Les anges meurent de nos blessures de Yasmina Khadra
Catégorie(s) : Littérature => Arabe , Littérature => Francophone
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Croyez-vous à la malchance ou au mektoub ?
Est-on condamné à vivre dans la misère, dans tous les sens du terme, lorsqu’on y est né ? Turambo (surnommé ainsi d’après son village natal Arthur Rimbaud) est né dans la misère en Algérie en 1910. Il vit avec sa mère dans un ghetto dans l’indigence la plus profonde et ne mange pas souvent à sa faim. La violence fait partie de son quotidien où tous les moyens sont bons pour survivre. Même s’il n’aime pas se bagarrer, Turambo est remarqué par un entraîneur de boxe et propulsé dans l’univers du ring. Pourtant si ses poings sont de fer, son coeur est un artichaut qui encaisse quelques blessures.
Cette histoire est triste de bout en bout. La fin boucle la boucle. Si peu d’espérance… C’est dommage parce que l’histoire est bien contée et le héros attachant. On dirait que l'auteur présuppose que l’amour et l’amitié ne résistent pas à la violence et à l’égoïsme. Vanité, tout est vanité.
Bref, un très bon Khadra que je recommande chaudement !
Les éditions
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Les anges meurent de nos blessures [Texte imprimé], roman Yasmina Khadra
de Khadra, Yasmina
Julliard
ISBN : 9782260020967 ; 21,00 € ; 22/08/2013 ; 408 p. ; Broché -
Les anges meurent de nos blessures [Texte imprimé] Yasmina Khadra
de Khadra, Yasmina
Pocket / Presses pocket (Paris)
ISBN : 9782266246507 ; EUR 7,70 ; 04/09/2014 ; 453 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (10)
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Pauvre Turambo !
Critique de Georgy (, Inscrit le 1 mai 2004, 47 ans) - 29 novembre 2021
Cette première phrase, à elle seule, donne déjà le ton du récit. Récit autodiégétique qui va mêler des destins tout aussi singuliers que communs. Et le refus de donner un visage à cette société, ce ''on'', témoigne à suffisance de la scission, je dirais mieux, du divorce entre l'homme et son contrat social. D'ailleurs, pour parler de contrat social, celui de cette Algérie peut-il être considéré comme tel? Les circonstances décrites me rappellent bien tous ces pays qui ont connu la dure réalité coloniale. Ségrégation, discriminations, humiliations, abjection, etc. C'est dans la fange que Turambo essaie de se frayer un chemin dont l'issue ne peut être que la mort car "on" vient le chercher. Peut-être comme le "on" de Kafka!
Le récit est d'un réalisme dérangeant. L'horreur y est décrite avec toute la force des mots. Histoire révoltante que ce gamin qui est jeté dans le monde par la mauvaise porte. Aucun choix ne lui est donné. Et s'il lui arrive quelques moments de répit, c'est pour être englouti par une autre vague plus puissante.
Poétique
Critique de Albator76 (, Inscrit le 4 août 2012, 48 ans) - 27 décembre 2016
J'ai été surpris agréablement par la qualité de l'écriture.
À travers l'histoire d'un gamin de ghetto qui deviendra un grand boxeur, l'écrivain dépeint la société algérienne avec tout le racisme que ça comporte.
Un livre que je conseille.
Un Algérien au temps des colonies
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 24 février 2015
Nous sommes en Algérie (euh non, officiellement c’est un département français à cette époque !) dans les années 1920 – 1930. Les Algériens (araberbères, comme les spécifie Yasmina Khadra) ne sont pas chez eux. Même pas la condition de citoyen français, juste celle d’exploité et de méprisé. C’est pour l’essentiel de la masse, surtout en zone rurale, la misère la plus noire. C’est le cas de Turambo (abréviation tirée du nom duquel on qualifiait son village : Arthur Rimbaud !) que nous allons suivre depuis son état de petit garçon qui va se retrouver avec sa famille (moins son père qui va très vite abandonner tout le monde) déraciné du village, dévasté par une crue d’orage.
Il vient donc avec mère, oncle, tante, grossir les rangs de ceux qui s’agglutinent dans les bidonvilles aux limites des villes. Pas plus de chance de s’en sortir à vrai dire. Turambo va faire un apprentissage de cireur de chaussures, avec le succès économique qu’on peut attendre d’une telle … promotion !
