En marge, mémoires de Jim Harrison

En marge, mémoires de Jim Harrison
( Off to the side : a memoir)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Jules, le 30 juillet 2003 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 305ème position).
Visites : 6 537  (depuis Novembre 2007)

De belles heures pour les amateurs !

Faire la critique de ce livre est loin d’être facile, tant il est dense. Jim Harrison se confie à nous et il a beaucoup de choses à nous dire !
Il ne s’agit évidemment pas d’un roman mais plutôt d'une confession, d'une mise au point sur image. L’auteur, en écrivant ces lignes, se cherche lui-même, tente de comprendre le pourquoi, la logique du cheminement pris par sa vie. L'image, c’est lui, bien sûr, mais aussi la nature, son entourage, ses passions, ses échecs, ses joies, l'évolution du monde qui l’entoure.
Il débute son livre en nous expliquant ses parents, son enfance, sa jeunesse. Deux drames terribles : la perte de son oeil gauche dans une bagarre d’enfants avec une petite fille puis, surtout, la mort brutale de son père et de sa sœur
dans un accident avec un camion. Et il était prévu qu’il aurait aussi été dans la voiture ! Ils étaient partis pour une belle journée de pêche à la truite.
Après avoir lu ce livre, vous connaîtrez Harrison et la pêche, ainsi que ses rapports avec la chasse, la nature, le sexe, l'alcool, la bonne bouffe, le bon vin, l’Amérique, la France et bien d’autres choses encore.
Mais ce qui traverse tout ce livre ce sont la toute puissance de la nature, son effet calmant et salvateur, les terribles tourments liés à ses tendances dépressives, les problèmes financiers qu'il rencontre et l'évolution de l’Amérique. L’auteur est hanté par le grand nombre de suicides parmi le groupe des écrivains ou poètes. Ses auteurs favoris ? Outre les grands écrivains américains et poètes du XIX e, il y a tout d’abord Rimbaud, Dostoïevski, Camus, Steinbeck et Faulkner.
Et puis, il y a les amis, les vrais, ceux qui comptent dans une vie, et là, c'est Jack Nicholson qui semble venir en tête avec Tom McGuane. Il décrit Nicholson comme un homme terriblement solide, stable, préservant à merveille sa vie privée, et d’une très grande générosité.
Viennent aussi les années alimentaires représentées par Hollywood qu’il déteste et il fera d’ailleurs tout pour l'abandonner au plus vite. Même s'il y connaîtra finalement beaucoup de monde et qu'il y rencontrera les plus grands comme Huston, Coppola, Orson Welles et bien d’autres.
Ce livre est riche de bien d’autres choses encore ! A lire absolument pour ceux qui apprécient l’oeuvre d’ Harrison. Mais aussi par ceux qui aiment avoir l’opinion sur la vie et le monde d'un homme qui n’est pas n’importe qui.
Très difficile de choisir une phrase intéressante à citer, tant il y en a. Aussi, la seule que je donnerai est une phrase qui représente au mieux l’esprit de ce livre et de l'auteur :
« Je ne me demande pas si j'ai accompli tout ce que j'avais prévu de faire. Ma vocation concernait la vie en général… »

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A part

8 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 22 février 2013

Ou l'on apprend certains faits de la vie du grand écrivain au style naturaliste (mais aussi à propos de la charité humaine, et tout simplement comment se comporter quand on souhaite être humaniste au moins une fois dans notre vie pour notre part) ou l'on sent également que la vie "continue" malgré tout sans que cela soit une raison pour stopper tous les flux de nos âmes même si la justice n'est pas de ce monde, et ce à l'aide d'une foultitude de détails précis au choix grandioses ou tragicomiques; Harrison est pieux dans sa croyance, il ne ment guère en général, et s'il tourne en rond parfois on sait qu'il peut toujours arriver pire, avec le fait avéré que l'humour est en fait indispensable... Bref l'espoir est le maître-mot de l'ouvrage et chaque lecteur d'entre nous décèlera un vrai philosophe pur et dur derrière cette autobio, et non, une fois n'est pas coutume, quelqu'un qui nous parle juste au loin de dedans l'intérieur d'un boudoir, ou alors l'exposition d'un défilé de clichés pour simples d'esprits juste très intelligents ainsi que très diplômés comme c'est bien souvent le cas. Plus gai que la vie d'un hôpital comme dit l'autre.

