Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift

Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift
( Gulliver:':s travels)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Pendragon, le 17 juin 2003 (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 968ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Satire en longueur...

Qui ne connaît pas les fameux voyages de Gulliver, ou du moins son premier ? Qui n’a pas vu de dessins animés ou de films représentant le pauvre Gulliver étendu sur la plage et recouvert de centaines de ficelles retenues par des centaines de Lilliputiens ? Bon, jusque là, tout va bien, mais qui sait que Gulliver a fait quatre voyages ? Et qui sait que « Gulliver » est avant toute chose une comédie satirique destinée à égratigner le gouvernement en place, c’est-à-dire George II et la Reine Anne ?
Quand on sait qu’une loi en vigueur dans l’Angleterre du XVIII ème siècle permettait aux autorités, par privilège spécial de Sa Gracieuse Majesté, de faire couper les oreilles de l’auteur et de son imprimeur, on comprend mieux que Swift ait pris quelques précautions pour ne pas finir au pilori comme Daniel De Foe en 1704 !
Et Swift d’imaginer donc des voyages fantastiques pour Gulliver lui permettant de critiquer les catholiques, les protestants, les papistes et autres religieux, les « tories » (aristocrates) et les « whigs » (bourgeoisie du haut du panier), la répression irlandaise, la politique, la cour, la noblesse et de manière générale, le genre humain dans son ensemble ! Tout y passe, de mesquineries en luttes intestines, d’abus en hyperboles d'outrance, de mensonges en vilenies, c'est toute la société qui est remise en question dans son écrit philosophique et donc (à l'époque) hautement politique.
Le premier voyage de Gulliver le conduira dans l’île de Lilliput où il rencontrera des êtres de cinq pouces. De par sa taille, on n'ose pas lui faire grand chose et le roi préférera être son ami plutôt que son ennemi (allusion claire, encore valable de nos jours). Gulliver côtoie des Lilliputiens aux talons élevés et d’autres aux talons bas (allusion à la Haute et Basse Eglise Anglicane), le roi, bien sûr, en porte un de chaque ! Ce même roi l'utilisera pour gagner la guerre contre un peuple voisin et tentera ensuite de se débarrasser du pauvre Gulliver (classique aussi). Ah oui, la cause de la guerre : certains mangent les œufs en coupant le petit bout, les autres commencent par le gros bout ! Enfin, toujours est-il que notre brave Gulliver se doit de fuir car certains courtisans, jaloux de lui, ont juré sa perte.
Son deuxième voyage l’emmène au pays des géants, Brobdingnag, et là, c'est lui qui fait figure de Lilliputien, il sera donc soumis au bon vouloir de tous et traité, au mieux, comme un petit animal de foire. Bien entendu, il arrive à la Cour et aura donc plus d'une occasion de s'entretenir avec le roi à qui il fera un compte-rendu détaillé de la vie en Angleterre. Point d’égratignure, non, mais des allusions, des sous-entendus et une remarquable collection de phrases à double sens !
Son troisième voyage le conduit dans l'île de Lindalino, que domine, au sens propre du terme, l’île volante de Laputa (on notera que l'allusion à l’Angleterre et à l’Irlande semble évidente à l’époque). Celle-ci abrite des centaines de savants plus hurluberlus les uns que les autres (untel cherche à obtenir des rayons de soleil au départ d’une citrouille, untel fait manger des formules mathématiques à ses élèves, untel transforme les déchets en nourriture…). Bref, c'est l'occasion pour Swift de se moquer de savants du moment qu’il ne semble pas porter dans son cÏur : Newton, Halley, Boyle, Molyneux, … De l’île, il descendra à Glubbdubdrib (il a de ces noms, j’te jure !) refuge de devins et de nécromants, l’occasion pour Swift de discuter avec les grandes figures du passé et de remettre en place certaines notions d’histoires. Il ose, notamment, demander à voir tous les ancêtres réels du roi actuel et n'est guère surpris de tomber sur palefreniers, servantes et paysans, justifiant cela par la consanguinité débilitante poussant à la consommation en dehors des liens du mariage…
Son dernier voyage le mène au pays des Houyhnhnms qui sont de magnifiques chevaux sans la moindre trace de vice ou de rancoeur… Les Yahoos ont, dans ce pays, figure humaine mais présentent toutes les marques de la pire bestialité. On s'en doute, c'est l'occasion pour Swift de taper allégrement sur le genre humain… Il sera là aussi accepté et écouté par tous les Houyhnhnms (il n’y a évidemment pas de roi), et tous auront pitié de ce pauvre Yahoo évolué qui est obligé de vivre en Angleterre avec tous ces autres Yahoos vils, méprisants, infâmes, infects, guerroyeurs, abjects, ignobles, envieux, traîtres, arrogants, suffisants, cupides, délateurs, etc, etc, etc, .
Je terminerai enfin cette (longue) critique par mon appréciation : oui, c'est intéressant, mais près de trois siècles plus tard, il est difficile d'y déceler toutes les allusions au gouvernement de l'époque et bien sûr, nous y perdons un peu au change. Cela dit, il me paraît clair que certaines critiques sont toujours valables et toujours d’actualité !
J'aimerais d’ailleurs séparer la cote : 4 étoiles pour la satire et 3.5 pour l’écriture et le style qui tire parfois un peu en longueur.