Mais le tournant de sa vie se produira lorsque, lors d’une bagarre, il est repéré par un colon gérant une salle de boxe. C’est que notre Turambo a une gauche dévastatrice. Hélas, son mental n’est pas à la hauteur de sa gauche et, au fur et à mesure qu’il va gravir des échelons dans le monde professionnel de la boxe, il va se révéler incapable de prendre des décisions ou d’effectuer des choix qui lui permettraient, peut-être, de réellement s’élever de sa condition.
Il va s’élever très haut sur le plan sportif, suscitant même l’intérêt – et une intervention fugitive dans ce roman – de Ferhat Abbas pour l’inciter à conquérir le titre de Champion d’Afrique du Nord afin de montrer au monde que les indigènes aussi existent.
Mais les choses ne vont pas du tout se passer ainsi et même les histoires d’amour de Turambo seront malheureuses. La fin est un raccourci accéléré que j’ai trouvé par trop rapide mais qui démontre combien peu d’espoir pouvaient avoir les colonisés.
Turambo était trop naïf
Critique de Pierraf (Paimpol, Inscrit le 14 août 2012, 67 ans) - 1 février 2015
Khadra une valeur sûre...
Critique de Laugo2 (Paris, Inscrit le 30 octobre 2014, 58 ans) - 26 décembre 2014
Notre héros est un jeune arabe qui se prénomme Turando. Sa vie commence pour le moins difficilement: privé d'un père qui n'a jamais regagné le foyer suite au choc causé par la Grande Guerre, Turando erre avec famille dans le ghetto de Sidi Bel Abbes car son village a été complètement détruit. Il vit d'expédients, côtoie la misère la plus noire au milieu d'autres jeunes et seuls les plus résistants s'en sortent. Il ne fait pas bon être faible dans cette jungle.
Turando doit apporter à sa famille quelque argent car son oncle, le chef de famille avec qui il est en conflit, le méprise et le pense inutile. Il accepte alors n'importe quel petit boulot, le plus souvent exploité par des hommes méprisants et avides de profit: Turando découvre la bassesse de la nature humaine.
Venant de son bled, le jeune homme ne connait ni le confort ni la modernité de la civilisation. C'est un véritable choc en même temps qu'une fascination qu'il éprouve en voyant Sidi Bel Abbès pour la première fois: les rues, le bitume, les maisons etc...Grâce à des amis du ghetto, il devient cireur de chaussures et se confronte pour la première fois aux français, aux blancs, aux riches. Cela ne lui réussit pas. Malgré tout, suite à une bagarre avec un boxeur blanc, Turando va faire une rencontre déterminante: un colon appelé DeStefano le repère et lui propose de venir s’entraîner dans son écurie de boxe. Turando accepte contre l'avis de son oncle qui ne voit là qu'une forme d'exploitation humaine et qui contredit la religion. De combat en combat, il va alors devenir un champion de boxe, profitant de ce sport comme d'un ascenseur social.
A partir de là, on va donc suivre la vie de Turando, aspiré par la gloire et l'argent, gravissant les échelons jusqu'à aller à Alger pour y disputer le titre de champion d'Afrique du Nord. Véritable guerrier sur le ring, Turando est un sentimental qui n'oublie pas d'où il vient, qui ne renie pas sa famille ni son peuple, finalement constamment tiraillé entre deux mondes qui s'affrontent.
Parallèlement, Turando découvre les femmes et l'amour mais rien n'est simple quand on est amoureux d'une française plus âgée: aux yeux des siens, on trahit les règles de la vie musulmane et aux yeux des blancs, on reste un "bicot" qui transgresse et salit la race blanche.
L'essentiel est dit, inutile d'en dévoiler plus.
Ce roman assez sombre m'a surtout plu pour sa fin, ses 50 dernières pages qui montrent les qualités d'écriture de Yasmina Khadra et offrent un dénouement fort en intensité et en lyrisme. C'est beau, violent et tragique, comme souvent chez Y.Khadra. Pour le reste, j'ai trouvé la mise en route du roman un peu longue, une thématique et un contexte déjà visités qui lassent un peu ( cf "Ce que le jour doit à la nuit") et même un peu de similitude dans le vocabulaire employé.
Au final donc... un livre qui vaut pour son final !!!
Magnifique!
