Tendre est la nuit de Francis Scott Fitzgerald

Tendre est la nuit de Francis Scott Fitzgerald
( Tender is the night)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 23 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 956ème position).
Visites : 9 801  (depuis Novembre 2007)

Un beau livre, bien écrit, nostalgique

Une jeune fille, Rosemary, arrive avec sa mère dans un hôtel de la Riviera, proche de Cannes.
Nous sommes après la guerre de quatorze dix-huit. Sa description par Scott Fitzgerald est un régal et donne une idée de l’étendue de son art : " Son corps se tenait délicatement sur le dernier fil de l’adolescence & elle allait avoir dix-huit ans, et atteindre sa plénitude, mais on voyait encore sur elle des traces de rosée. ".
Sur la plage, Rosemary rencontrera vite un groupe de jeunes, qu'elle estime être des Américains. Elle a surtout l'œil attiré par une jeune et belle femme, au collier de perles, et un jeune homme qui a l’air d’être avec elle. Le groupe est assez bruyant, s'amuse, et elle se laisse facilement attirer par eux. Sa mère en marquera une certaine inquiétude, mais cela passera.
Ce sont Dick et Nicole Diver qui mènent un peu ce groupe, les autres gravitant autour d'eux. Elle les trouve plein de classe et très raffinés, et se prend d’amitié pour eux. Dick lui déclare " Je n'avais pas vu, depuis longtemps, une jeune fille donnant à ce point l’impression d'un bourgeon qui s'ouvre. ", et la voilà effondrée, en pleurs, dans les bras de sa mère, lui déclarant qu’elle est amoureuse de lui, mais qu'elle est très amie avec Nicole aussi. Et pourtant, sa mère rentrera aux Etats-Unis, alors qu’elle restera avec tout le groupe et ira à Paris avec eux. Là, ils mènent tous la vie de " la génération perdue ", comme les a appelés Gertrude Stein. Ils vont de café en café, de boîte en boîte, et les femmes passent leurs matinées à dormir et l’après-midi à dévaliser les magasins parisiens. Quant à ces hommes, on dirait qu’ils n’ont strictement rien d'autre à faire que de se retrouver devant un verre, entourés de jolies femmes.
Rosemary deviendra la maîtresse de Dick, mais saura bien vite que celui-ci ne quittera pas Nicole. Il y a entre eux comme un pacte. Elle le sent, mais n'arrive pas à le percer. Quel est ce pacte ?. A vous de le découvrir en lisant ce très beau roman.
A sa parution, Hemingway s'est disputé avec Scott et lui a dit qu’il avait par trop triché ! Parce que Dick et Nicole ressemblaient trop à Scott et Zelda ? Je ne sais pas ! En tout cas, vous découvrirez dans ce livre à quel point Scott Fitzgerald était un écrivain des plus doués. Ses descriptions sont d'une finesse incomparable, il a presque un côté féminin dans l'écriture. Une prémonition ?: " Se sentir solitaire, tant d’esprit que de corps, incline vers la solitude, et la solitude elle-même incline à plus de solitude encore. ". Ce sera malheureusement le destin de Scott !.

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L'angoisse derrière la frivolité

10 étoiles

Critique de Sinz (, Inscrite le 21 avril 2022, 44 ans) - 22 avril 2022

De riches esthètes s'amusent, insouciants en apparence. Parmi eux, Dick, un toubib dont l'épouse, Nicole, est névrosée. Débarque une fille qui va tout remettre en question et, tandis que Nicole remonte la pente, Dick va sombrer peu à peu dans la dépression.
"Tendre est la nuit" est une histoire d'amour déchirante, largement du niveau de "Gatsby" à tous points de vue.
A lire absolument.

Les feux de l'amour

3 étoiles

Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 50 ans) - 1 janvier 2010

L'ennui.
Comme si vous étiez face à votre petit écran, devant "les feux de l'amour", en vous demandant pourquoi vous regardez "ça" ...

