Classique et efficace

Il s’agit du premier roman policier de Ngaio Marsh. Il a été écrit en 1934 et il est aussi l’occasion de découvrir l’inspecteur Roderick Alleyn qui sera un personnage récurrent dans une trentaine de romans de Ngaio Marsh. Ce premier roman de l’auteur néo-zélandaise est caractéristique de son travail et c’est ce que je vais tenter de vous expliquer.

Tout d’abord, Ngaio Marsh, fille d’un couple de comédiens est fondamentalement fascinée par le théâtre. Toute sa vie, malgré le succès de ses romans policiers, elle continue à enseigner l’art dramatique et à monter et produire des spectacles. Mieux, ses romans policiers sont très orientés sur le théâtre, les milieux et les personnages de cet art qu’elle admire profondément. Elle aime, aussi, dans ses romans, insérer des séquences où le rythme verbal est imprégné de la joute théâtrale. Enfin, dans ce premier roman en particulier, il imagine une Murder Party qui finit mal et en enfermant ses personnages dans un jeu, dans une maison, elle provoque un jeu encore plus proche du théâtre où chacun peut jouer son rôle, parfois même en trichant…

Deuxième point spécifique de cette romancière, c’est qu’elle est résolument classique. Elle ne cherche pas dans ses romans à se prendre pour autre chose qu’une romancière de policier, c’est à dire un auteur qui doit ciseler au millimètre près ses scénario pour que tout soit logique, compréhensible et évident quand l’inspecteur va expliquer le meurtre enfin d’histoire. Pour cela elle entre parfaitement dans le club des grandes romancières policières de son époque que sont Patricia Wentworth et Agatha Christie. Certains regretteront peut-être ce classicisme qui parfois semble enfermer le talent sans lui donner la possibilité de s’épanouir pleinement. A l’inverse, d’autres admireront ce talent et cette maitrise qui font de Ngaio Marsh une romancière proche des mathématiciens ou des scientifiques capable de tout prévoir, tout envisager… Réconfortant, surprenant, excitant ! Dans ce roman, je vous conseille de prendre une feuille et un crayon, surtout quand chaque personne de la maison dira où elle est, ce qu’elle a fait et à quelle heure et quand les alibis deviendront plus ou moins public et validés… Fascinant de voir comme elle a construit cette Murder Party qui se déroule dans une propriété durant un week-end typiquement britannique…

Troisième point de l’œuvre de Marsh, et pas des plus évidents à deviner pour un néophyte, c’est que tout ou presque se déroule en Angleterre. Cette néozélandaise qui a découvert la Perfide Albion à l’âge de 34 ans, a trouvé dans cette terre lointaine un objet d’admiration et un microcosme fatal pour ses intrigues. Elle aime cette Angleterre et, pourtant, elle maltraite ses classes dirigeantes et culturelles sans aucun scrupule : ces êtres sont tantôt criminels tantôt victimes, dans certains cas témoins ou complices, mais dans toutes les situations elle les observe se débattre dans la nasse qu’elle a elle-même créée de façon jubilatoire… Et nous jouissons de cette situation pour notre plus grand plaisir de lecteur assidu de romans policiers… Ils viennent passer un week-end dans la propriété d’un homme en vue, ils sont entre amis, ils jouent et un homme meurt assassiné… L’inspecteur, avec un flegme spectaculaire, prend le temps de trouver les dessous de l’affaire comme s’il s’agissait d’un jeu… Il y a du Sherlock Holmes, du Poirot, du Silver ou du Marple dans tout cela, quelque chose de fondamentalement anglais… Isn’t it ?

Allez, laissez-vous tenter !

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  Et vous êtes priés d'assister au meurtre de... [Texte imprimé] par Ngaio Marsh

  de Hardellet, André
  10-18 / 10-18
  ISBN : 9782264001863 ; 5,97 € ; 02/03/1995 ; 223 p. ; Poche