A l'est d'Eden de John Steinbeck
(East of Eden)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 21 avis)
Cote pondérée : (41ème position).
Visites : 27 871 (depuis Novembre 2007)
Fichue pomme!...
Ah!.
Le bien et le mal.
Problématique universelle.
Steinbeck glisse subtilement cette idée dans son roman : " If a story is not about the hearer he will not listen. And I here make a rule – a great and lasting story is about everyone or it will not last".
Le succès de « A l'est d'Eden » s’explique peut-être par là : nous nous reconnaissons dans tel trait de caractère, dans telle sensibilité car l’auteur dépasse la dichotomie évidente qui sépare le bien et le mal et décline toutes leurs nuances. Ceci dit, certains personnages sont extrêmement caricaturaux, donnant à l'excès dans le bien ou … dans le mal.
Bien qu'Adam Trask soit le personnage central (au sens où le livre s’ouvre avec sa naissance et se clôture avec sa mort), on peut considérer que cette brique (de 778 pages en anglais dans l'édition que je possède) couvre trois générations.
Steinbeck et son imagination prolixe excellent quand il s’agit d'observer finement ses personnages, qu'il soit question du père d’Adam, d’Adam lui-même, de ses proches ou encore de ses enfants. L'enfance d'Adam se débat entre Cyrus, un père qui impose à ses fils des exercices militaires quotidiens, la seconde femme de celui-ci, complètement effacée, et son demi-frère cadet, athlète né. Nous voilà déjà au cœur d'un réseau complexe de relations dont les quatre protagonistes souffriront.
Charles, bien que plus jeune d’un an, protège son frère comme il l’aurait fait avec une soeur, mais ne supporte pas les rares moments où Adam lui est supérieur.
Cyrus envoie Adam à l’armée. Celui-ci n'en a aucune envie, mais c'est une chose entendue. Charles, lui, ne doit pas y aller. Face à la frustration d'Adam, Cyrus finit par s'expliquer : « You're not clever.
You don't know what you want.
You have no proper fierceness.
You let other people walk over you.î
Puis il vient à l’essentiel : "I love you better.
I always have. (…) Else why would I have given myself the trouble of hurting you?".
Et Adam part à l'armée. Au retour, il vit avec Charles, dans la ferme qu’il a quittée depuis dix ans. Leur père, promu, a déménagé. Un jour, ils trouvent, écroulée sur le pas de leur porte, une jeune femme en lambeaux, battue à mort mais toujours vivante.
Le lecteur connaît déjà ce personnage diabolique qui a tué père et mère, mais je ne peux pas tout résumer… Bref, elle séduit Adam qui l'épouse. La manipulation de Cathy a commencé : « She was afraid.
She needed protection and money.
Adam could give her both.
And she could control him & she knew that.
She did not want to be married, but for the time being, it was a refuge ».
Le soir-même de ses noces, alors qu'elle se refuse à son mari car elle souffre encore de ses blessures, et après l’avoir endormi avec un somnifère, elle s’offre à Charles qui lui ouvre grand son lit… Diabolique, diabolique.
Adam réalise son rêve d’habiter sur la côte ouest des Etats-Unis. Grâce à la fortune léguée par son père à sa mort, il achète une ferme du côté de Salinas (ville où a vécu Steinbeck). Il veut faire de cet endroit un petit bijou pour sa femme enceinte dont il est raide-dingue-bleu. A cet effet, il rencontre Samuel Hamilton, le plus beau personnage du livre selon moi. Il passe son temps à inventer des tas d’engins ingénieux mais il ne réussit jamais à gagner de l'argent.
Sa ferme est mal située : pas d’eau dans le sol, malgré les nombreux puits creusés par Samuel.
Par contre, quelle richesse en sagesse. C'est l'homme que l'on voudrait tous comme père, comme frère, comme ami, comme mari ou comme fils.
Adam lui confie : « I mean to make a garden of my land. Remember my name is Adam. So far, I've had no Eden, let alone been driven out.» « I’m going to make a garden so good, so beautiful, that it will be a proper place for her to live and a fitting place for her light to shine on.» Et le clin d’oeil : « I won’t plant apples. That would be looking for accidents ».
Cathy accouche de jumeaux. Deux semaines après, elle veut partir. Adam tente de la raisonner en parlant des bébés. Elle lui répond : « Throw them in one of your wells ».
