Triboulet de Michel Zévaco

Triboulet de Michel Zévaco

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par CC.RIDER, le 30 novembre 2013 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 8 étoiles
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Feuilleton de cape et d'épée

Le roi François Ier commence à se lasser de sa maîtresse, Madeleine Ferron, plus connue sous le vocable de « La belle Ferronnière ». Pour s'en débarrasser définitivement, il fait en sorte que Ferron découvre son infortune. Son esprit est occupé par Gillette, une jeune fille de 17 ans qui se révèle être la fille adoptive de Triboulet, le célèbre fou que toute la cour redoute. L'ennui c'est que Gillette n'aime pas du tout François, bien trop âgé, bien trop cruel et bien trop cynique à son goût. Elle n'a d'yeux que pour le beau Manfred, un jeune homme sans fortune, fort habile à l'escrime et très apprécié dans le monde interlope des truands de la Cour des miracles.
Plus roman d'aventures ou de « cape et d'épée » que véritable roman historique, cet ouvrage fort bien écrit nous entraine dans l'ambiance plutôt délétère de l'entourage d'un François Ier aigri, vieillissant, coureur de jupons et d'une mentalité plus proche de celle d'un spadassin ou d'un prédateur que de celle d'un chevalier sans peur et sans reproche. Au fil d'évènements particulièrement rocambolesques, le lecteur rencontre de nombreux personnages historiques comme Rabelais, Monclar, Etienne Dolet ou Ignace de Loyola, froid, sadique et obsessionnel religieux espagnol, véritable décalque du terrible inquisiteur Torquemada ou bien enfin l'intrigante Diane de Poitiers, si pressée de voir François Ier quitter la scène pour laisser le trône au Dauphin, le futur Henry II. Il fait également connaissance avec le monde impitoyable des mendiants, tirelaines, coupeurs de bourses, ribaudes et autres truands qui officient la nuit dans un quartier aux petites rues qui sont de véritables coupe-gorges et tiennent leurs quartiers dans leur inexpugnable bastion de la Cour des Miracles. Au total, énormément de personnages négatifs voire repoussants pour un petit nombre de positifs comme Gillette, Manfred, Lathenay ou Rabastens. L'action, les rebondissements, les histoires d'enfants volés, perdus ou retrouvés, d'ascendance noble mais élevé par de pauvres gens ne manquent pas. En filigrane, l'éternel message anarchiste de Zévaco : la seule noblesse qui vaille est celle du coeur. Elle est plus facile à trouver chez les pauvres que chez les nobles... Reste que grâce au style fluide et enlevé de l'auteur, le lecteur a grand plaisir à lire cet ouvrage de divertissement construit sous la forme bien connue du feuilleton. Seuls regrets, les énormes privautés prises avec la vérité historique : un faux livre « hérétique » édité et publié par Loyola lui-même sous le nom de Calvin placé chez Dolet pour le faire arrêter ou cette improbable invasion du Louvre par toute une armée sortie des bas-fonds de la Cour des miracles ou Calvin et Loyola invités par un Rabelais sarcastique pour un incroyable dîner. Et pour connaître la fin de cette histoire abandonnée en plein milieu, il faut lire le second tome, « La Cour des miracles ». Pour les amateurs du genre.

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