre. Sur la mayonnaise d'un oeuf à la russe, je remarquai une goutte d'un rouge sombre : c'était du sang. Ce rouge sur ce jaune me soulevait le coeur. Brusquement, j'eus une vision : quelqu'un était tombé, la face en avant et saignait dans les plats. L'oeuf avait roulé dans le sang ; la rondelle de tomate qui le couronnait s'était détachée; elle était tombée à plat, rouge sur rouge. La mayonnaise avait un peu coulé : une mare de crème jaune qui divisait la rigole de sang en deux bras."
Heureusement le livre n'est pas tout le long comme ça. Il est intéressant à lire, cependant je suis persuadée de n'avoir pas totalement compris la portée philosophique de ce roman. Cependant, j'en garde quand même une bonne impression et il nous montre à quel point Sartre est un auteur aux multiples talents : essais, romans, philosophie, autobiographie....
Peut-être trouverez-vous votre bonheur....
Les éditions
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La Nausée [Texte imprimé] Jean-Paul Sartre
de Sartre, Jean-Paul
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070368051 ; 7,50 € ; 07/03/1972 ; 256 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (11)
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Ennui... jusqu'à la nausée
Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 11 décembre 2016
Le roman (à l'évidence en grande partie autobiographique) est un journal. Celui écrit par un homme que la vie ennuie, qui déteste son existence. Au travers des petites anecdotes de son quotidien, il entame, parfois, une réflexion philosophique, laquelle reste tout de même bien superficielle.
Que reste-t-il du livre ? De longues descriptions, désolantes de banalité. Un exemple, mais il y en aurait bien d'autres: « Il y a un rond de soleil sur la nappe en papier. Dans le rond, une mouche se traîne, engourdie, se chauffe et frotte ses pattes de devant l'une contre l’autre, je vais lui rendre le service de l’écraser. Elle ne voit pas surgir cet index géant dont les poils dorés brillent au soleil ».
Si Jean-Paul Sartre a voulu communiquer l'ennui de son personnage au lecteur, alors il a atteint son objectif...
Opportun
Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 26 octobre 2012
Sans compter un récit remarquable pour la multitude de vrais fuyards que ce livre comporte, il est aussi à noter qu'il y a présent dans La Nausée une certaine mélancolie jointe à cette étonnante réflexion sur les structures sociales, ce qui est avouons-le un vrai prodige dans le genre. Enfin, visiblement très humble, le philosophe ne souhaite rabaisser personne quant à lui, et ce à aucun moment. Et de surcroît sa vision de Paris, si elle est parfois un peu triste ainsi que ses aveux dans les bistrots, est unique autant sur la forme que sur le fond; en tout cas pas une seule fois franchouillarde.
Les Contemplations d'un homme qui vomit son existence.
Critique de R. Knight (, Inscrite le 18 janvier 2012, 29 ans) - 21 avril 2012
Cette phrase semble presque résumer la totalité de ce chef-d'oeuvre que nous a laissé Sartre.
Dans ce roman qui relate 'la vie' d'un homme errant et solitaire, la question que l'on se pose c'est : Qu'est-ce-que la Nausée ?
Je tirerai de cette lecture que la Nausée, c'est tout simplement l'existence, ou plutôt, l'humanité, celle qui débecte tant le narrateur :
"Et moi - veule, alangui, obscène, diligérant, ballottant de mornes pensées - moi aussi j'étais de trop. Heureusement je ne le sentais pas, je le comprenais surtout, mais j'étais mal à l'aise parce que j'avais peur de le sentir (encore à présent j'en ai peur - j'ai peur que ça ne me prenne par le derrière de ma tête et que ça ne me soulève comme une lame de fond). Je rêvais vaguement de me supprimer, pour anéantir au moins une de ces existences superflues, Mais ma mort même eut été de trop. De trop, mon cadavre, mon sang sur ces cailloux, entre ces plantes, au fond de la terre qui l'eût reçue et mes os, enfin, nettoyés, écorcés, propres et nets comme des dents eussent encore été de trop : j'étais de trop pour l'éternité."
C'est un grand torturé qui, tout au long du récit, nous décrit ses contemplations, nous décrit des situations toutes plus anodines les unes que les autres qui se révèlent pourvues d'une grande profondeur une fois passées sous le scanner de ce cerveau bouillonnant qui se prépare à mourir.
