Yeruldelgger de Ian Manook
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Les Experts à Oulan-Bator
Un polar mongol ! Yes ! Faites vos valises, on est partis !
Yeruldelgger de Ian Manook.
Dès la couverture ça sent bon les steppes orientales.
Yeruldelgger Kahltar Guichyguinnken est le nom de notre nouveau héros. Et ça veut dire en VO, Cadeau d’abondance de la famille de la chienne au visage sale.
Un nom récupéré depuis peu …
[…] Trois générations avaient vécu sans nom de famille. Le régime d’avant les avait abolis pour casser l’organisation clanique de la société. Avant le “régime d’avant”, les familles tenaient leur nom du clan auquel elles appartenaient dans chaque province. […] Tout cela, le régime d’avant l’avait interdit au même titre que l’alphabet mongol ou le chamanisme.
Ian Manook, c’est plus prosaïque, doit-on dévoiler le mystère ? c’est le pseudo de Patrick Manoukian, un journaliste bien de chez nous mais très globe-trotter et qui est donc allé trotter pour nous jusqu’en Mongolie.
Nous voici partis pour Oulan-Bator et les steppes derrière le commissaire Yeruldelgger.
Et, pour notre plus grand plaisir, Ian Manook qui sait ce que voyager veut dire, ne lésine pas sur le folklore local et la tradition nomade.
Yeruldelgger est un excellent enquêteur mais aussi un sacré personnage. Un flic coincé entre les séquelles de l’occupation soviétique et la corruption venue avec les nouveaux envahisseurs de Chine ou de Corée. Un homme brisé aussi, qui a perdu femme et enfant il y a quelques années dans des conditions un peu troubles.
Un flic comme on les aime !
Au fil de la chevauchée dans les steppes mongoles, les différentes intrigues vont s’entremêler : le cadavre de la petite fille enterrée avec son vélo, le trouble passé du commissaire, les magouilles et la corruption qui poussent comme du chiendent dans le sillage des quads coréens et des 4x4 chinois. Il sera même question de “terres rares” : après les oligarques russes, voici les conglomérats chinois et coréens. Triste Mongolie.
Tout irait donc pour le mieux dans les plus beaux paysages et on a cru pendant plusieurs chapitres au véritable coup de cœur.
Las, Patrick Manoukian veut trop bien faire et accumule les maladresses.
Pour faire moderne (?) ou pour nous convaincre que les nomades sont branchés, l’auteur nous inonde d’iphone, ipad et autres igoogooleries. Ben voyons.
Et puis non content d’en faire des kilos au rayon folklore local (au point de convoquer les moines de Shaolin !) et il en fait des tonnes au rayon polar. Plus américain tu meurs. À tel point que certains chapitres hyper-violents sont bien trop complaisants envers les sévices infligés aux jeunes femmes : on retrouve là des relents nauséabonds de Millenium. On n’aime pas du tout, du tout, cette tendance douteuse et dangereuse qui demande à être parfaitement maîtrisée, ce qui est loin d’être le cas chez Stieg Larsson comme chez Ian Manook.
Manoukian s’applique d’ailleurs soigneusement à imiter un peu tout le monde : commissaire à la Nesbo, fantômes à la Indridason, nazillons à la Mankell, légiste à la Patricia Cornwell, far-east à la Craig Johnson et j’en passe. Mais cette accumulation facile, commerciale et maladroite de clichés (et de violences gratuites) finit par nous gâcher le plaisir du voyage.
La fin nous laisserait bien entrevoir une suite mais Ian Manook semble avoir déjà voulu dans cette première livraison, nous fourguer tout, absolument tout son savoir-faire du polar ethnique.
Affolé par les grands espaces des steppes ou les perspectives du succès, Patrick Manoukian aura voulu courir trop de lièvres à la fois et s'est perdu en route.
Il reste que malgré ses descriptions terrifiantes d’Oulan-Bator, Manoukian le voyageur sait nous donner une envie irrésistible d’aller chercher des os de dinosaures dans les Flammings Cliffs ou d’aller chevaucher dans le Parc du Kenthii. De quoi nous faire regretter encore un peu plus d’avoir traversé ce pays en transmongolien sans nous y arrêter (c’était en 2006) !
Finalement, on aura préféré le petit polar moins ambitieux de Sarah Dars qui malgré son titre à la con (Des myrtilles dans la yourte !) nous avait déjà donné une plus belle occasion de rêver sur les traces de Gengis Khan dans les steppes mongoles.
Les éditions
-
Yeruldelgger [Texte imprimé], roman Ian Manook
de Manook, Ian
Albin Michel
ISBN : 9782226251947 ; 22,00 € ; 02/10/2013 ; 400 p. ; Broché -
Yeruldelgger [Texte imprimé], roman Ian Manook avant-propos inédit de l'auteur
de Manook, Ian
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253163886 ; 8,90 € ; 02/01/2015 ; 648 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (8)
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...de nommer les chapitres avec la dernière phrase de leur contenu !
