Quand tu fais à moitié ta vulgarisation, on retient d’abord la frustration

Voici un livre très intéressant qui en offre à la fois plus et moins que l’on en attend. Faire un livre sur les chansons de la Première Guerre mondiale, sans mettre les partitions ou renvoyer à des airs connus, relève presque du crime de guerre surtout lorsque Pascal Wion est présenté comme "collectionneur, musicien et auteur-compositeur". Certes aujourd’hui il y a internet pour retrouver la mélodie de quelques-uns mais certainement pas du plus grand nombre. Ceux qui ont déjà de Marc Robine " Anthologie de la chanson française", un ouvrage de plus de 900 pages hésiteront avec raison sur l’achat de cet ouvrage car ils ont déjà les textes et une rapide présentation des grands tubes de la Grande Guerre.

Quand en plus, je n’ai pas vérifié pour toutes, mais pour certaines comme "La Madelon" l’historien en ouvrant le livre s’aperçoit qu’il en connaît bien plus que l’auteur de cet ouvrage, sur une des chansons phares, on se dit que ce livre présente quelques inconvénients supplémentaires. Rappelons à propos de "La Madelon" que le parolier dont l’ouvrage ne dit pas un mot (si ce n’est que de le citer dans l’index)

« avait contracté un engagement volontaire en 1889 au 3ème Régiment de Zouaves à Batna (Algérie). Chaque soir, avec les camarades, il allait au café. La servante était jolie, avenante, cordiale à souhait. Elle riait avec tous. Sa bonne humeur réconfortait tous les exilés de métropole. C’est en pensant à elle qu’il écrivit (en 1913) "Quand Madelon". Cette jolie servante avait pour nom Madeleine Martin et était la fille des propriétaires du café. ».

http://le.7rch.org/spip.php?article21

Par ailleurs Sioul, que Pascal Wion ne connaît ni de l'air ni des cordes vocales, était chansonnier dans le civil et il avait eu l’occasion de l’entendre chanté par Bach) du 17e d’artillerie. Cantonné en août 1914 à l'école Jules Ferry de Fontenay-sous-Bois (à l’est de Paris), il chante "La Madelon" pour distraire ses camarades. Ceux-ci l'apprennent et la chantent à leur tour.

http://fontenay-sous-bois.fr/cadre-de-vie/…

Sur "La Chanson de Craonne", on notera que dans l’index le créateur est donné comme Paul Vaillant-Couturier, ce qui évidemment n’est pas le cas. Pour en savoir plus que n’en dit le livre sur cette célèbre chanson, on se reportera à

http://crid1418.org/espace_pedagogique/documents/…

http://chemindesdames.fr/photos_ftp/contenus/…

http://chemindesdames.fr/photos_ftp/contenus/…

Le plus du livre c’est que le très joli et complet panorama de la chanson patriotique qu’il nous offre de 1871 à 1921 (?). Dans les dernières pages, une des chansons autour du soldat inconnu est présentée, rappelons que la première cérémonie qui le concerne date du 11 novembre 1920. On a aussi là, toujours sans précision de date, les chansons postérieures à la fin du conflit que sont "On a besoin de rire" et "La Madelon de la Victoire". L’illustration occupe environ un cinquième de l’ouvrage, cela est un point très positif.

Ce livre est actuellement ce qu’il y a de mieux sur le sujet et on peut se réjouir qu’il mette en lumière environ 200 chansons dont les deux-tiers ont un rapport direct avec la Grande Guerre.

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  14-18, la victoire en chantant, histoire de la Grande Guerre au travers des chansons

  de Wion, Pascal
  Imago
  ISBN : 9782849526743 ; 11,68 € ; 20/11/2013 ; 308 p. ; Broché

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