Les hommes de l'Emeraude de Josef Kjellgren

Les hommes de l'Emeraude de Josef Kjellgren

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Cyclo, le 30 novembre 2013 (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans)
La note : 10 étoiles
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Exceptionnel : les forçats de la mer

Victor Hugo a intitulé son roman - fort beau d'ailleurs - "Les travailleurs de la mer". J'utilise ici à dessein ici le titre du chapitre que Jean-Pierre Brèthes a consacré à Joseph Kjellgren dans son beau recueil d'études "D'un auteur l'autre" (L'Harmattan, 2009), et je lui emprunterai quelques éléments de ma présentation de ce très grand livre, à mettre sur le même plan que les romans de Conrad ou de Melville.
Kjellgren fait partie de l'école des écrivains prolétariens suédois, qui comprend de très très grands auteurs, comme les deux prix Nobel Eyvind Johnsson et Harry Martinson, Ivar Lo-Johansson ou l'auteur de la "saga des émigrants", Vilhelm Moberg. Comme tous ces écrivains, Kjellgren a bourlingué et tire son écriture de sa riche expérience de travailleur. Il a donc travaillé comme membre d'équipage sur des cargos, ce qui donne l'impression d'authenticité extraordinaire des "Hommes de l'émeraude".
Précédemment parus aux éditions Plein chant, dans l'excellente collection de littérature ouvrière et paysanne "Voix d'en bas", Les "Hommes de l'émeraude" sont un immense roman en deux parties, qui se déroule en 1938, lors de la montée du nazisme. L'auteur y décrit la vie ou plutôt la survie de marins sur un cargo, "vieille bête de somme malmenée par les flots", condamné à mort par ses armateurs. Dans la deuxième partie, "La chaîne d'or", le cargo a sombré, et les survivants luttent sur un canot de fortune trop petit pour les contenir tous. Tous ces hommes ont "dans le sang, depuis des générations, l’habitude de la lutte en commun contre la cruelle férule de la réalité", l'auteur les saisit de l'intérieur, chacun avec son individualité, sa capacité d'amitié ou d'égoïsme, mais tous liés par "cette vaste camaraderie des gens de mer. Il était inutile d’en parler. Elle existait, aussi naturelle et indispensable que la respiration elle-même". Elle va jusqu'à la solidarité qui se poursuit même au-delà de la mort. Markus, surnommé "l'évangile", tuberculeux débarqué à Ténériffe, envoie à ses camardes une dernière lettre avec son argent, à envoyer aux républicains espagnols en lutte. Le naufrage est hallucinant...
Un très très grand roman, dans une traduction brillante de Philippe Bouquet, un des meilleurs traducteurs du suédois !

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