Trois fois diabolique. Il l’enferme à clé dans sa chambre. Elle adoucit sa voix, Adam ouvre la porte . et se fait tirer dessus… (quatre fois diabolique…) Elle s'enfuit et deviendra … prostituée… (Et de cinq.) Adam traverse une longue période d'hébétude.
Il déambule toute la journée durant, le regard perdu dans le vide et ne s’occupe de rien.
Fort heureusement, Lee veille au grain. Lee a été engagé comme cuisinier dès l'installation d’Adam et de Cathy. C'est lui qui élèvera les jumeaux. A l'âge d'un an, Adam ne leur a toujours pas donné de prénom. Lee et Samuel vont secouer rudement Adam qui sort enfin de sa torpeur. Caïn et Abel leur passent par la tête, mais ils opteront pour Aaron et Caleb.
Il y a encore plein de choses à dire, mais je suis déjà beaucoup trop longue… Le livre est divisé en quatre parties dont les trois premières sont excellentes. La quatrième un peu moins, c'est ce qui explique que je ne mette pas cinq étoiles. Il reste que cette œuvre est prodigieuse car avec un langage très simple (vous l'aurez remarqué dans les citations), Steinbeck plonge dans la complexité de nos instincts, nos vertus et nos vices.
Pour terminer : « In uncertainty, I am certain that underneath their topmost layers of frailty men want to be good and want to be loved. Indeed, most of their vices are attempted short cuts to love ».
Les éditions
-
A l'est d'Eden
de Steinbeck, John
le Livre de poche
ISBN : 9782253005971 ; 8,70 € ; 01/06/1974 ; 631 p. ; Poche -
East Of Eden de John Steinbeck
de Steinbeck, John
Penguin books
ISBN : 9780140049978 ; 174,49 € ; 01/01/1979 ; 778 p. ; Paperback
Les livres liés
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Les critiques éclairs (20)
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Des immigrés irlandais en pleine Sécession
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 17 septembre 2019
Livre d'ambiance
Critique de Tetef (Tarare, Inscrit le 24 février 2013, 51 ans) - 28 mai 2015
en attendant James Dean
Critique de ClaireF (, Inscrite le 9 août 2010, 41 ans) - 8 mai 2015
Allez, je vais voir le film!
Talmesh
Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 28 décembre 2014
La notion du bien et du mal , du poids d'où que l'on vient servira de trame à ce texte de plus de 600 pages.
Les personnages secondaires sont particulièrement bien traités Samuel un immigré Irlandais , philosophe à ses heures et inventeur touche à tout ainsi que le cuisinier Lee , fidèle parmi les fidèles ont la part belle.
Quand on cite "A l'est d’Éden" on pense plutôt au chef-d’œuvre d'Elia Kazan avec James Dean MAIS il faut absolument découvrir ce livre encore plus précis et poignant.
Brûlures
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 12 octobre 2014
Le père pousse Adam à s'engager dans l'armée, à Charles il confie la tâche de s'occuper de la ferme familiale. Après dix années à combattre les Indiens dans l'Ouest, Adam retrouve son frère. Entretemps le père est mort, leur laissant un héritage conséquent, plus besoin pour eux de travailler. Ils décident de ne rien décider, et tentent de coexister. Mais les tensions sont chaque jour plus vives, et l'arrivée impromptue d'une jeune femme couvertes d'ecchymoses fait tout basculer.
Entiché de cette jeune inconnue, Adam entreprend de partir en Californie pour y bâtir son petit coin de paradis. Il ignore qu'il emporte dans ses bagages une bête sournoise.
La Californie est une contrée où tous les rêves semblent être possibles, c'est ce qu'a cru en son temps la famille Hamilton lorsqu'elle s'est installée sur une parcelle aride, mais la foi et la bonne humeur contagieuse de Samuel Hamilton leur ont permis de surmonter les épreuves. Samuel est un homme habile tant avec ses mains qu'avec les mots, homme du don sans retour, il sait comment apporter le réconfort autour de lui. Les chemins d'Adam et de Samuel vont se croiser sous le soleil Californien.
