Mon journal de guerre 1914-18 sur le front d'Alsace de Marie-Claire Mengès

Mon journal de guerre 1914-18 sur le front d'Alsace de Marie-Claire Mengès

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par JulesRomans, le 8 février 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 7 étoiles
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Mon journal de civil entre 1914 et 1918 relativement loin du front d'Alsace

Voilà un document extrêmement intéressant car il permet de suivre la vie et les idées, d’une Mulhousienne francophile, durant tout le temps de la Grande Guerre. La narratrice tient son journal durant toute la durée de la guerre.

Les illustrations sont nombreuses et sont le reflet de la propagande française à laquelle la narratrice ne pouvait avoir que très parcimonieusement accès. Cet ouvrage a donc un intérêt supplémentaire, à savoir mettre en valeur en pleine page parfois ou en demi-page (donc permettant une très bonne visibilité) des dessins d’O’Galop (celui qui a dessiné en 1898 le personnage de Bibendum pour les pneus Michelin), Steilen, Forain, Hansi, Hermann-Paul. On a également des reproductions photographiques d’époque prises majoritairement par des Français, et divers documents valorisant l’action de ces derniers. Des clichés de notre époque, de traces du passé comme celui des tranchées du Hartmanswillerkopf (près de Thann) permettent d’inviter celui qui se rend dans le massif des Vosges a prêter attention au contenu du paysage (l’auteur n’en parle pas ici, mais on trouve des bornes de l’ancienne frontière).

Si l’on peut se réjouir d’une double-page avec une carte panoramique (avec l’est en bas et l’ouest en haut) montrant magnifiquement les monts vosgiens disputés, celle-ci s’avère très notoirement insuffisante pour quelqu’un qui ne connaît la région. Il manque une carte géographique orienté au nord, avec l’ensemble de l’Alsace et du futur Territoire de Belfort, sur laquelle on aurait indiqué l’avancée maximum des troupes françaises début août (Mulhouse et Colmar prises seront vite évacuées) et le front tel qu’il se stabilise après pour 4 ans. Seraient alors bien mis en évidence la centaine de communes du cette petite région artificielle de l’Alsace reconquise, puisque couvrant une partie des Vosges alsaciennes et un morceau de la plaine du Sundgau. C’est donc une bande d’une dizaine de kilomètres de large et d’une trentaine de kilomètres de long longeant l‘ancienne frontière qui est occupée par l’armée française.

Pour ce qui est de la vie quotidienne les annotations de la narratrice sont fort intéressantes. Par rapport aux informations ayant un rapport direct ou indirect avec la guerre, Marie-Claire Mengès tâche d’avoir du recul mais il est évident qu’elle manque d’indices pour trier ce qui tient de la rumeur spontanée ou savamment distillée (par les deux côtés, n’oublions pas que par la Suisse fort proche les gens du bureau de Réchésy, dont fait partie Hansi, agissent). Son patriotisme français l’emmène par exemple à minimiser les bombardements sur Belfort en février 1916, alors qu’ils sont très violents et destinés à faire diversion par rapport à l’attaque massive sur Verdun qu’elle n’apprend que 10 jours après avoir appris l’attaque en direction de la cité du lion.

La note 14 de la page 136, à ce sujet, est d’ailleurs très significative de l'imprécision des connaissances historiques du petit-fils de la narratrice qui commente l’ouvrage. Alors qu’il appuie son information (totalement fausse) sur le fait que son grand-oncle a travaillé dans les usines Peugeot, il situe ces dernières à Belfort. Selon lui l’objectif est de détruire les usines qui fabriquent des chars en attaquant Belfort. Déjà les chars en février 1916, il faudrait pas qu’il "charrie" trop mais en plus qu’on soit alsaciens ou de l’intérieur, Peugeot à Belfort c’est plutôt étonnant. Par acquis de conscience, nous avons vérifié, les chars (d’ailleurs Renault) furent montés à Beaulieu-Mandeure dans le Doubs. Voir à ce sujet http://montbeliard.fr/fileadmin/Fichiers/…

D’autres affirmations de la narratrice sont pas ou mal commentées. De plus les digressions sur ce qu’a vécu une autre partie de sa famille dans la région de Lille n’ont aucune place dans les notes, car Marie-Claire Mengès semble devoir connaître ces gens bien après la guerre.

Il faut bien savoir que si un noyau dur, composé principalement de bourgeois du sud de l’Alsace, continue à avoir les sentiments francophiles de la narratrice, cette fraction de la population est très minoritaire. Ignorer ses sentiments serait une erreur, mais en faire une opinion majoritaire serait se tromper lourdement. "Cette histoire qui a fait l'Alsace, tome 11: l'Alsace dans le Reich" de Marie-Thérèse Fischer est une BD dot la lecture permettra d'entrer plus aisément dans le contenu du journal de Marie-Claire Mengès.

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