Critique de Chapitre31 (TOULOUSE, Inscrite le 18 août 2013, 55 ans) - 27 août 2014
Vivement le prochain roman de cet auteur.. Un magnifique conteur et une très belle écriture.
le ko de la fin
Critique de Joanna80 (Amiens, Inscrite le 19 décembre 2011, 68 ans) - 5 mars 2014
Un très beau livre, du vrai Khadra, on y est dans l'Algérie des années 20. Mais..., j'ai eu un sentiment bizarre vers la fin du livre. Il y a le moment très fort où Turambo fait l'irréparable et après, ça va trop vite, ça bâcle à mon avis. J'aurais préféré que Khadra finisse le livre avant, je n'ai pas aimé la fin. Ca reste un très beau livre, je le conseille, juste un petit hic pour moi, mais qui suis-je...
Non pas trop !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 2 mars 2014
Les critiques sont en général élogieuses mais je ne peux me résoudre à lever les bras au ciel.
Ce livre se lit bien, c'est vrai. Il dépeint par touches brèves les conditions de vie de cette Algérie violée. On se prend d'empathie pour cet enfant des rues qui deviendra un célèbre boxeur.
Ceci dit Monsieur Yasmina Khadra vous avez raison sur deux points : Aucun bonheur n'est entier s'il n'est pas partagé. Quant à la questions des anges... oui c'est vrai... les anges meurent de nos blessures.
S'EN SORTIR OU PAS ?
Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 12 janvier 2014
Le jeune Turambo, dont le véritable prénom, Amayas sera révélé à la fin du roman, se lance dans la vie sociale. Il apprend avec un nommé Sid Roho le métier de cireur de chaussures. A cette précision près qu’il cire les chaussures des notables, des militaires, des colons européens, ce qui le rappelle à son état d’indigène, d’araberbère, selon le néologisme inventé par l’auteur du roman.
Dans ce cadre, celui de l’Algérie de l’entre-deux-guerres, il est très difficile pour un araberbère de s’imposer : il reste le sport de haut niveau. Turambo, dont certains ont constaté la puissance terrible de son poing gauche, apprend la boxe. Il participe aux compétitions des départements français d’Algérie. Il murit, devient homme en découvrant le sentiment amoureux avec Nina, l’amour physique avec Aïda, prostituée officiant dans une maison close d’Oran, et enfin avec Irène, fille d’un ancien champion de boxe, dont il est réellement épris au plein sens du terme. A travers cette évolution dans le milieu sportif, marqué par le cynisme, le business, le sens exclusif des affaires, il découvre le monde des Européens, les réceptions mondaines. Pourtant, on lui rappelle, brutalement, sa condition d’origine
« Il y en a qui ont réussi, parmi les nôtres. Des médecins, des avocats, des hommes d’affaire.
-Ah oui ! Ecarte tes œillères, mon gars. Vise-moi ces masses qui gueusent autour de toi. Tes héros n’ont même pas droit à la citoyenneté. C’est notre pays, la terre de nos ancêtres, et on nous traite en étranger et en esclaves ramenés des savanes. (…) J’ai vu un caïd révéré dans sa tribu se faire traiter de bougnoule par un simple guichetier blanc. Il faut savoir faire la part des choses, Turambo. Les évidences crèvent les yeux. Tu as beau les maquiller, leur vérité transperce leur camouflage… »
En arrière-plan de cette tentative de Turambo de s’arracher à la fatalité, il y a la description de cette Algérie des années 20-30, de cet état des choses : ces injustices, ces écarts entre les communautés. A tel point que Turambo, homme peu politisé, reçoit la visite de Ferhat Abbas avant un combat. Ce dernier lui souligne la nécessité de gagner ce combat : « Demain, nous voulons avoir notre champion d’Afrique du Nord pour prouver au monde que nous existons ». Turambo ne comprend guère le sens des propos de Ferhat Abbas, ni ses allusions à ses activités militantes, ne connaît pas l’existence de l’Amicale des étudiants musulmans, car il n’a pas été à l’école en ne sait pas lire.
Tout est dans cet aveu de Turambo, qui sombre à la fin du livre en prison car il a tué un partenaire de combat accidentellement. Il est en proie à de multiples interrogations durant son long séjour au bagne : « Sais-tu pourquoi nous n’incarnons plus que nos vieux démons ? C’est parce que les anges sont morts de nos blessures. »
Peut-on sortir du ghetto dans l'Algérie du début du 20ème siècle ?
Critique de Marveau (, Inscrit le 11 novembre 2013, 64 ans) - 27 décembre 2013
Turambo est confronté à l'extrême pauvreté, au racisme ordinaire de la part des colons européens mais aussi à l'amitié et l'Amour.
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