À l'angle du renard de Fabienne Juhel

À l'angle du renard de Fabienne Juhel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jfp, le 23 février 2014 (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 104ème position).
Visites : 2 601 

à la campagne

La musique adoucit les mœurs, dit-on. La campagne aussi. Voire ! Fabienne Juhel, à travers le récit-confession d’Antoine Le Rigoleur, un paysan bien dans sa terre, collante à souhait, va tenter de nous prouver le contraire. Dans ce roman breton, dont le charme tient en grande partie au maniement savant d’une langue mi-populaire mi-littéraire, hommes et renards entrent en osmose : ruse, instinct de prédateur, goût de la vie sauvage sont partagés par l’homme et l’animal. Beaucoup de secrets soigneusement enfouis, au sens propre comme au sens littéral, vont se dévoiler au cours du récit. Au fil des rencontres, celle de Juliette, la fillette des voisins récemment installés près de la ferme d’Antoine, celle de son frère Louis, alter ego d’un frère tôt disparu, le passé resurgit, et avec lui les instincts. Avec un talent de conteuse indéniable, Fabienne Juhel nous emmène à la campagne, par un jour de brume où les arbres et les humains ressemblent à des fantômes…

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La haine d'un môme, c'est quelque chose de terrible.

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 17 mars 2023

Un roman placé sous le signe du renard : la grande majorité des 33 chapitres comportent le nom de cet animal roux, rusé, impossible à apprivoiser et connoté négativement.
Le renard est ici comme l'ombre malsaine qui plane sur tout le roman , la métaphore du mal dans cette histoire familiale qui se déroule dans la Bretagne agricole en voie de transformation. « C'est plus pareil. Y a pas que le temps qui se détraque, y a la terre qu'on respecte plus. Des parcelles transformées en lotissements. Des puits qu'on bouche, les lavoirs aussi. Et puis les quotas imposés par des bureaucrates, le cul vissé à leur fauteuil en cuir ceux-là »

C'est ce que supporte mal le narrateur, célibataire aigri, qui rumine son amertume et ses souvenirs d'une enfance marquée par la violence qu'il a vue et reçue  « Parce que quand on est môme, on apprend à se taire et à écouter. Et à ronger son frein. La haine d'un môme, c'est quelque chose de terrible. Y a pas pire. Et je sais de quoi je parle. ». Cette rancune, cette cruauté , cette part obscure qu'il conservera en lui, il la reproduira plus tard …....
Et ce narrateur, c'est Arsène Lerigoleur, un personnage bien mal nommé : avec lui, on ne rigole pas, on subit .

Un roman du terroir ? S'il est fortement ancré dans la Bretagne agricole, encore marquée par ses traditions, ses codes culturels et religieux, il est loin d'idéaliser la vie qu'on y menait et qu'on y mène encore . C'est un roman régional mais qui transcende ce genre par la complexité du personnage d'Arsène .

Si Arsène incarne le mal, il a aussi des moments d'humanité. Il a des souvenirs émus de vacances heureuses chez sa grand-mère, il est attendri par la présence de son « feu follet »: une petite voisine de 6 ans . Lui qui a été toujours été « du côté de sa mère » pendant l'enfance, il lui rend fidèlement visite chaque dimanche à la maison de retraite. Il est aussi habité par le fantôme de François, un frère qu'il n'a pas connu mais auquel il s'adresse comme s'il était à ses côtés.

DU COTE DU RENARD : un roman troublant, oppressant, bien construit : une sorte de thriller familial .

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