Une petite trilogie à ne pas oublier...

Nous revoilà en compagnie de ce grand scénariste argentin, Carlos Trillo, disparu il y a deux ans. Pourquoi revenir vers lui alors qu’il y a tant de nouveautés en librairie ? Probablement parce que cette surabondance de production a du mal à cacher la médiocrité de certains jeunes scénaristes. Carlos Trillo savait raconter des histoires hors normes, des récits avec des personnages solides, avec des caractères trempés qui faisaient réfléchir le lecteur même quand on avait l’impression d’une bande dessinée légère sans visée métaphysique… C’est probablement dans cette dernière catégorie qu’il faut classer – sans l’enfermer – cette série de trois albums, Mon nom n’est pas Wilson.

Officiellement, nous sommes dans une histoire d’espionnage, avec quelques ramifications policières, à moins que ce soit le contraire. Le personnage central est un ancien espion qui n’apparaît plus sur aucun registre officiel mais qui peut être activé, au besoin, par Masterson, pour des actions secrètes, dangereuses et radicales… Notre espion est suivi, contrôlé – enfin d’une certaine façon mais pas avec une efficacité totale – par un autre agent, Schultz.

A ce stade, on peut simplifier la série et annoncer trois albums, trois missions pour Wilson – à moins que ce ne soit pas son véritable nom – et basta ! C’est là que les choses se compliquent et que la curiosité du lecteur se réveille, que la série devient passionnante et que le scénariste prend de l’altitude… En effet, cet espion atypique est fortement marqué par une histoire vécue quelques années auparavant. Il fut alors question d’amour, de trahison, de mort… Depuis, Wilson est poursuivi par trois horribles tueurs qui semblent lui en vouloir à mort… Qui sont-ils ? Qu’a fait Wilson ? Peut-il s’en sortir ?

Le scénariste nous fait entrer dans la peau, dans la tête, de cet homme qui est à la fois chasseur et chassé, manipulé et manipulateur, espion et espionné… Bref du grand art dans ce genre qui nous a déjà habitué aux trahisons, aux agents doubles, aux retournements de situations, aux bernés qui croyaient prendre… C’est à la fois classique et parfaitement bien mené, c’est psychologique et profondément humain et, cerise sur le gâteau, le scénariste évite avec talent tous les clichés stériles et revus pour nous proposer des histoires qui tiennent en haleine le lecteur à défaut d’être réellement crédibles…

Dans ce premier volet, Wilson – appelons-le ainsi – doit aller travailler au profit d’un homme peut fréquentable, l’Avoccato Manzi, qui ressemble assez à une sorte de Parrain qui aurait de sérieux appuis dans les milieux officiels italiens… Cette fois, cela ne lui servira peut-être à rien car l’affaire semble plutôt familiale…

J’ai beaucoup aimé cet album et cela confirme le talent énormissime du scénariste. Mon seul regret est de n’avoir jamais pu l’interviewer, ni à l’occasion de la sortie de cet album, ni à toute autre occasion…

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  Pâleur mortelle [Texte imprimé] dessin, Walter Fahrer scénario, Carlos Trillo...

  de Trillo, Carlos Fahrer, Walter
  Casterman
  ISBN : 9782203356412 ; 7,61 € ; 08/11/2000 ; 46 p. ; Cartonné

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