Le libraire de Gérard Bessette
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le Québec de la grande noirceur
Sans tomber dans le réquisitoire pour dénoncer les pouvoirs occultes dont les Québécois étaient victimes, surtout au plan sexuel et culturel, l'auteur a su y arriver à travers un personnage pour qui il était impossible de pactiser avec les gardiens de la rectitude, regroupés souvent en associations secrètes, qui se posaient en ardent défenseur d'un peuple francophone et catholique en terre d'Amérique.
Hervé est l'employé d'une librairie dans une petite ville de province alors que la lecture est considérée comme un acte suspect par les élites religieuses et politiques. Elle est étroitement surveillée par une censure officielle comme l'Index et par celle, officieuse, des différents pouvoirs. Pour veiller au respect des interdits, les autorités se fient à la vigilance des curés.
Ce contexte opprime le héros. Faisant fi des anathèmes, il vend des livres condamnés que l'on conserve dans un capharnaüm secret pour satisfaire la clientèle autorisée. La nouvelle se répand vite malgré la confidentialité qui entoure les ventes. Le héros mène aussi son combat contre les tabous sexuels. Il profite de sa propriétaire, bien consentante, non pas par amour pour elle, mais pour la satisfaction de prouver sa virilité dans la plus grande indifférence aux décrets de la morale.
L'auteur a bien saisi le Québec d'avant 1960. Son petit chef-d'oeuvre milite éloquemment en faveur d'une libéralisation pour sortir de ses ornières une société coulée dans le béton avec ses interdits étouffants. L'auteur a donné à son propos la forme d'une longue nouvelle au dénouement inattendu. Il l'a fait avec une simplicité pleine de sous-entendus et avec une écriture efficace, teintée d'humour pour que son oeuvre n'accrût pas, j'imagine, l'inventaire des capharnaüms secrets. Bref, c'est la rébellion tranquille par l'indifférence aux normes établies. Le temps a prouvé que c'était la conduite à adopter pour se libérer de notre carcan.
Les éditions
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Le libraire [Texte imprimé] Gérard Bessette
de Bessette, Gérard
Pierre Tisseyre
ISBN : 9782890515000 ; 20,61 € ; 01/01/1993 ; 143 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (5)
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Antihéros farouchement indépendant…
Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 27 octobre 2014
Gérard Bessette, professeur passionné de littérature, s’est avéré un moderne dans un monde absurde.
Le libraire n'est pas tant un roman engagé dans une cause quelconque qu'une féroce critique des moeurs de l'époque, sans pitié pour personne, racontée dans un style sobre et écrite dans une langue impeccable en moins de cent cinquante pages, que l'on lit tout au long avec un large sourire plaqué au visage!
Le libraire
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 21 août 2012
Déjouer la censure
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 25 avril 2005
Un petit bijou !
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 25 janvier 2005
C'est fou comme un tout petit livre, qui date un peu pourtant, peut se révéler un vrai baume pour l'esprit. Tout ici est fin, spirituel, bien évoqué, ça se lit tout seul et on s'amuse vraiment...
A lire !!
Le ver dans le fruit.
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 5 mai 2004
Voyons l'histoire :
Le narrateur vient de se faire virer de son poste de répétiteur chez les Bons Pères. Il doit donc quitter Montréal pour devenir employé de librairie dans une bourgade de province, Saint Joachin. Dans un magasin d'images pieuses et de livres saints, qui prête aussi - à la sauvette, des "livres à ne pas mettre entre toutes les mains".
Notre narrateur qui pratique une indifférence tranquille aux "valeurs" établies, et ne se soucie guère d'avoir bonne ou mauvaise réputation, oppose à toutes les bien-pensantes pressions un immobilisme hiératique. Il pratique aussi une stratégie d'évitement qui n'a rien à envier aux savants sophismes des Jésuites.
Ses discours contournés sont un vrai régal pour les amateurs d'une langue de bois employée à rebours. Finalement l'hypocrisie ambiante et ses manèges contraignent ce partisan du moindre effort à solliciter son imagination :-)
143 pages où le langage est à la fête.
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