Underground de Haruki Murakami
(Andāguraundo (アンダーグラウンド))
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Un Japon tel qu'on ne l'a jamais croisé
Haruki Murakami prend le contre-pied du traitement du drame, par la presse, du "gaz sarin" délesté dans le métro de Tokyo par la Secte Aum. Il décide d'entrer en contact avec ceux des survivants qui veulent bien parler (ils sont peu).
Et c'est le déroulé fascinant de M et Mme tout le monde, japonais anonymes, qui s'expriment, douloureusement, le plus souvent sans haine et qui explicitent ce qu'ils ont vécu et ressenti.
Un autre Japon, celui des sans voix : employés du métro, comptables, vendeurs, mécaniciens, employés de banque ou fonctionnaires, retraités, chacun a eu le malheur d'être là, au mauvais moment et se raconte....
L'auteur est écrivain et non journaliste, il a beaucoup travaillé autour de l'individu et du respect qui lui est dû, dans cette recherche.
Ce sont des récits poignants, courts, entrecoupés de moments où l'auteur met en scène ceux qui ont percé les poches de Sarin pour diffuser le produit mortel.
Les victimes, curieusement peu revendicatives, explicitent la sidération, parfois aussi analysent la société japonaise.
Un regard terrible est posé sur les suites de ce drame : emplois perdus (les conséquences de l'irradiation sont terribles) au contraire, employeurs d'une rare tolérance, familles déconstruites (le gaz a favorisé des comportements insupportables) angoisses multiples (difficultés à se rapproprier le quotidien et bien sûr, à reprendre le métro ou même à marcher entre deux stations) et douleurs qui subsistent : yeux affreusement détruits et/ou douloureux, maux de tête, cauchemars ...
L'intérêt premier pour moi, est d'entendre s'exprimer le Japonais Moyen : celui qu'aucun livre n'a relaté, celui qui constitue le fondement d'une société.
Et c'est une belle découverte : il (elle) se regarde et analyse, à travers de courtes relations (que l'auteur a synthétisées avec l'accord de chaque protagoniste) son expérience et le monde autour de lui.
Quelle richesse que ce recueil de témoignages ...Quelle découverte pour moi que je vous invite à partager !
Un ouvrage, non voyeuriste et au contraire ouvrant notre regard d'occidental.
Un livre à lire pour ceux qui s'intéressent à l'Orient et avant tout à l'être humain.
Les éditions
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Underground
de Murakami, Haruki Letellier, Dominique (Traducteur)
10-18
ISBN : 9782264062703 ; 9,10 € ; 06/02/2014 ; 542 p. ; Poche
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Underground de Haruki Murakami
Critique de Stareast (, Inscrit le 26 août 2017, 78 ans) - 13 mars 2021
Je l’ai acheté un peu par hasard et je suis dans l’ensemble assez amateur des romans de Murakami.
Ce livre ne peut se comparer à aucun de ses romans et il est assez étrange : ce n’est pas l’œuvre d’un journaliste par son approche totalement inédite et encore moins une œuvre littéraire. Le sous-titre d’ ‘’Underground’’ est : la Psyché de l’homme japonais et il nous donne une introduction sidérante sur la mentalité des japonais. Il relate les évènements relatifs (1994 ou 1995 ?) à un attentat au gaz ‘’sarin’’ perpétré dans le métro de Tokyo par une bande de fanatiques japonais ‘’anti-système’’ dirigée par un exalté (Asahara) qui avait fondé une secte (Aum). A l’époque Murakami était rentré au Japon peu de temps auparavant après avoir passé plusieurs années aux USA comme professeur dans une université américaine.
J’ai vécu sept ans au Japon et j’étais passé un quart d’heure avant l’attentat sur l’une des lignes de métro où a eu lieu l’un des attentats (Marunouchi line) à deux stations de ma destination.
Paradoxalement ce que j’ai préféré est la première partie du livre où Murakami relate les interviews des victimes ou des témoins et décortique les mécanismes personnels et sociaux de l’âme japonaise.
C’est saisissant : sens du devoir (même malades à crever les employés ne pensaient qu’à une chose : se rendre sans perdre de temps à leur travail), altruisme (les employés du métro ont été exemplaires risquant leur vie pour venir au secours des sinistrés), total manque d’initiative devant un phénomène imprévu (1 ou 2 heures après l’évènement aucune organisation des secours : les ‘’sauveteurs’’ spontanés et bénévoles étaient obligés d’arrêter les taxis pour emmener les sinistrés à l’hôpital. A l’époque il n’y avait l’équivalent de notre plan ‘’Orsec’’ (coordination des secours : protection civile/police/SAMU/pompiers etc…).
Une anecdote à ce sujet : à la même époque (1995 ou 1996) a eu lieu un terrible tremblement de terre à Kobé ; immeubles effondrés, voies de circulation et autoroutes détruits ; le premier ministre a appris la nouvelle en regardant la télévision chez lui le lundi matin. Le premier jour après la catastrophe, les habitants de Kobé ont été survolés par des hélicoptères ; ce n’était pas les secours mais des appareils affrétés par les chaines de télévision.
Par contre la seconde partie concernant les membres de la secte ‘’Aum’’ m’a nettement moins intéressé ; aucun haut responsable n’a d’ailleurs été interviewé. Le Guru de la secte a finalement été arrêté, jugé et condamné à mort (il a été exécuté il y a une quinzaine d’années ).
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