"Il y a connaissance de la conscience" dit-il d'ailleurs.
Peut-être souhaite-t-il simplement tester cette conscience endormie lorsqu'il s'ouvre la main à l'aide de son canif, ou encore lorsqu'il passe entre les maisons et qu'il 'sent' leur existence :
"La maison jaillit, elle existe; devant moi le long du mur je passe, le long du mur j'existe, devant le mur, un pas, le mur existe devant moi, une, deux, derrière moi, un doigt qui gratte dans ma culotte, gratte, gratte et tire le doigt de la petite maculé de boue, la boue sur mon doigt qui sortait du ruisseau boueux et retombe, doucement, doucement, mollissait, grattait moins fort que les doigts de la petite qu'on étranglait, ignoble individu, grattaient la boue, la terre moins fort, le doigt glisse doucement, tombe la tête la première et caresse roulé chaud contre ma cuisse; l'existence est une chute tombée, tombera pas, tombera, le doigt gratte à la lucarne, l'existence est une imperfection."
Le style de Sartre dans ce roman est tout simplement étonnant et déstabilisant. En effet, celui-ci semble d'une simplicité inédite, mais se révèle on-ne-peut plus travaillé et étrangement captivant.
Tout est parfaitement maîtrisé dans cet ouvrage : l'écriture, la réflexion, ainsi que la mentalité du personnage qu'on ne peut comprendre que lorsqu'on se l'applique à soi-même.
En conclusion : La Nausée est un roman d'une force splendide qui ne nous laisse pas indemne une fois qu'on en a achevé la lecture. Je le conseille à tous ceux qui se poseraient des questions purement existentielles. La vision de l'humanité n'est plus jamais la même après avoir lu La Nausée.
Laissez vous simplement porter par les récits de ce déroutant individu qui vous fera rapidement comprendre que "Faire quelque chose, c'est créer de l'existence - et il y a bien assez d'existence comme cela".
"Quand on vit, il n'arrive rien."
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 25 mars 2012
L'insaisissable, l'inexistant présent, jamais "vécu" mais fatalement revécu à postériori (en étant repensé ou relaté) donc déformé par le prisme des mots, des interprétations, d'un assemblage des instants qui n'est jamais neutre ("il faut choisir: vivre ou raconter"), l'hypocrite "amour" qu'on porte à son prochain, et par voie de conséquence la condamnation à exister sans vivre, tout ça est intelligemment réfléchi, et les dialogues avec l'Autodidacte (l'humaniste) assez profonds.
Mais là où le bât blesse, c'est que cette approche n'est que trop peu explorée, et noyée dans un récit plutôt ennuyeux.
Descriptions d'objets, déballage des recherches historiques sur lesquelles le narrateur travaille, succession d'actes du quotidien, il est clair que Sartre a cherché à ne surtout rien romancer en enjolivant par les mots le mortel ennui qui anime son personnage.
En cela c'est extrêmement cohérent avec le message dont ce dernier est le dépositaire et qu'il souhaite nous délivrer.
Oui mais voilà, c'est mortellement ennuyeux...
Si "quand il on vit, il n'arrive rien," quand on lit on aime qu'il arrive quelque chose....
Un essai philosophique sur le sens ( ou non-sens) de la vie aurait sans doute davantage suscité mon intérêt.
Incompris ?
Critique de Le Cerveau-Lent (, Inscrit le 4 avril 2010, 31 ans) - 8 avril 2010
Malgré quelques phrases jouissives, je n'y ai pas trouvé l'éclat ni la grandeur que je cherchais. Ai-je mal compris ce livre?.
Une relecture s'impose !.
Nausée de jeune fille en émoi
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 7 mars 2008
Je ne reviendrai pas sur l'aspect philosophique du livre, je crois que nous avons bien compris que l'existence précède la conscience et puis d'autres choses encore...
Mais je m'attarderai plus sur le côté romanesque de l'ouvrage qui nous montre un petit bourgeois pris de ce qu'il appelle des nausées alors que cela ressemble plus à des vapeurs de donzelles en émoi. Si vous voulez des vraies nausées allez jeter un oeil du côté de Genet et là vous aurez envie de gerber pour de vrai !