Un beau docteur, des robes de soirées, des cocktails, un duel au pistolet, des balades en voiture sur la corniche, de l'alcoolisme, de l'adultère, des bagarres ... tous les ingrédients d'un soap sont réunis. A la différence qu'aucun rebondissement ne vient troubler le récit, et qu'à la fin, lorsque le scénario est censé vous tenir en haleine, vous vous demandez encore pourquoi vous avez tenu à aller jusqu'au bout ...

J'ai trouvé le personnage de Dick pitoyable : tomber amoureux d'une beauté, soit, mais d'une malade ?! jusqu'à se marier avec elle (sans la connaître) ; à quoi cela peut-il bien mener ... ?

Nicole. On comprend sa folie, mais elle est exaspérante.

La jeune Rosemary n'est qu'un instrument dans le scénario qui fait que son personnage n'a que peu d'intérêt.

Non vraiment, à part un texte bien écrit, et le charme désuet d'une époque et d'une société rêvées au cinéma de quartier, je ne vois pas l'intérêt de s'y attarder.

Nostalgique

9 étoiles

Critique de Janiejones (Montmagny, Inscrite le 20 avril 2006, 39 ans) - 10 mai 2007

Un livre qui m'a époustouflée, un des meilleurs de Fitzgerald, avec une ambiance feutrée et nostalgique, celle qui caractérise tous ses romans. À lire et à relire.

De la tension dans la lumière

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 26 décembre 2005

Ce livre commence de manière solaire et insouciante, et on se prête à rêver de se plonger dans cette atmosphère superficielle et légère de l'entre-deux-guerres. Tout et tout le monde est beau, tout va bien et ne peut que bien se passer.
Puis quelques grains de sables viennent enrayer la machine, la tension monte, au fur et à mesure que l'intrigue avance et que s'annoncent les difficultés.
Cela ressemble à du Hitchcock : tout est dans le crescendo, dans la subtilité du changement d'ambiance, de la désillusion après l'amour fou.
Voilà comment un si beau monde s'enraye : de la même manière qu'il s'est créé, avec doigté et panache, car il faut sauver de si belles apparences.

Un inceste et un couple factice

10 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 26 décembre 2005

Le coeur du roman de Scott Fitzgerald est l'inceste subi par Nicole et son séjour en clinique où elle fait la rencontre du beau docteur Diver, un aliéniste, qui devient sa béquille. Dick Diver tombera amoureux de Nicole et l'épousera afin de la protéger et de la soutenir face à sa névrose dont elle finira par guérir au bout de près de sept années de souffrance. Dick est un époux dévoué, qui aime sa femme sincèrement et ne désire que son bonheur. Mais, il fait la rencontre de Rosemary Doyt, une jeune actrice hollywoodienne qui lui inspirera un désir qu'il ne pourra contrôler et lui fera perdre la tête, finissant par tromper Nicole à plusieurs reprises. Celle-ci finira par l'imiter, mettant ainsi fin à leur mariage, dont elle n'a plus besoin, étant guérie de sa maladie mentale.
Le roman de Fitzgerald est admirable. L'écriture est très belle, dense et poétique. Plusieurs paragraphes sont de purs chefs-d’œuvre et gagnent à être lus plusieurs fois afin de bien en saisir toute l'essence. L'action se situe dans les années vingt, chez les gens riches et célèbres faisant partie du gratin de l'époque. Fitzgerald y dépeint d'une façon sublime les grandeurs et aussi les misères de cette classe sociale privilégiée qui dissimule de nombreux scandales et tares. Les personnages sont pathétiques et particulièrement tourmentés. Dick Diver, le médecin renommé mais qui boit trop, Nicole sa femme, fragilisée mentalement suite à l'inceste, Rosemary, la jeune actrice hollywoodienne débutante et tous les autres qui gravitent dans ce petit univers créé par Fitzgerald.
Ce qui ressort de ce roman, c'est l'atmosphère de pessimisme et de décadence qui imprègne chaque page, laissant le lecteur inquiet et redoutant le pire. L'histoire ne manque pas d'intérêt mais c'est l'écriture qui est exceptionnelle, rendant le livre inoubliable. La fin m'a déçue et je trouve qu'elle n'est pas à la hauteur du reste. Je m'attendais à une conclusion plus dramatique et je suis restée sur ma faim mais pour le reste, j'ai vécu un grand moment de lecture.