Adam met en œuvre son projet d'une grande exploitation agricole, pendant que sa femme Cathy maugrée, assise sur le perron de la bâtisse tant rêvée par son idiot de mari, là elle fomente son évasion dès qu'elle aura expulsé l'intrus qui assaille ses entrailles. L'heure venue, Samuel (sage-femme réputée dans toute la contrée) va délivrer la bête non pas d'un mais de deux énergumènes. Cathy rejette ses enfants. Arraisonné par un coup de revolver, Adam reste cloué au sol, c'est son honorable domestique, Lee, qui prend en charge l'éducation des jumeaux, Aaron et Caleb. Après plusieurs années de léthargie, Adam décide de quitter la ferme pour aller s'installer à Salinas où une certaine Kate tient une maison de mauvaise vie.
Adam est un homme affable et mélancolique qui a bien du mal à surmonter toutes les épreuves que lui ont fait subir son père, son frère et pour finir sa diablesse de femme. Elle sait parfaitement ce qu'elle désire, mais pour cela il lui faut agir dans l'ombre jusqu'à ce que son heure arrive. Samuel Hamilton est un individu jovial, honnête et qui a un très aigu sens de l'amitié. Entre deux accouchements, il met au point des innovations techniques qui ne lui ont jamais permis de s'enrichir, mais c'est surtout dans la confiance et la sincérité qu'il entretient avec ses voisins qu'il puise sa force et sa joie de vivre malgré les difficultés pour subsister sur une terre aride. Lee est un personnage important dans ce récit, parlant le pidgin et portant la natte traditionnelle, il est l'image même du parfait chinois à laquelle les anglo-saxons sont profondément attachés (une image qu'il cultive afin de se protéger du mépris de certains blancs). Mais en fait c'est un homme très instruit, magnanime et pétri de sagesse, avec beaucoup de patience et d'attention, il s'efforce de préserver du chaos Adam et ses deux fils.
John Steinbeck possède une force de narration puissante et profonde, il sait comment rendre cette saga familiale passionnante du début jusqu'à la fin. Comme dans la plupart de ses romans, il entreprend un immense travail d'écriture qui lui permet de posséder ses personnages corps et âme, il distille le jus des émotions les plus intenses enfouies dans le dédale des pensées où se mêlent le beau et le terrifiant.
Une magnifique fresque
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 20 juillet 2014
Steinbeck, on le comprend avec cette réflexion, n'est pas homme à catégoriser ses personnages selon le Bien et le Mal, il cherche plutôt à nous amener à penser aux intentions profondément enfouies au sein de ces hommes et de ces femmes qui peuvent mal agir, mais ne sont pour autant pas mauvais au sens manichéen du terme. L'auteur parle d'ailleurs des "monstres" comme de gens anormaux, au sens premier du terme, c'est à dire des personnes évoluant hors des normes et trouvant la normalité monstrueuse.
C'est l'un des points qui donnent toute sa force au récit, finalement secondaire, en tout cas apparaissant presque en filigrane derrière le propos du romancier en état de grâce.
Tant de pages laissent sans voix ! La discussion entre Adam et son père au sujet de l'armée, l'enfance de Cathy, les dialogues entre Samuel, Lee et Adam ou encore les monologues intérieurs du jeune Caleb ; à ces moments précis la grâce semble s'être posé sur la plume de l'auteur.
La fresque se déroule sous nos yeux, les générations se suivent, se ressemblent, mais ont tout de même chacune leurs tourments et jamais la lassitude ne s'invite, même si la deuxième partie s'étire peut-être un peu trop, à peine plus que nécessaire. Entre analogie biblique, histoire américaine et critique sociale, le roman navigue avec aisance et fait se succéder ses personnages tous plus intéressants les uns que les autres.
L’œuvre est foisonnante, initiatique et tout simplement culte. Encore plus pénétrante et réussie que Les Raisins de la colère, du même auteur.
A l'est d'eden 3 étoiles ET PLUS
Critique de Kolagol (, Inscrit le 8 juillet 2012, 80 ans) - 9 juillet 2012
À l'est de l'Eden
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 44 ans) - 5 avril 2012
Pour moi, Steinbeck me prouve avec ce roman qu'il est le meilleur auteur américain. Il m'a énormément fait réfléchir sur les liens familiaux et m'a même aidé à comprendre certaines choses par rapport à ma propre famille.
