L’embrouillamini de Pierre Vavasseur

Commandé sur le net, une fois reçu le recueil qu’elle déception !... Les 100 romans n’ont rien de contemporains même si le titre peut le laisser croire. Ce n’est finalement qu’une suite de quatre siècles de littérature, une centaine chronologique du XVIIe siècle à nos jours classée bêtement comme un manuel scolaire moins intéressante que Wikipédia. Il y a vraiment tromperie sur la marchandise d’autant qu’on est induit en erreur par la rangée de livres en couverture qui commence par « Les bienveillantes » de Jonathan Littell, le prix Goncourt de 2006 pour se terminer par « Belle du seigneur » d’Albert Cohen, le chef d’œuvre de la littérature française de 1968. Il aurait été plus logique pour respecter le contenu de faire débuter cette rangée comme dans le recueil par « La princesse de Clèves » de Madame de La Fayette datant de 1678. Avec une quatrième de couverture aussi confuse on est bien loin du « désir de partage » vanté en préface.
La déconvenue n’est pas que dans la présentation. L’auteur Pierre Vavasseur qui pourtant est critique littéraire au « Parisien » et officie à « France Inter » enfile les perles. Il nous raconte qu’à onze ans il s’est senti devenir un homme en lisant « Ivanhoé » car le roman de Walter Scott lui apporté la virilité qui lui manquait ; que « Guerre et paix » s’avère « un monument du sol au plafond » car comme chacun sait dans une pièce on construit un monument ; que Zola avec « Nana » aurait été « un excellent peintre des fêtes cannoises et de Saint-Tropez » où évidemment on drague plein de nanas ; que l’antihéros de « A rebours » d’Huysmans est mieux que Frédéric Beigbeder car « il préserve ses secrets sous une coquille de tortue », peut-être une coquille d’escargot ou une coquille de crane d’œuf, car la tortue a plutôt une carapace même celle à nez de cochon ; que Jules Vallès écrit comme une « mitraillette » inventant ainsi la plume à mille coups la minute, une logique implacable surtout quand il est noté encore que son roman « L’enfant » se veut « un portrait en vingt-quatre images secondes », ce qui est encore cohérent pour un auteur du XIXe siècle. On reste également sans voix en apprenant que « Le blé en herbe » de Colette qui date de 1912 « cultive un cousinage avec l’atmosphère de « Bonjour Tristesse » de Françoise Sagan » datant lui de 1954, sans se poser la question que c’est peut-être le contraire. Que dire encore lorsque ce Vavasseur évoque Johnny Hallyday avec « On a tous quelques chose de Tennessee » pour introduire «Vienne au Crépuscule » sous entendant que l’idole des jeunes aurait la même esthétique que l’écrivain autrichien qu’est Schnitzler si pointu sur la responsabilité collective et l’antisémitisme au début du XXème siècle ? Mais le comble de l’embrouillamini de Vavasseur, c’est lorsqu’il nous raconte pour « La guerre des Boutons », le roman de Louis Pergaud écrit en 1912, que l’insulte « Couille-mole » du début du siècle dernier équivaut à celle « d’enculé » aujourd’hui. Bravo ! Vive la littérature selon Pierre Vavasseur.

Kävin’Ka

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  Le guide des 100 romans incontournables [Texte imprimé] Pierre Vavasseur

  de Vavasseur, Pierre
  Librio / Librio (Paris)
  ISBN : 9782290009901 ; 3,00 € ; 10/06/2008 ; 123 p. ; Poche

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