Come Prima de Alfred
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Une belle histoire, une grande bédé, un livre inoubliable !
On rencontre un jour, un peu par hasard, un auteur, un raconteur d’histoires… On est séduit, on tombe sous son charme, on part immédiatement dans son univers et on n’en revient pas indemne. La lecture nous a changés… Alors, toutes les occasions sont bonnes pour reprendre le chemin de ce monde lointain et dangereux… Un jour, j’ai lu un premier album d’Alfred, Abraxas. L’histoire n’était pas de lui, c’était Éric Corbeyran qui avait écrit le scénario. Ce fut étonnant, rapide et agréable. Je plongeais sans retenue dans un imaginaire qui me convenait avec une narration graphique magique… Puis je récidivais avec Le désespoir du singe, Je mourrai pas gibier, Octave, Pourquoi j’ai tué Pierre… autant d’histoires où Alfred se mettait au service de scénaristes pour nous raconter de belles et fortes histoires. Restait, pour moi, à tester une histoire où Alfred réaliserait texte et dessin ! C’est maintenant fait et mon trouble est encore plus fort. Suivez-moi…
Tout d’abord, précisons bien pour le lecteur futur et curieux que cette histoire n’est pas bavarde au point de noyer son visiteur dans de longues phrases inutiles. Ici nous sommes dans de la bande dessinée, c’est à dire une histoire qui est racontée par le texte et le dessin… Donc, parfois, vous aurez droit – et c’est un plaisir extrême – à des planches sans aucun texte mais avec des moments forts de l’histoire… mais, sûr, cela ne plaira pas à tout le monde !
Alors, cette histoire, de quoi parle-t-elle ? Histoire de deux frères qui se retrouvent et qui vont réaliser un voyage pour retrouver leur passé, leur histoire, leur vie… Attention, cela va être rude car chacun n’est pas dans le même tempo et les buts recherchés par l’un et l’autre divergent profondément…
Le fait de partir ainsi de France pour l’Italie avec une petite italienne – pas une fille, une Fiat 500 un peu usée et en bout de course – va donner à cet ouvrage un aspect cinématographique, un road movie comme on dit, un peu comme un hommage au cinéma italien aujourd’hui presque entièrement disparu… On est à la fois dans un huis-clos pesant et déchirant, révélateur et tendu, violent et tendre… mais aussi dans un voyage qui permet de traverser la France et l’Italie, avec de grands espaces, des montagnes, les nuages et le soleil… et les êtres humains. Ceux qu’ils vont rencontrer, bien sûr, mais aussi ceux de leur passé qu’ils vont faire revivre le temps d’une dispute, d’une bagarre, d’une pensée, d’un rêve…
Voilà, au bout du voyage, il y a la vie avec ses réalités, son avenir à construire, les réconciliations à mener, les amours à construire, reconstruire, à faire survivre… la vie tout simplement, quoi ! Une magnifique histoire, un livre étonnant, un talent à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas encore Alfred, une révélation pour ceux qui imaginaient qu’il ne pouvait pas se passer de scénaristes, bref, une bande dessinée à lire impérativement, c’est en tous cas ce que je crois profondément…
C’est aussi indiscutablement la confirmation que la lecture d’un album d’Alfred est toujours un événement dans une vie de lecteur, et les auteurs d’une telle intensité ne sont pas légion, alors ne boudons pas notre plaisir et partageons ces lectures sans retenues…
Fabio et Giovanni, deux prénoms qui deviendront pour vous les personnages que vous aurez suivi au bout de leur trip… Attention, ne restez pas en Italie, revenez bien avec nous…
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Voyage en Italie
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 20 juillet 2014
Par l’entremise d’un graphisme aux allures poétiques, le récit est traversé par une douce nostalgie, contrastant avec les sentiments violents qui habitent les personnages. Alfred m’avait déjà bluffé avec « le Désespoir du singe », par sa faculté à poser des ambiances par le jeu des couleurs. Représentées telles des fresques naïves aux teintes chatoyantes, les Alpes et l’Italie évoquent les voyages de l’enfance, suscitant un certain émerveillement, par ailleurs renforcé par la présence de la petite Fiat 500. L’auteur semble à l’aise dans des styles différents même si certaines mauvaises langues en concluront peut-être qu’il n’en a pas. Son trait au contraire respire la liberté, se veut plus stylisé que dans « Le Désespoir », encore plus zen dans les interludes consacrés au passé des personnages où seules interviennent trois couleurs désaturées, soulignant cette quête du retour aux sources et ses corolaires, pureté des sentiments et sérénité.
Chacun pourra se retrouver d’une façon ou d’une autre dans cette intrigue familiale tumultueuse non exempte d’émotion. Une intrigue qui prend son temps pour exposer la psychologie de ses personnages – qui conduisent une Fiat 500 et non une Ferrari ! - avec des rencontres imprévues et anecdotiques mais toujours porteuses de sens, qui influeront les deux frères de façon plus ou moins consciente pour le dénouement de l’histoire. La narration souffre parfois d’imprécisions (je n’ai pas compris si Giovanni habitait en France ou en Italie), et aurait gagné à être un peu plus ramassée, mais ce bémol ne suffira pas à en déconseiller la lecture, au contraire.
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