L'âme humaine passée au crible
Critique de Bebmadrid (Palma de Mallorca, Inscrit le 29 novembre 2007, 45 ans) - 13 mars 2012
Steinbeck va au plus profond de l'âme humaine dans cette sublime histoire où l'on s'attache rapidement à des personnages d'une force étonnante. Les grands moments se succèdent, la tension est palpable à tous moments sans que Steinbeck ne cède à la facilité ou au voyeurisme. Par exemple, lorsque la petite Cathy se retrouve avec ses deux petits voisins dans la cabane. Intense et pudique à la fois.
En résumé, une de ces lectures qui vous changent à jamais...
Prodigieux
Critique de Rafiki (Paris, Inscrit le 29 novembre 2011, 33 ans) - 29 novembre 2011
Quelle puissance, quelle tension dans l'écriture. Steinbeck reste pour moi la référence, sa capacité d'accroche est tout simplement fascinante, on entre dans son univers et on n'en sort qu'à la fin, voire encore plus tard. Il donne à chaque personnage une importance équivalente, ne négligeant aucun détail. Et il nous raconte des histoires, tout simplement. De très belles histoires, ternies par le mal que les hommes peuvent se faire les uns les autres, mais de belles histoires malgré tout. Il sublime chaque comportement de ses personnages et en tire le meilleur pour le livre. On sort forcément bouleversé de cette lecture, et avec l'impression pas si fréquente d'avoir vraiment vécu chaque phrase chaque chapitre. On peut dire que "Les raisins de la colère" est tout de même plus connu, mais celui-ci n'a clairement rien à lui envier.
Ce chef d'œuvre est à mettre entre toute les mains.
De l'excellent
Critique de Lazercat (Haine-Saint-Pierre, Inscrit le 28 décembre 2008, 45 ans) - 12 février 2011
Après avoir lu ce livre, s'il m'est impossible de déterminer quel est le parti que Steinbeck a choisi de suivre, je ne peux que constater qu'une histoire intemporelle (voire littéralement mythique dans ce cas-ci) écrite dans une langue simple et pure, peut apporter énormément de satisfaction au lecteur.
Basée sur le mythe de Caïn et Abel, la transposition littéraire est subtile et pourra arracher quelques larmes au moment du grand final (si vous m'aviez vu pleurer seul dans le train en refermant ce pavé, vous comprendriez plus facilement). Certes, la violence est omniprésente, mais elle n'est pas sanglante : on parlera ici de parricides cocufiages et autres joyeusetés que je n'énumèrerai pas pour préserver l'intrigue...
Une langue puissante, directement intelligible, une sommaire introduction à la pensée psychanalytique appliquée et des personnages pour la plupart sympathiques ; tout me restera de ce livre qui, je le répète, m'a ému aux larmes. Sa lecture, ni trop littéraire que pour fatiguer, ni trop haletante que pour stresser, m'a semblée être un havre de paix.
Classé dans mon top 3 de tous les temps, aux côtés des Chouans de Balzac et de 1984 d'Orwell. Note maximale donc!
Le bien, le mal, l'humanité
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 5 septembre 2010
Cette fresque sur l'ouest américain qui s'étale sur trois générations de fermiers et d'entrepreneurs prend comme thème l'épisode de Caïn et Abel (à l'est d'Eden c'est la terre où Caïn va se réfugier après son crime). Deux discussions vers le milieu du roman permettent de bien comprendre la portée du mythe qui se retrouve dans les rapports entre les deux couples de frère Charles et Adam puis Caleb et Aaron. Steinbeck peut ainsi explorer les passions humaines : la jalousie, la colère, la vengeance mais aussi le pardon, le courage...
C'est à grands traits qu'il campe les personnages inoubliables que sont Samuel plein de force et de générosité, Lee plein de sagesse, Cathy Ames pleine de vice et de duplicité. Mais il ne se contente pas de ces portraits appuyés, il plonge dans la complexité et les contradictions de chaque caractère.
Steinbeck a ainsi réussi à écrire une œuvre qui peut être lue à travers la dialectique du bien et du mal, mais sans tomber dans le manichéisme. Dans l'intrigue comme dans les personnages, il a tracé de grandes lignes d'un trait fort, construit une charpente qui structure et donne force et relief au roman. Puis a travaillé les détails en clairs-obscurs lui donnant sa complexité et sa subtilité.
un très bon livre
Critique de Nina-39 (, Inscrite le 15 avril 2010, 45 ans) - 26 avril 2010
Un grand livre
Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 29 octobre 2009
Époustouflant
Critique de Janiejones (Montmagny, Inscrite le 20 avril 2006, 38 ans) - 11 juillet 2007
si je ne dois en garder qu'un
Critique de Shannon (Paris, Inscrite le 19 août 2006, 60 ans) - 19 août 2006
Le plus monstrueux personnage féminin de la littérature (à mon avis) - Cathy Trask - que je n'arrive pas à trouver véritablement monstrueuse.