Décidément Sarte a bien vieilli si on le compare à nombre de grands romanciers en remontant même jusqu'à Diderot dans "La Religieuse". Ce roman n'est pas assez convaincant pour soutenir les théories philosophiques novatrices qu'il énonce ou alors c'est un parti pris et là ... ça m'échappe
Mon évaluation ne tient compte que de l'aspect romanesque.
Que c'était long...
Critique de Julieh (, Inscrite le 2 octobre 2006, 43 ans) - 3 octobre 2006
Par moment le livre est prenant, on ne voudrait pas que cela se termine, c'est envoutant pendant 60 pages c'est vraiment un bonheur de lire.
Mais le reste du livre est vraiment ennuyant. C'est long, je suis allée jusqu'au bout car je m'attendais à une fin surprenante pour être récompensé de l'effort de ma lecture, et bien même là j'ai été vraiment déçu.
Au Monde dont la raison d'exister n'existe pas et pourtant il est impossible qu'il n'existe pas
Critique de Valéry (, Inscrit le 7 janvier 2006, 38 ans) - 24 janvier 2006
La nausée ou la vie de Sartrte
Critique de Lucretia (, Inscrite le 26 novembre 2005, 38 ans) - 26 novembre 2005
Somme toute, il se peut que le lecteur abhorre totalement ce livre, ou qu'il l'adore au point d'y consacrer sa vie, et de poursuivre ses recherches sartriennes.
Je le recommande vraiment, et même si cela ne plaît pas forçons-nous, nous n'en sortons de toutes façons pas indemnes !
La nausée
Critique de Neithan (, Inscrit le 19 juin 2005, 37 ans) - 20 juin 2005
Antoine est angoissé... Mais ce n'est pas quelqu'un qui connait la peur ou l'anxiété, mais quelqu'un qui ressent l'angoisse du néant, l'angoisse de la liberté, devant la découverte du mot "existence".
C'est cette découverte qui provoque chez lui cette fameuse "nausée", mais ici l'angoisse nous rend conscient, conscient de notre mort par exemple, et nous permet ainsi de l'affronter...
Antoine découvre et comprend qu'il est libre, que tout est encore à faire, que rien n'est déterminé et qu'il ne tient qu'à lui de se construire... En atteste ce passage:
"Il y a des gens, je crois, qui ont compris ça. Seulement ils ont essayé de surmonter cette contingence, en inventant un être nécessaire et cause de soi. Or aucun être nécessaire ne peut expliquer l'existence : la contingence n'est pas un faux-semblant, une apparence qu'on peut dissiper ; c'est l'absolu, par conséquent la gratuité parfaite. Tout est gratuit, ce jardin, cette ville et moi-même. "
Sinon j'ai trouvé le roman en lui même plutôt bien écrit, malgré quelques passages long et des descriptions inutiles...
de grandes réflexions dans une histoire globalement ennuyeuse!
Critique de Bibou379 (, Inscrite le 26 mai 2005, 40 ans) - 27 mai 2005
Je le résumerais ainsi: un homme prend conscience du fait que la vie n'a pas de but réel, que l'on se crée sans cesse des objectifs pour cacher l'inutilité de notre existence; enfin que ceci apporte une liberté qui finalement attriste plus qu'autre chose. Donc pour conclure lorsqu'on arrive à un tel degré de réflexion c'est que l'on est bien seul. Après tout, les choses n'ont de sens que celui qu'on leur donne; et je suis profondément en désaccord avec cette vision là (vivre simplement n'est ce pas un but en soi?), car malgré tout cet homme est quelque peu grisé (une fois l'euphorie du moment passée pourquoi mépriser cette dernière)!! Malgré ces critiques totalement personnelles ce roman est parfaitement écrit et le portait qu'il dresse de l'humanisme est assez intéressant ( l'ironie déguisée j'adore!!!!). Attention certaines prises de conscience enlèvent à la vie un je ne sais quoi d'innocence et de bonheur et si je dois choisir entre la sage prise de conscience et l'innocente désinvolture je n'hésite pas une seconde! Je vais tenter "huis clos" peut être que cela m'inspirera davantage!!
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La nausée JP Sartre | 2 | Lucretia | 27 novembre 2005 @ 16:43 |