Le libraire de Gérard Bessette

Le libraire de Gérard Bessette

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 8 juillet 2003 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 388ème position).
Visites : 10 760  (depuis Novembre 2007)

Le Québec de la grande noirceur

Sans tomber dans le réquisitoire pour dénoncer les pouvoirs occultes dont les Québécois étaient victimes, surtout au plan sexuel et culturel, l'auteur a su y arriver à travers un personnage pour qui il était impossible de pactiser avec les gardiens de la rectitude, regroupés souvent en associations secrètes, qui se posaient en ardent défenseur d'un peuple francophone et catholique en terre d'Amérique.
Hervé est l'employé d'une librairie dans une petite ville de province alors que la lecture est considérée comme un acte suspect par les élites religieuses et politiques. Elle est étroitement surveillée par une censure officielle comme l'Index et par celle, officieuse, des différents pouvoirs. Pour veiller au respect des interdits, les autorités se fient à la vigilance des curés.
Ce contexte opprime le héros. Faisant fi des anathèmes, il vend des livres condamnés que l'on conserve dans un capharnaüm secret pour satisfaire la clientèle autorisée. La nouvelle se répand vite malgré la confidentialité qui entoure les ventes. Le héros mène aussi son combat contre les tabous sexuels. Il profite de sa propriétaire, bien consentante, non pas par amour pour elle, mais pour la satisfaction de prouver sa virilité dans la plus grande indifférence aux décrets de la morale.
L'auteur a bien saisi le Québec d'avant 1960. Son petit chef-d'oeuvre milite éloquemment en faveur d'une libéralisation pour sortir de ses ornières une société coulée dans le béton avec ses interdits étouffants. L'auteur a donné à son propos la forme d'une longue nouvelle au dénouement inattendu. Il l'a fait avec une simplicité pleine de sous-entendus et avec une écriture efficace, teintée d'humour pour que son oeuvre n'accrût pas, j'imagine, l'inventaire des capharnaüms secrets. Bref, c'est la rébellion tranquille par l'indifférence aux normes établies. Le temps a prouvé que c'était la conduite à adopter pour se libérer de notre carcan.

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Antihéros farouchement indépendant…

10 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 27 octobre 2014

Publié en 1960, année symbolique dans l'histoire du Québec, puisqu'on y voit les débuts de la Révolution tranquille juste au lendemain de la disparition de Maurice Duplessis (1959) grand maître d’oeuvre de la Grande Noirceur, le Libraire surprend en mettant en scène un antihéros qui ne voue en rien un culte aux livres même si on devine que celui-ci a déjà eu un penchant pour la lecture.

Gérard Bessette, professeur passionné de littérature, s’est avéré un moderne dans un monde absurde.
Le libraire n'est pas tant un roman engagé dans une cause quelconque qu'une féroce critique des moeurs de l'époque, sans pitié pour personne, racontée dans un style sobre et écrite dans une langue impeccable en moins de cent cinquante pages, que l'on lit tout au long avec un large sourire plaqué au visage!

Le libraire

8 étoiles

Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 21 août 2012

J'ai bien aimé ce roman sur un anti-conformiste du Québec des années 1950. C'est l'histoire d'un homme qui se trouve un emploi dans une librairie et qui se met à vendre des livres interdits par la censure du clergé. Ce livre démontre bien quelle oppression devaient subir les Québécois avant la fameuse révolution tranquille. C'est un livre court mais qui va droit au but.

Déjouer la censure

9 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 25 avril 2005

Un livre qui a bien vieilli en raison de cette plume fringante et alerte. J’ai beaucoup aimé la méthode subtile de l’auteur de nous parler de l’oppression catholique de cette époque et des comportements des gens. Le personnage d’Hervé, pourtant un grand indifférent, est particulièrement intéressant. Une belle métaphore de la société québécoise. Très bien.

Un petit bijou !

9 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 25 janvier 2005

Hervé Jodoin est un être taciturne, placide, et très pince-sans-rire. La vie le place comme libraire dans une petite ville du Québec, à une époque où les livres à l'index sont légions, et la vie rythmée par le clergé. Il aura maille à partir avec ce dernier, et saura se venger de son patron par trop cupide...

C'est fou comme un tout petit livre, qui date un peu pourtant, peut se révéler un vrai baume pour l'esprit. Tout ici est fin, spirituel, bien évoqué, ça se lit tout seul et on s'amuse vraiment...

A lire !!

Le ver dans le fruit.

9 étoiles

Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 5 mai 2004

Gérard Bessette est bien connu Outre-Atlantique : 1961 "le libraire" obtient le prix du grand jury des lettres, 1965 le prix du gouverneur général pour "l'incubation", et en 1972 pour "le cycle". Docteur es lettres, il a enseigné dans plusieurs universités, notamment à Kingston (Ontario).
Voyons l'histoire :
Le narrateur vient de se faire virer de son poste de répétiteur chez les Bons Pères. Il doit donc quitter Montréal pour devenir employé de librairie dans une bourgade de province, Saint Joachin. Dans un magasin d'images pieuses et de livres saints, qui prête aussi - à la sauvette, des "livres à ne pas mettre entre toutes les mains".
Notre narrateur qui pratique une indifférence tranquille aux "valeurs" établies, et ne se soucie guère d'avoir bonne ou mauvaise réputation, oppose à toutes les bien-pensantes pressions un immobilisme hiératique. Il pratique aussi une stratégie d'évitement qui n'a rien à envier aux savants sophismes des Jésuites.
Ses discours contournés sont un vrai régal pour les amateurs d'une langue de bois employée à rebours. Finalement l'hypocrisie ambiante et ses manèges contraignent ce partisan du moindre effort à solliciter son imagination :-)
143 pages où le langage est à la fête.

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