Je n'imagine pas une traduction en français de ce bouquin, ni d'aucun Steinbeck d'ailleurs.
Ce livre rend bon. Nous fait hésiter à mal nous comporter envers les autres après l'avoir lu. On aurait voulu rencontrer les personnages et vivre dans la Salinas Valley - pas toute sa vie, juste pour avoir connu Samuel Hamilton et les autres.
L'histoire de l'humanité
Critique de Sand (, Inscrite le 19 novembre 2004, 44 ans) - 14 février 2006
Par de multiples références à la bible, soit évidentes, soit plus discrètes, Steinbeck nous fait cheminer dans les dédales de l'âme humaine et de l'humanité elle-même.
Ce livre parle des rapports familiaux: nos frères, nos parents (de la véritable psychanalyse) et toujours par une simple histoire.
Steinbeck, comme dans beaucoup de ces romans, montre à quel point la simplicité de ses écrits n'est pas incompatible avec la profondeur de ce qu'ils reflètent. Je pense que ce qui fait la grandeur de ces romans, c'est la justesse et la précision des mots qu'il choisit et des sentiments qu'ils expriment.
Elia Kazan
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 22 août 2003
Souvenez-vous du livre, qui s’étalait sur plusieurs générations, souvenez-vous de ce réseau complexe de relations, de frustrations, de colère, souvenez-vous des personnages, de la lutte entre le bien et le mal…
Vous divisez par trois, et vous avez le film !
A moins de faire un film marathon, il était impossible de reproduire l'intégralité du livre.
Kazan a choisi de faire de Cal son personnage principal.
James Dean, mesdames, ce n'est pas un mythe, est sexy à mort, il faut bien le reconnaître, messieurs.
(Pour les photos du film, je vous renvoie à imdb.com.)
En outre, son interprétation de Cal est juste à souhait.
C'est l'atout majeur du film.
Le scénario prend quelques raccourcis là où le livre construisait l’atmosphère lentement et en détail.
On y perd en nuance, en intensité et en profondeur.
Lee, personnage très attachant du livre, est absent.
On y perd en recul et en sagesse.
Déçue, je ne pouvais que l'être : comment voulez-vous relever le défi d’égaler Steinbeck ? (Du coup, je revois mon appréciation et je lui donne cinq étoiles!) Néanmoins, j’ai aimé le film et je n’ai pas perdu mon temps.
Quel talent!
Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 1 août 2003
Tout comme Lucien, je mets 5 étoiles car j'ai adoré. Je suis d'accord avec SGP, la dernière partie est légérement inférieure aux trois autres mais tellement supérieure à beaucoup d'autres romans. Elle suit la logique du livre mais il est vrai qu'elle semble un peu facile et cousue de fil blanc mais malgré tout appropriée.
Je ne peux qu'approuver l'avis de SGP. Steinbeck analyse finement ses personnages et il est vrai qu'il ne cède pas à la facilité du manichéisme, sauf peut-être pour le personnage de Cathy, réellement poussé dans la méchanceté, même si on lui découvre certaines failles à la fin... Samuel Hamilton est en effet un des personnages les plus attachants du roman, mais il partage, à mon avis, ce statut avec Lee. Et j'avoue avoir eu un penchant pour Caleb aussi. Mais finalement chaque personnage avait un petit côté attendrissant, que ce soit Abra, les enfants de Samuel ou même Liza, l'épouse de Samuel, qui sous des dehors austères cache un coeur d'or...
Incandescent!
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans) - 15 juillet 2003
Bravo à Saint-Germain pour sa lecture ("East of Eden" dans le texte! Mazette!) et pour sa lecture (sa critique) précise et nuancée.
Aux échecs comme ailleurs, j'ai toujours préféré les ouvertures romantiques. C'est pourquoi je donne cinq étoiles sans hésiter à cette fresque incandescente.
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