L'inconsolable vagabond

8 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans) - 23 août 2007

!
Ainsi se décrit Jim Harrison dans une page de ses mémoires. Inconsolable depuis la mort de son père ; vagabond depuis toujours, enfant différent qu’un accident prive d’un œil à l’age de sept ans, l’enfermant encore davantage dans cette différence. C’est ce vagabondage, quête de l’émerveillement et besoin de mouvement, qui va en quelque sorte le sauver de la dépression que la perte de son père fait insidieusement naître et renaître en lui. « En marge » comme tout écrivain qui est toujours « un passager clandestin. Caché et très en marge. »

Ces mémoires ne sont pas une autobiographie traditionnelle mais un patchwork de moments, d’obsessions, de rencontres, tout ce qui fait une vie dont la seule passion absolue aura été l’écriture. Un livre comme il en existe peu, où on peut entrer où l’on veut, en lire quelques pages, le refermer pour le rouvrir encore et découvrir une autre merveille qu’une première lecture trop négligente aurait oubliée. Bien de ces pages sont d’une très grande beauté mais aussi d’une justesse infinie et d’une délicatesse virile.
Je ne peux m’empêcher d’en extraire quelques lignes ;
« J’ai découvert que le vin m’attire pour les mêmes raisons qui ont fait de la chasse et de la pêche deux obsessions de toute une vie. Le plaisir est dans le chemin, la recherche d’une chose agréable. »
« Les prières de l’enfance…atténuent la peur et constituent un chemin verbal pour se sentir moins perdu. »
« Si les livres ne sont pas traités comme des objets bien-aimés au même titre que la page sportive du journal ou le poste de télévision, pourquoi diable un enfant désirerait-il lire ? »
« Mon éducation me prémunissait contre l’importance et la vanité qui est le revers indissociable de l’apitoiement sur soi. » Etc., etc., etc.…

Malheureusement je ne connais pas suffisamment la culture américaine et je ne peux apprécier certaines pages où Harrison évoque, souvent avec beaucoup de gentillesse ou de reconnaissance, des artistes qui ont traversé sa vie, ce qui rend certains passages un peu longs…mais je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même.

« En marge » est un livre merveilleux qui est en fait au cœur de la vie d’un grand seigneur, une leçon de vie avec tout ce qu’elle a d’authentique, de sincère, d’élégance. Et Jim Harrison est bien ce poète que Federico Garcia Lorca définissait comme « le pouls de la blessure qui sonde l’autre côté. »

Autobiographie

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 2 novembre 2004

Autobiographie du HARRISON chéri qui apporte beaucoup de clés de ses romans. De la misère, la dèche à la fortune, à défaut de la gloire dans son pays. Etonnante confession que celle ci, émaillée de centaines de citations ou d'aphorismes ou considérations qui mériteraient d'être rapportées. Au hasard :
-de RILKE (beaucoup cité par HARRISON)
"C'est au fond le seul courage qui soit exigé de nous : avoir le courage de regarder le plus étrange, le plus singulier et le plus inexplicable dans ce qui s'offre à nous. Le fait que, de ce point de vue, l'humanité se soit comportée avec lâcheté a causé un tort irréparable à la vie toute entière ; les expériences que nous qualifions de "visions", ce qu'on appelle le "monde des esprits", la mort, toutes ces choses qui nous sont si proches et que nous évitons quotidiennement ont été éliminées de la vie au point que les sens grâce auxquels nous pourrions les appréhender sont atrophiés. Sans parler de dieu."
Belle ouverture pour sortir de la rationalité, non?
Ou encore :
"... les habitués de la librairie Grolier ne l'estimaient pas particulièrement, car ils lui préféraient les poètes universitaires de la côte Est. Mes propres goûts me portaient davantage vers l'Ouest, vers James Wright, ..., et jusqu'à la Californie avec Robert Duncan ... A cette époque déjà, je commençais de comprendre que le goût se fonde souvent sur la xénophobie. Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais rencontré un autre écrivain à cette époque qui avait mis les pieds dans le Nord-Michigan."
Grande préoccupation de HARRISON que cet hypercentralisme américain qui place tout ce qui compte sur les côtes, et en fait la côte Est, BOSTON_N.Y.. Très atypique cet amour du Nord Michigan, son terroir, pour les américains. Serait-ce, notamment,ce qui fait son formidable succès en France, littéralement sa seconde patrie?
"C'est un peu comme les gens qui vous racontent toutes les mauvaises habitudes auxquelles ils ont renoncé. Ce qui compte, c'est ce qu'on fait, pas ce qu'on ne fait pas."¨Pas mal ça non plus.
On comprend mieux d'où sort toute cette humanité qui suinte de tous ses romans.Un personnage encore plus attachant quand on a fini "En marge".

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