une étoile filante mystérieuse et mutique

Angeline... C’est le doux prénom que l’instituteur du village de Saint-Jean a donné à une jeune fille sourde et muette rencontrée un triste jour de Toussaint dans le cimetière d’un hameau de montagne. Il la ramène, malade et épuisée, au village, et prend soin d’elle.
Mais qui est Angeline en vérité ? D’où vient-elle ? Nul ne le sait. Les mois passent mais personne ne semble se soucier de sa disparition. Recueillie par l’instituteur, la jeune fille mystérieuse va en tout cas recouvrer peu à peu ses forces. Elle va s’épanouir en révélant une sensualité tendre et fragile, qui fera bientôt tourner la tête à plus d’un homme des environs...

L’écriture simple et harmonieuse d’Albert Fleury parvient à rendre avec poésie toute l’âpreté et la beauté des Monts de la Madeleine, aux confins du Bourbonnais et du département de la Loire. L’histoire a pour cadre le monde paysan : on suit le rythme des saisons, les travaux des champs, les festivités villageoises. La montagne, omniprésente, forme le paysage naturel du récit et est le principal sujet du roman. A ce titre, Angeline, belle mais indomptée, semble bien en être la personnification, l’allégorie féminine. Les villageois ne s’y trompent pas, qui élisent la jeune fille reine de la Saint-Jean le jour du solstice d’été.

Pour un peu on oublierait que Passage d’Angeline est aussi le récit intérieur d’une solitude, celle de ce maître d’école qui a choisi volontairement d’enseigner dans un village isolé. Mais la présence silencieuse d’Angeline ne brise pas complètement son isolement. Il s’avère bien difficile en effet de communiquer avec la jeune fille (du fait de son handicap mais aussi de son caractère) et de pénétrer l’énigme de son esprit.

C’est incontestable, Passage d’Angeline est séduisant par beaucoup de côtés, notamment par l’écriture, délicate et pure. Mais le rythme un peu mou du récit, des partis pris narratifs contestables, certains passages un peu laborieux nuisent au roman et ne m’ont pas permis d’adhérer complètement à l’histoire.

Ni drame social, ni roman régionaliste, Passage d’Angeline est plus à rapprocher, dans son ambiance et ses thèmes, aux premières œuvres de Giono. Les amoureux de Colline ou de Regain y trouveront donc particulièrement leur compte.

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  Passage d'Angeline

  de Fleury, Albert
  Pré-Textes / Les écrivains oubliés du Bourbonnais
  ISBN : 9782954352909 ; 01/12/2012 ; 206 p.