Dick et Nicole

8 étoiles

Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 16 mars 2005

Je l'ai lu il y a bien longtemps. C'est cependant un livre qui m'a profondément troublée.
Au début, on ressent un sentiment de légèreté, d'inconsistance, avec ces personnages qui se croisent, se parlent de façon très superficielle, comme si tout était recouvert d'un voile léger, ils coulent des jours en apparence faciles faits de mondanités et d'insouciance.
Et puis tout bascule et c'est là tout l'intérêt de ce livre magnifique.
La scène dans la salle de bain nous révèle la vraie nature de Dick et de Nicole, le "continent noir" de leur relation avec tout ce qu'elle a, à la fois de tendre peut-être, de cruel sûrement et d'irrémédiablement dévastateur. On a le sentiment que c'est le début de la descente aux enfers, longtemps éludée, gommée, tenue à distance. Mais cette chute est depuis toujours inscrite dans l'histoire de ce couple, tant il est vrai qu'ils ne se sont pas choisis au hasard, s'ils se sont choisis…
Dick est berné, foutu, on finit par se rendre compte que c'est Nicole et sa famille qui mènent le jeu, en dépit des apparences. Dick est une marionnette, un instrument. Le fric et la puissance de la famille de Nicole tendent à chaque fois des filets pour sauver les apparences et tenter d'amortir la chute de leur fille et lorsqu'il n'est plus utile, lorsqu'il ne joue plus le jeu qui lui a été dévolu, Dick est écarté comme un malpropre.

Chute à travers les nuages

9 étoiles

Critique de KnightofNi (, Inscrit le 14 mars 2005, 52 ans) - 14 mars 2005

Béatrice, tu n'as rien compris : ce qui rend ce livre extraordinaire c'est justement ce sentiment de flottement qui finit par transformer la narration en une expérience anxiogène surprenante. Je m'explique : les choses -ie. les relations entre Dick et Nicole - se dégradant d'une façon si intangible et légère (je pourrais développer, par ex la façon très subtile dont l'alcoolisme - et donc le malaise- de Dick est annoncé), on est pris d'une vraie angoisse vers la fin du livre car rien ne semble pouvoir arrêter cette chute.
C'est l'utilisation remarquable que fait FSF de ce style nonchalant et frivole dans les deux parties du livre (le début angélique, la seconde partie cauchemardesque) qui marque le chef d'oeuvre.
Un bémol pour la traduction ignoble de l'édition de poche chez j'ai lu, les phrases strictement incompréhensibles se succèdent à un rythme élevé. Dommage.
Ce roman est du même tonneau que les Ailes de la colombe ou Au dessous du volcan. Le top.

Avis mitigé

5 étoiles

Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 14 octobre 2004

Le registre dominant est nonchalant et frivole ; ça fonctionne très bien sur le premier tiers, lorsque Fitzgerald dépeint l’existence oisive et le charme sophistiqué du couple Nicole et Dick.

Mais lorsque le romancier nous raconte le passé du couple - leur rencontre, la maladie de Nicole, le déchirement de Dick - le ton manque de tension dramatique. Une langueur comme si on évoquait une soirée mondaine chez Lady Caroline Sibly-Biers, reine décadente des nuits glamour-chic.
Un autre reproche : les personnages secondaires opaques ne réussissent pas à capter l’intérêt du lecteur, leur péripéties semblent trop anecdotiques.

... Pour finir, je suggère un exercice ludique : imaginer un couple glamour d’aujourd’hui qui ressemblerait au duo du roman. Par exemple Johnny Depp et Vanessa Paradis, ou bien ...

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