Dieu, la Prusse et l'Alsace de Claude Muller

Dieu, la Prusse et l'Alsace de Claude Muller

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par JulesRomans, le 12 janvier 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 8 étoiles
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Vendredi saint et 26 décembre sont les deux mamelles de l’Alsace concordataire

La dimension religieuse est importante en Alsace encore aujourd’hui. C’est durant la période l’Annexion que se forgent des particularismes qui persistent.

Cet ouvrage aurait dû en fait s’appeler "Notables, prêtres et évêques alsaciens catholiques au temps du Reichsland". Ceci pour deux raisons l’une est son sujet (on ne parle des protestants et des juifs que lorsqu’ils s’allient à un adversaire d’un candidat catholique) et l’autre est que ce livre est écrit par un universitaire pour un lectorat habitué à lire des livres d’historien et ayant un minimum de pré-requis sur l’histoire de l’Alsace entre 1870 et 1918.

Il faut dire que la lecture en est facilité pour certains (même si d’autres le regretteront) par l’absence de notes de bas de page ou de fin de volume et parce que, dieu merci, les principaux acteurs de cette histoire politique et religieuse sont présentés (ils sont de l’ordre d’une quarantaine).

Notons que, cerise sur le gâteau, les évêques de Metz interviennent dans le récit, il faut dire que parfois une réponse différente est apportée par les plus hautes autorités catholiques du Reichsland et que la nomination par Rome d’un évêque ou évêque auxiliaire (son adjoint, ayant des possibilités mais non des certitudes de lui succéder) est négociée avec Berlin dans un marchandage qui implique Strasbourg et Metz. Le cas le plus parlant est celui qui voit François Zorn de Bulach devenir évêque auxiliaire de Strasbourg en même temps que Willibrord Benzler est nommé évêque de Metz. Signalons d’ailleurs qu’autant le premier d’origine alsacienne (mais farouchement germanophile) fut vraiment peu apprécié par ses ouailles, le second né en Rhénanie puis en particulier bénédictin en pays de Bade (ayant des contacts de ce fait avec des bénédictins francophones belges) fut extrêmement respecté par l’ensemble de la communauté catholique d’Alsace.

Le livre montre que si en Alsace, et ce fut peu le cas en Lorraine annexée, les religieux deviennent en grand nombre des élus du suffrage universel, par contre ils hésitent sur leurs revendications. Globalement ils passent d’une position protestataire n’acceptant pas l’annexion à une revendication autonomiste. La question du maintien du Concordat est dans tous les esprits et si l’Empereur d’Allemagne l’accepte et le respecte dans les grandes lignes, il fait pas mal d’entorses à son esprit.

La lecture de ce livre est à croiser avec l’ouvrage "Souvenirs d’Alsace-Lorraine 1870-1923" du Prince Alexandre de Hohenhole (que nous avons déjà présenté). Il est à noter que ce personnage est mis longuement en lumière par Claude Muller sous des aspects peu sympathiques, il en est de même pour l’abbé Wetterlé.

Si le premier se heurta violemment aux catholiques alsaciens, le second montra une certaine indépendance d’esprit avec en particulier son refus de voir le mouvement politique alsacien se réclamant du catholicisme se fondre dans le Zentrum (ancêtre de la démocratie chrétienne allemande) et de considérer le Concordat comme des pages d’évangile. "Dieu, la Prusse et l’Alsace" donne ainsi l’impression d’un dogmatisme qui surprend sous la plume d’un universitaire ; ce dernier est diplômé certes en lettres et en histoire mais aussi en théologie catholique.

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