Remonter la Marne de Jean-Paul Kauffmann

Remonter la Marne de Jean-Paul Kauffmann

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Voyages et géographie , Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par Falgo, le 5 janvier 2014 (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 719ème position).
Visites : 4 685 

Belle initiative, résultat incertain

C'est à une belle initiative que s'est livré Jean-Paul Kauffmann: remonter à pieds le cours de la rivière Marne de Paris à sa source. Son livre est le reflet de cette marche dans une région qu'il avait connue dans son enfance: souvenirs, lieux, monuments, personnes rencontrées, le vin de Champagne. On y retrouve le bon usage de la lenteur, si chère à Pierre Sansot. C'est donc largement de la personnalité de l'auteur, que l'on découvre pratiquement à chaque page, que découle l'intérêt du livre. Et là, le bât blesse. Kauffmann utilise très largement les références historiques (Ancien Régime, guerre de 14-18, guerre de 39-40), se fait accompagner de quelques amis dont il parle avec admiration, évoque assez banalement le Champagne, rencontre peu de gens dont il parle peu et pas très bien. Le lecteur a l'impression que, timide et pudique, Kauffmann se cache derrière son objet et se refuse à tirer le meilleur de son parcours. S'il cite en passant Bernard Ollivier (La longue marche, 3 tomes), il ne lui ressemble que partiellement et c'est l'absence d'empathie pour les gens qui plombe le récit et le rend peu attirant.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Matrona.

8 étoiles

Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 18 juillet 2020

Ce livre m'est tombé par hasard dans les mains.
Je me trouvais dans une station balnéaire atlantique, la libraire municipale se séparait de certains ouvrages dont celui-ci. Je l'ai pris et il est allé augmenter la hauteur de ma PAL.
Concernant JPK je connaissais peu de choses sur cet homme.
Juste qu'au temps de mon enfance il avait été otage durant trois ans, cela avait alimenté les reportages télévisés, c'était un nom que nous entendions souvent.
Concernant son travail de journaliste et et d'écrivain je ne connaissais absolument rien.
J'ai pris ce livre car j'aime les récits de voyages métropolitains, comme ceux de Stevenson, Ruffin et autres.
Donc aucun apriori.
JPK décide de partir de banlieue pour remonter la Marne, Matrona en latin, la Mère.
Remonter un fleuve en marchant est peu commun, souvent on le descend, soit.
La plume est agréable, le récit est intéressant, c'est dynamique, les premières 100 pages sont lues d'un trait.
Puis cela devient un peu plus lent, comme si le marcheur peinait dans sa progression.
D'ailleurs il y a une annotation sur la première critique, rédigée par le précédent lecteur " Trop long, je ne l'ai pas fini".
Moi je suis un lecteur de longue haleine, je m'accroche et je reste intéressé par cette Marne que nous dévoile JPK, ses méandres, ses riverains, ses paysages, ses odeurs, son histoire, tout cela parsème élégamment ce récit de d'écrivain en marche.
C'est une région que je ne connais pas mis à part son nectar à bulles.
C'est le mérite de ce livre qui reste respectueux car JPK aurait pu dresser un bilan négatif sur cette région, son chômage, sa désertification, sa périphérie avec le monde qui avance. Il évoque cela mais par saupoudrage, parcimonie, sans critique négative au contraire, il évoque certaines figures qu'il nomme les conjurateurs. Ceux qui sans haine tournent le dos à ce monde qui s'éloigne en vivant selon leurs idées et philosophie au coeur de leur région.
Alors oui on peut reprocher à JFK d'avoir fait un livre qui parle beaucoup de la rivière La Marne, et de ne pas faire un récit sociologique.
Mais ce n'est pas l'objet du livre, l'essentiel est la rivière, les visages qu'elle présente, son histoire, son évolution, la Mère de cette région dont JPK , en fils adoptif car il est breton mais son grand-père était de la région, dresse un beau portrait reconnaissant.
Une belle lecture et découverte.

Un Itinéraire insolite

7 étoiles

Critique de Clara33 (, Inscrite le 29 septembre 2008, 77 ans) - 13 septembre 2014

A défaut de marcher, suivons le marcheur, J P. Kauffmann, loin des sentiers battus sur les bords de la Marne pour un voyage insolite .
Nous ne sommes pas dans la France touristique et pourtant nous pouvons, au fil des pages, faire de belles découvertes. Il faut dire que l'auteur s'intéresse à l 'Histoire, petite ou grande et chaque lieu visité lui fournit de nombreuses anecdotes ou références historiques.
C'est l'érudition de l'auteur qui rend attrayant ce périple.

