Julip de Jim Harrison

Julip de Jim Harrison
( Julip)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 26 juin 2003 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 713ème position).
Visites : 5 596  (depuis Novembre 2007)

Des personnages très attachants

Julip est une jeune femme d'une vingtaine d'années qui vit dans le nord des Etats-Unis. Elle a un frère, Bob, un peu simplet mais pas méchant. Son père était un grand éleveur de chiens, mais était aussi alcoolique. Un soir, il s’est endormi, ivre mort, dans son sac de couchage sur une aire de repos. Le matin, on l'a retrouvé mort écrasé par une voiture. La mère ne pensait qu'à faire la cuisine et n'avait jamais une seconde à consacrer à ses enfants. A la mort du père, elle a dit qu’il s'était suicidé et, quelques mois plus tard, elle est partie vivre ailleurs avec un des riches clients du père.
Dès le début de l’histoire, nous retrouvons Bobby en prison. Il a estimé que sa sœur s'était « souillée » avec trois hommes
et s’est vengé d’eux. Il les a retrouvés alors qu'ils étaient à la pêche en Floride, s’est planqué sur un pont et leur a tiré dessus avec un fusil. Il s’est contenté de les blesser. Au procès tout le monde, même le juge, a tenté qu'il plaide la folie, mais il a refusé.
Pour le faire sortir, Julip n’a qu'une solution : obtenir des trois hommes qu'ils retirent leurs plaintes contre Bobby. Ils ont tous les trois la quarantaine, boivent comme des trous, fument des joints, et parfois pire. Ils pêchent toujours ensemble et ont profité d’elle tous les trois.
Julip est une solide jeune femme, sait ce qu'elle veut et comment s’y prendre avec les hommes. Elle sait aussi qu’elle est terriblement bien foutue et que tous les hommes la regardent en ayant envie d'elle. Tantôt elle en joue cyniquement, tantôt cela l’excède. Mais elle fera l'amour avec l’avocat de son frère et envisagera de le faire avec le juge mais, lui, c’est parce qu'elle le trouvait vraiment pas mal !
Elle va fixer rendez-vous aux trois hommes au même endroit mais à quinze minutes d'intervalle. Elle doit réussir !. Très vite, on découvre toute la tendresse qui existe entre elle et ces hommes.
Le personnage central est évidemment Julip. Julip avec toutes ses facettes : éleveuse de chiens comme son père, dure et sans pitié pour sa mère, aimante pour son frère et Marcia sa cousine givrée, tendre et dure avec les hommes. Dure avec elle-même aussi, mais forcée d’admettre qu’elle aimait vraiment le premier des trois et qu’elle éprouve une énorme tendresse pour les deux autres, tant ils sont faibles.
Cette nouvelle est pleine de l'obsession du sexe, de la terrible beauté, de la fascination, de l'attraction qu'exerce le corps féminin de façon quasi irrépressible sur les hommes. Surtout sur des hommes qui viennent d’atteindre la quarantaine et qui estiment être déjà très, très vieux.
La seconde nouvelle nous ramène à notre ami Chien Brun. Il vit momentanément avec une certaine Rose, dans le Michigan, et ce qu’il préfère en elle ce sont ses seins. On le comprend, pour le reste elle passe tout son temps à boire et à regarder la télé…Elle est amoureuse d'un autre que lui, mais celui-ci est retenu ailleurs pour un temps. Chien Brun cohabite aussi avec la mère de Rose et les deux enfants de cette dernière. Surtout Baie qui est un peu simple d'esprit et pas comme les autres. Mais voilà, Chien Brun s’est fait avoir quelques mois auparavant par une superbe jeune femme, archéologue, à qui il a révélé, contre une solide partie de jambes en l'air, le secret d’un cimetière indien. Voilà qu’il devient célèbre, a sa photo dans la presse, mais y est qualifié de pilleur de tombes ! Une notoriété qui ne lui vaudra que des ennuis et il est bien maladroit pour en sortir. En plus, nous sommes à l'époque de Reagan et Harrison écrit : « .mais il était tout aussi difficile de transmettre un rapport aussi simpliste dans un climat politique où la conspiration était la seule manière satisfaisante de gagner sa croûte »
La dernière nouvelle, « Le dolorosa beige », nous raconte l’histoire d'un ancien professeur de littérature anglaise dans une université du sud Michigan. Quand nous faisons sa connaissance, il vit dans une annexe du ranch des richissimes beaux-parents de sa fille. Sa femme l'a plaqué il y a des années pour épouser le doyen de l'université, mais après l’avoir déjà trompé abondamment. Suite à un complot d’élèves, l’université l'a mis à la semi-pension. Mais plus réalistement, elle l'a éjecté. Complètement déboussolé, il a la certitude qu'il est atteint de la maladie d’Alzheimer et que son cerveau se liquéfie complètement. Il se repasse sans cesse sa vie et cela n'arrange rien à son état. A part la famille des gardiens, les Verdugo, le ranch est tout à fait vide en dehors des chevaux, des vaches, des taureaux, des chiens et des chats.
En dehors de l'université, de la littérature anglaise et de l’Angleterre, il ne connaît absolument rien à la vie et encore moins à la nature. C’est pourtant la lente découverte de celle-ci qui va le sauver de ses fantômes et il dit : « Je dois avouer que la nature a éliminé chez moi toute pulsion suicidaire occasionnelle. » et encore « Observer attentivement les étoiles, la lune, le soleil ou la terre est d'une grande aide quand on désire cesser de se parler. »
Quant aux animaux, ils ont l’avantage suivant : « Ils ne restent pas éveillés dans le noir ni ne pleurent sur leurs péchés. »
Un très bon Jim Harrison, surtout pour « Julip » et « Le dolorosa beige »

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Un personnage très attachant

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 28 juin 2003

J'ai lu ce recueil de trois nouvelles, il y a 1 an, et j'en ai gardé un bon souvenir. Les personnages sont entiers et fascinants, comme toujours dans les romans de Jim Harrison. Pour ma part j'avoue avoir eu un faible pour Chien Brun l'anti-héros de "L'homme aux deux cents grammes", personnage haut en couleur, Indien à ses heures perdues, baroudeur au coeur tendre et prêt à toute éventualité d'une partie de jambes en l'air, toujours le plus courageux quand il s'agit de s'enfuir pour échapper aux ennuis dans lesquels il a le chic pour se fourrer à chaque fois. Un personnage très attachant, dont on se sent très proche, peut être à cause de ses faiblesses auxquelles il succombe facilement avec beaucoup d'ingénuité. Chien Brun apparaît, pour la première fois, dans une nouvelle qui figure dans "La femme aux lucioles" intitulé tout simplement "Chien Brun" et il est de nouveau présent dans "En route vers l'Ouest" (mais je ne l'ai pas encore lu).
Les deux autres nouvelles sont, comme le dit si bien Jules, toutes aussi excellentes.

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