Un bonheur de rencontre de Ian McEwan
( The comfort of strangers)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Cauchemardesque
Voici un livre dont on a l’impression qu’il dort d’un sommeil profond jusqu’à la page 147 et qui brusquement s'éveille en plein cauchemar pour ne plus jamais le quitter.
On ferme l’ouvrage en étant assommé par l'horreur des dernières scènes, un goût de sang à la bouche, interloqué, se demandant comment l'auteur nous a insidieusement mené à un tel sentiment de malaise.
Au début, McEwan décrit, au travers de leur mois de vacances à Venise, le couple que forment Colin et Mary, un couple, ma foi, assez quelconque. « Cela avait cessé d'être une grande passion. Ses plaisirs résidaient dans une amitié dépourvue d'urgence, dans la familiarité de ses rites et de ses processus, dans la sûreté et la précision avec lesquelles les membres et le corps s'adaptaient les uns aux autres, confortablement, comme un moulage retournant au moule. »
Ils ne se parlent plus beaucoup, sauf pour de petites mesquineries et autres conflits sans importance.
Un soir, affamés, alors qu'ils sont perdus dans le labyrinthe des ruelles (pour ceux qui connaissent Venise, c'est tout à fait vraisemblable, cette ville résiste à n’importe quel plan), un homme se propose de les guider.
Ils passeront la soirée avec ce Robert qui leur impose la narration de quelques épisodes majeurs de son enfance.
Lorsqu'ils se quittent, Colin et Mary se perdent à nouveau et sont obligés de passer la nuit dans la rue.
Au petit matin, voilà que la route de Robert recroise la leur.
Se sentant responsable de leur mésaventure, Robert insiste pour les emmener se reposer chez lui.
Ce qu'ils font, dociles à la manipulation commençante.
Je ne vous décris pas cette journée chez Robert et sa femme, Caroline, tout est une question d’ambiance et de surcroît, je détesterais vous enlever toute surprise.
Toutefois, voici une des répliques de Robert, à tomber par terre ! « Quoi qu'elles disent croire, les femmes aiment l’agressivité, la force, la puissance des hommes.
C'est enraciné en elles.
Voyez comme les hommes qui réussissent attirent les femmes !
Si ce n'était pas vrai, les femmes protesteraient contre les guerres, toutes les guerres.
Au lieu de quoi, que voyons-nous ?
Elles adorent envoyer les hommes se battre.
Les pacifistes, les objecteurs de conscience sont surtout des hommes.
Et les femmes adorent être dominées, dirigées par les hommes, même quand cela les conduit à se mépriser, se haïr.
Elles se mentent à elles-mêmes.
Elles parlent de liberté, mais elles rêvent de captivité. »
Ce qui est à noter, c'est la force de la réaction de Colin et Mary, les quatre jours qui suivront.
Ils ne quitteront la chambre que pour manger à l’hôtel même ou pour aller boire un café sur la terrasse en face de leur balcon.
Ils font l'amour non-stop, se caressent, s'émerveillent de ressentir à nouveau la passion du début, se parlent et s’écoutent, dans un profond accord.
Le jour suivant, ils le passent à la plage.
Au retour, leurs pas les guident chez Robert et Caroline.
Ils vont se jeter dans la gueule du loup, agneaux consentants qui réaliseront trop tard que leurs vies sont en danger.
Finale très puissante, donc.
Dommage que le début descriptif de la relation Colin-Mary soit trop long, trop plat.
Les éditions
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Un bonheur de rencontre [Texte imprimé] Ian McEwan trad. de l'anglais par Jean-Pierre Carasso
de McEwan, Ian Carasso, Jean-Pierre (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070421619 ; 6,30 € ; 19/06/2003 ; 217 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Pas crédible et soporifique
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 21 mai 2010
Étrangement, ce n’est pas les attitudes de Robert et Caroline que j’ai trouvé le plus bizarre, mais celles de Mary et Colin. C’est un livre dans lequel j’ai eu beaucoup de difficulté à entrer à cause des réactions des deux principaux personnages que je n’ai trouvées ni naturelles, ni convaincantes. Je veux dire, je mets quelqu’un au défi de trouver qu’il réagirait de cette façon. Aussi, il y a des longueurs, l’intensité est mal répartie et il y a beaucoup de répétitions. Je n’ai pas embarqué.
J’ai visionné le film juste après ma lecture. Une adaptation avec des acteurs que j’adore (Christopher Walken, Rupert Everett, Helen Mirren et la récemment défunte Natasha Richardson), si ce n’est pas un film mémorable, reste que je l’ai préféré au roman, peut-être à cause des images de Venise, l’ambiance, les acteurs, les modifications du réalisateur... en tout cas, c’est 100 fois mieux !
amour fustigé
Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 9 mars 2006
Jusqu'où peut-on accepter la dérive des sentiments ? Tout comme Cohen, dans la Belle du Seigneur, la mort est elle l'ultime étape de la passion charnelle ?
Un récit inquiétant, nous conduisant dans les méandres d'une ville symbole, tortueusement calme où la solitude s'abreuve de foule compacte.
Erwan a le don de juxtaposer les belles architectures (corps et âmes mêlés) aux sentiments infâmes, vils et pervers.
Beauté ? Lubricité ? Volupté ?
Ce drame reste un moment de littérature empli de zones d'ombre pour qui ne connait que la simplicité naïve d'un amour tranquille.
j'ai du mal
Critique de Luna57 (moselle, Inscrite le 8 juillet 2005, 45 ans) - 26 juillet 2005
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