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 19 juin 2023
C'est bien écrit, malgré des dialogues pas très réussis et parfois même qui sonnent franchement faux. Mais l'écriture est solide, prenante, on a du mal à lâcher le bouquin, qui, de plus, est totalement dépaysant : ce n'est pas tous les jours qu'on lit un polar se passant en Mongolie, avec des personnages locaux. Le seul thriller se passant (en partie) là-bas que je puisse citer, c'est "Le Concile de Pierre" de Grangé.
Ian Manook, il est vrai, essaie un peu trop fort de sonner ricain et hard-boiled, ça frôle parfois la caricature. Mais ça reste un bon moment de lecture pour amateurs du genre (attention, c'est parfois un peu rude).
Et pour finir, je ne peux m'empêcher de parler d'une des originalités du roman,originalité que je trouve, pour ma part, des plus incompréhensibles, surtout que le risque de spoiler le contenu est parfois très fort : celle de nommer les chapitres avec la dernière phrase de leur contenu !
Un héros en acier ne peut être brisé
Critique de Kostog (, Inscrit le 31 juillet 2018, 52 ans) - 10 août 2020
Les personnages sont attachants. Les héroïnes féminines sont vives et parties intégrantes de l'action, ce qui n'est pas sans rappeler le regretté Pierre Bottero. Tous les personnages positifs sont un peu idéalisés, mais pourquoi pas? On regrettera simplement que les méchants soient aussi superficiels et si peu creusés. Le récit se lit très facilement et l'action aux ressorts multiples s'enchaîne sans un temps d'arrêt.
Le reproche principal que l'on peut faire au récit de Ian Manook, c'est que la diversité des thèmes traités rend leur assemblage très peu plausible, or le genre polar, à moins que l'auteur ne donne des indications comme quoi il se situe dans un autre type littéraire, exige une certaine logique : entre les nazillons mongols qui ne rêvent que d'Adolphe et de Gengis Khan, les motards, dont le penchant à l'ivrognerie n'a d'égal que l'appétit pour violer de jeunes policières aguichantes, la criminalité économique, la corruption des chefs et des sous-chefs de la police, une fille déjantée et droguée (personnage le moins réussi) et enfin un beau-père qui est le grand satan incarné ne reculant devant aucun crime, même les plus odieux et les plus invraisemblables, l'auteur doit faire le grand écart pour rassembler dans un même récit des intérêts et des profils psychologiques qui auraient bien peu de chances de se rencontrer dans la vie réelle.
Il le fait en multipliant les "dei ex machina" que le lecteur veut bien accorder au détour d'une scène essentielle, mais que la littérature policière, liée à une certaine vraisemblance de la situation, tolère difficilement. Ces impossibilités et ces facilités de narration donnent ainsi l'impression de se retrouver dans un roman pour adolescents et feront plutôt sourire ou lasseront selon chacun. Je suis personnellement beaucoup plus indulgent pour les pouvoirs quasi surnaturels de notre inspecteur liés au mysticisme et au bouddhisme tibétain, que je juge plus en accord avec la couleur locale que pour cette succession de rebondissements totalement improbables.
Vous l'aurez compris, nous sommes loin des grands noms du polar, mais Manook peut concourir sans crainte contre les derniers Jo Nesbø à la mode.
Enquêtes mongoles
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 20 novembre 2018
Alors que trois cadavres terriblement mutilés viennent d’être découverts, il est appelé à plusieurs heures de route de la capitale par des nomades qui ont déterré le cadavre décomposé d’une petite fille.
Découverte très douloureuse pour Yerudelgger, car sa petite fille a été assassinée quelques années plus tôt.
Épaulé par sa collègue Oyun et par Solongo, son amie médecin légiste, il aura à affronter sa hiérarchie, un homme d’affaires tout puissant, tout en essayant de renouer avec Saraa, sa fille aînée.
Son entêtement lui permettra de relier ces deux affaires et d’autres beaucoup plus personnelles et douloureuses envers et contre presque tous.
Une très belle découverte que ce roman policier qui me rappelle un peu Mallock.
Original, intelligent, on y découvre un pays peu connu, la Mongolie, avec la force de ses traditions, ses paysages, sa culture, son combat pour maintenir une indépendance...
Malgré quelques scènes difficiles, c’est un roman passionnant, dépaysant où les enquêtes se résolvent avec l’aide de chamans, et de pouvoirs que l’on peut qualifier de surnaturels.
Merci Tistou de m’avoir fait connaître cet auteur !
Polar mongol made in France
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 17 mars 2018
Yeruldelgger est un commissaire mongol, dans la capitale de cette Mongolie dont il va être question, Oulan – Bator (oui, il n’y a pas que la steppe et des yourtes en Mongolie apparemment !).