J P Kauffmann progresse à son rythme, ne dépendant que du moment présent, seul tout d'abord puis rattrapé par des amis marcheurs.
Chemin faisant, il nous fait découvrir les lieux où ont vécus des grands personnages, en particulier le Maître des Eaux et Forêts de Château Thierry: jean de la Fontaine.

J. P. Kauffmann démarre son expédition "tout feu, tout flamme" avec un bel enthousiasme communicatif. Pourtant la dernière partie de ce voyage, manque de chaleur et la description est plus expéditive. Nous découvrons, alors, la réalité de la France profonde: villages ruraux désertés, maisons à vendre, absence de jeunes...
Le lecteur devine que cette fin du voyage est empreinte d'une certaine mélancolie, voire de désespérance malgré des petits signes qui font croire en des jours meilleurs; il y a cette phrase qui en dit long: "la campagne française, le continent désole".
A lire bien sûr, pour tout amateur de récit de voyage

La France et ses conjurateurs

8 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 5 janvier 2014

J'ai également remonté la Marne avec Jean Paul Kauffmann, et j'y ai pris beaucoup de plaisir.
On apprend quelque chose à chaque page sans que ce soit le moins du monde pesant.
Mais, effectivement, il est timide, je ne sais pas, mais pudique. Et , personnellement, je n'ai pas ressenti qu'il manquait d'empathie.
Mais plutôt qu'il fait un choix qu'il explique.
Il s'attache plus aux rencontres qui l'ont marqué. Celles avec ceux qu'il nomme , se référant à La Fontaine, les " conjurateurs": "Dès l'heure même on vous met en présence Notre démon et son conjurateur".. Des individus qui ne sont pas exclus, mais qui , à leur manière, résistent au sentiment de tristesse d'une France rurale qui va mal dans ces régions .
Et que s'il constate les dégâts, il s'attache plus à ce qui persiste derrière, une certaine résistance. Je suppose que cela correspond à son passé, il espère beaucoup de ceux qui parviennent, dans des conditions difficiles, à tirer quelque chose de ce qui leur est offert?

J'aurais eu envie de recopier beaucoup de pages de ce livre, en particulier ce qui concerne La Fontaine et sa " comparaison" avec Bernard Frank , que j'aimais beaucoup lire. mais j'ai choisi, puisque visiblement, ces " conjurateurs" sont chers à Jean Paul Kaufmann, cet extrait:

Une forteresse vide. L'image devient plus nette. ce n'est pourtant pas un pays en ruine que je vois défiler, depuis mon départ, plutôt un monde secrètement délabré, travaillé par le doute et la peur. Fêlure plus que cassure. La détérioration n'est pas irrévocable, elle s'accompagne presque toujours d'un renversement imprévu qui réajuste et reprend l'ensemble. J'ai vu des villages que la vie avait apparemment désertés: maisons barricadées, devantures abandonnées, trottoirs défoncés. Des affiches annonçant une réunion, un voyage, un collectif de lectures, une manifestation indiquaient que la communauté n'était pas morte. Derrière l'apparence défensive se terre un monde invisible. Une autre vie agit à l'intérieur par le seul mérite du don, du bénévolat, de la solidarité.
Une telle plongée ne va pas sans une part d'aveuglement. Je ne refuse pas de voir les disgrâces de la France marnaise, ni même de les raconter, mais à quoi bon s'attarder sur cette partie si voyante et trop souvent décrite? Une certaine dose d'insensibilité et même d'indifférence est nécessaire. Marcel Duchamp, à qui l'on demandait: " Pourquoi êtes-vous pour l'indifférence?" , avait répondu: " Parce que je hais la haine." La haine anime ceux qui se plaisent à décrire la France comme une entreprise en liquidation. Ils se délectent de cette veillée funèbre, de l'attente de la catastrophe. Dans cet élan destructeur se mélangent la rancoeur, le reniement de soi, le plaisir trouble qu'engendre le refus de connaître et de comprendre. Dommage que l'équanimité , qualité d'une âme détachée, à l'humeur égale, ait pratiquement disparu du vocabulaire.


Agréable voyage littéraire.

Forums: Remonter la Marne

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Remonter la Marne".