L'odeur du ciel de Henri Bonetti

L'odeur du ciel de Henri Bonetti

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Nathafi, le 5 mars 2014 (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 207ème position).
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La vie en plus


Ce thriller, présenté sous forme de quatre récits de façon gigogne, raconte l'histoire d'un peintre contemporain, Alexis Lioguine, artiste de renommée internationale, que l'on retrouve mort un matin, au pied de sa propriété, visiblement après une chute du balcon. Les éléments de l'enquête concluent à un suicide, pourtant des années après le doute plane toujours sur les raisons de la mort du peintre.

Ces quatre récits nous emmènent dans un premier temps à l'époque de la jeunesse d'Alexis, talonné par son ami de toujours, Anatole, dans les environs de Marseille. Les deux jeunes hommes ont la passion de la peinture et étudient aux Beaux-Arts. Pourtant Anatole se sent bientôt de trop dans l'histoire d'Alexis, il demeure près de son ami assez passivement, toujours présent, mais invisible aux yeux des autres. Après plusieurs tentatives infructueuses, Anatole décide de diriger son esprit créatif vers l'écriture, et s'éloigne d'Alexis, qui connaîtra enfin, au fil des ans, le succès et la notoriété.

Au cours de la deuxième partie nous nous rendons en Normandie, où la fille d'Anatole est professeur de français. Elle rencontre Jipé, un flic originaire du sud qui se morfond dans cette région hélas trop pluvieuse, mais qui, pourtant, reste à son poste malgré tout. Pointilleux, toujours soucieux de mener à bien ses enquêtes, il déplore la misère du monde qui l'entoure et qui ne l'épargne pas, au vu des affaires qu'il a à traiter.

Ensuite, nous découvrons Serge, fils du peintre, un être assez en retrait de la vie, oisif, rentier, qui n'a jamais paru brillant aux yeux de sa mère. Un personnage au demeurant assez antipathique, qui ne nomme jamais ce père dont il porte le nom mais dont il se serait bien passé.

Pour terminer, nous rencontrons Karim, agent privé, qui officie dans le milieu artistique. Souvent employé à la demande des assureurs d'oeuvres d'art, il a mis à profit ses études en histoire de l'art pour évoluer dans ce milieu. Il rencontre un jour CHU Teh-Chun, un peintre chinois qui vit depuis une trentaine d'années en France, ayant fui son pays. Ce peintre, grand admirateur de l'oeuvre d'Alexis, lui-même très côté, impressionne Karim, de par sa sérénité.

Tous ces personnages, et bien plus encore, vont nous faire découvrir des pans de la vie de Lioguine.

Ces quatre récits s'imbriquent, effectivement, les recoupements s'effectuent aisément. Leur noirceur offre une atmosphère étrange, l'ombre d'Alexis plane sur toutes les pages, égayées pourtant par le souvenir des oeuvres de ce peintre qui aimait la couleur, la sentait, la voyait même dans l'obscurité la plus profonde. Son mal-être, la recherche de la perfection, encore et toujours, la fausse modestie, le besoin de s'éloigner de ses proches pour créer, tout est bien caractéristique de nombreux artistes.

Henri Bonetti joue sur plusieurs tableaux pour mener cette intrigue et offre, par ce stratagème, les dizaines d'années supplémentaires que son peintre, Alexis Lioguine, aurait dû vivre.

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"Le grrrrrand peintre"

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 5 janvier 2017

La première nouvelle, "La terrasse" raconte l'histoire d'une amitié. Une amitié faite de fascination, domination, séduction, entre Alexis Lioguine et Anatole , le narrateur. Une histoire assez classique d'une relation qui perdure à travers les années jusqu'à la mort suspecte d'Alexis.
Un épisode que j'ai trouvé un peu long, ennuyée par les nombreuses digressions, les mensonges, perdue entre vérités, divagations, souvenirs. Envie d'arrêter là, mais la critique de Nathafi m'encourage à poursuivre.
Et j'ai bien fait. Car ce premier épisode est la genèse des suivants.

La deuxième nouvelle, "L'odeur du ciel",nous emmène à Rouen, auprès de Jipé Lefèbvre, un flic obnubilé par les suicides, et sa rencontre avec Michèle Verbruggen, professeure. Une rencontre complètement due au hasard, une relation qui s'ébauche, qui s'installe, jusqu'à ce que le flic prenne le pas sur l'amant, à la lecture du manuscrit du père de Michèle, qui raconte la mort d'un peintre célèbre, I V Cromelin.

Le troisième personnage sera Serge, le fils du "grrrrrrrand homme". Dans ses délires (?), on retrouvera les personnages précédents, Serge étant le filleul de l'ami de son père, et le parrain de son petit-fils.
Une nouvelle un peu déroutante, où le voile se lève tout doucement sur la vie et les actes de Serge ; victime collatérale du génie de son père et de la détermination rigide de sa mère.

Dans "La dernière aquarelle", Lioguine continue à faire parler de lui après le vol étrange de l'une d'entre elles, chez le grand peintre chinois chu Teh-Chun, fervent admirateur de Lioguine. Il fait appel à un enquêteur privé, Karim Kacem qui ira de surprise en surprise, dans son enquête soignée, remontant le fil, nous permettant de terminer le roman à l'endroit où nous l'avions commencé.

Quand on entame le second récit, l'envie est forte de relire le premier, pour mieux saisir l'origine de la succession des événements.
La construction est judicieuse et cette façon "d'emboîter" les histoires complètement originale.
Très impressionnant !

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