L’homme a été passablement cabossé par la vie puisqu’on apprend très vite que Kushi, sa petite fille a été assassinée, qu’il n’a pu résoudre l’affaire et que sa femme est maintenant perdue pour lui. Il végète, survit donc dans son emploi de commissaire, affligé d’un supérieur, « Mickey », corrompu jusqu’aux yeux dans des affaires avec les Chinois et les Coréens qui investissent dans le pays pour faire main basse sur tout ce qui rapporte (et notamment dans le sous-sol)(et malheureusement le fait n’est pas patent qu’en Mongolie, petite digression !). Heureusement il est bien entouré, en tant que flic et en tant qu’homme, par Oyun, sa jeune adjointe, et Solango, la légiste (une légiste à la Kay Scarpetta chez Patricia Cornwell).
Il y a des moments d’anthologie dans ce roman, je pense en particulier au démarrage ; la découverte par Yeruldelgger auprès de nomades, dans la steppe, d’un tricycle rose enterré, un tricycle rose, oui, mais avec une main de petite fille en sus. Et un mystère, un !
Et puis voilà qu’à Oulan – Bator même, ce sont les cadavres de trois Chinois qui ont été manifestement torturés puis massacrés qui sont retrouvés. Et pour faire bon poids, des prostituées locales, massacrées elles aussi.
Mais voilà, Yeruldelgger n’a pas les coudées franches. Il y a le fameux « Mickey » au-dessus de lui qui fait tout pour le mettre sur la touche …
Bon, il y a bien un peu aussi un passage un peu … onirique, tendance « moines de Shaolin », capables de tout en dépit de toute vraisemblance mais nous, Occidentaux, aimons bien accorder des pouvoirs « spéciaux » aux Orientaux. Je ne suis pas sûr que ce soit le plus judicieux, là …
N’empêche, la connaissance de Ian Manook pour la réalité actuelle de la Mongolie, les misères du bas peuple à Oulan – Bator, l’absence de scrupules des vautours chinois ou coréens prêts à tout pour s’enrichir, l’ambiance particulière de ce monde finissant qu’est celui des nomades de la steppe, semble avérée et nous ouvre une fenêtre sur ces confins méconnus. Et l’intrigue, comme l’histoire humaine, tient la route. Ca fait de « Yeruldelgger » un polar hautement recommandable.
Un dépaysement vraiment intréressant
Critique de Daoud (LYON, Inscrit le 8 février 2011, 49 ans) - 8 août 2016
J'ai bien voyagé avec l'auteur qui sait communiquer son amour de la Mongolie.
L'intrigue quant à elle, est plutôt bonne même si elle n'est pas exceptionnelle d'inventivité et les personnages sont attachants. En revanche, certaines séquences sont un peu tirées par les cheveux.
Bref, un bon livre à lire pendant les vacances
Dépaysement total
Critique de Cameleona (Bruxelles, Inscrite le 19 février 2001, - ans) - 26 juillet 2015
On découvre une Mongolie fascinante à travers les enquêtes du commissaire Yeruldelgger, un « dur » au cœur tendre juste comme on les aime, avec une belle galerie de personnages secondaires plus attachants les uns que les autres (enfin, du côté des « gentils »).
L’intrigue est fournie, ça bouge sans cesse, on aime et on s’indigne, en tout cas impossible de rester indifférent au fil de ces pages très, très bien torchées !
Pour la petite histoire, « Yeruldelgger » a remporté le prix SNCF du Polar 2014 et le Prix Quais du Polar 2014…
On en veut plus, et je me jette tout de suite sur « Les temps sauvages », le deuxième roman de Ian Manook.
Y sont pas tendres en Mongolie !
Critique de Pierraf (Paimpol, Inscrit le 14 août 2012, 67 ans) - 24 mai 2015
J'ai aimé le lieu de l'action, la description du pays, découvrir les mœurs et coutumes. Et puis ce Yeruldegger, quel homme! rien ne l'arrête. Et à moment c'en est trop, c'est plus un homme; c'est superman! et ça devient un peu loufoque, voire grotesque.
A voir le deuxième opus ?
Bon policier
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 27 septembre 2014
C’est un bon roman policier, quoique assez trash par moments, composé d’un cocktail intéressant : des meurtres atroces, des « méchants », des flics ripoux, une bande de nazillons et par-dessus tout un dépaysement total.
C’est ce dernier point principalement qui m’a poussée à choisir ce livre : les paysages de Mongolie sont à couper le souffle, la steppe, les yourtes, les traditions chamanes, le thé fumant au beurre salé, l’esprit protecteur des moines, des noms exotiques ayant tous une signification (Aigle Bleu, Cœur D’Acier)… TOUTE leur culture est riche et mérite d’être découverte. J’ai passé un bon moment, même si je l’ai trouvé un peu long
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