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Les éditions

  • Voyages de Gulliver [Texte imprimé] Jonathan Swift traduit et annoté par Jacques Pons d'après l'édition de Émile Pons ; préface de Maurice Pons
    de Swift, Jonathan Pons, Maurice (Préfacier) Pons, Jacques (Editeur scientifique) Pons, Émile (Editeur scientifique)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070365975 ; 5,91 € ; 26/05/1976 ; 443 p. ; Poche
  • Les voyages de Gulliver [Texte imprimé] Jonathan Swift présentation, notes et chronologie par Alexis Tadié trad. inédite par Guillaume Villeneuve
    de Swift, Jonathan Tadié, Alexis (Editeur scientifique) Villeneuve, Guillaume (Traducteur)
    Flammarion / G.F..
    ISBN : 9782080709691 ; 8,30 € ; 24/10/1997 ; 421 p. ; Poche
  • Les Voyages de Gulliver
    de Swift, Jonathan
    Gallimard / Le livre de poche
    ISBN : SANS000003900 ; 01/01/1964 ; 448 p. ; Broché
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Les Yahoos cette vermine

4 étoiles

Critique de Oburoni (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans) - 2 avril 2013

Un récit de voyages, l'un des premiers romans anglais (avec 'Robinson Crusoé' de Defoe, publié sept ans auparavant) dans lequel le narrateur, Gulliver, marin endurci, va connaitre en l'espace de près de 16 ans différents naufrages, s'échouer tour à tour sur une île peuplée par des créatures minuscules (les Lilliputiens), une par des géants (les Brobdingnag), une où il aura l'occasion de s'entretenir avec les grands hommes du passé et de son choix et, enfin, une où des chevaux anthropomorphes (les Houyhnhnms) dominent et méprisent des êtres primitifs (les Yahoos) dont on devine très vite qu'ils sont des êtres humains.

Un tel récit, fantaisiste à souhait, est certes un excellent moyen de s'adonner à la satire sauf que, quatre voyages... c'est trop long ! Les périples répétitifs de Gulliver, ajoutés aux longues descriptions des us et coutumes de tous ces différents peuples sont vite rébarbatifs et lourds. Quant aux critiques de la monarchie anglaise du XVIIIème siècle, elles sont certes sévères, délicieuses de par leur haute impertinence (effectivement risquée) mais, au-delà d'un tel contexte historique le livre ne parlera pas beaucoup à des lecteurs contemporains. Tristement en effet, plus ces voyages s'étirent en longueur et plus la satire vire à la caricature grossière, au point que les attaques contre les Yahoos, chapitres qui terminent le tout, finissent par être aussi extrêmes et outrancières que ridicules. En fait, à moins d'être un misanthrope forcené je ne vois pas trop quel régal on peut trouver dans de telles pages.

Un récit qui, pour moi en tous cas, a fait son temps.

Que ne sommes nous des Houyhnhnms...

10 étoiles

Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 28 septembre 2012

Je ne peux que me joindre à l'avis général. Je ne sais ce qui m'est passé par la tête, mais l'envie me prit de lire un livre vieux de trois siècles, complètement lavé de tout dialogues et de phrases courtes. Eh bien, je puis dire que ce bon anglican endurci de Jonathan Swift m'a bien surpris. Il nous bringuebale de naufrage en naufrage, d'île en île... Il nous fait découvrir - fort habilement d'ailleurs - des pays fantastiques, où l'on se fait la guerre pour des oeufs, un autre où le bon sens est interdit...
Non sans ironie, l'auteur nous interroge sur les incohérences de notre société : notre justice, la Cour, nos relations entre voisins... Et il nous présente une société que l'on pourrait qualifier d'utopique (je n'aime pas ce mot) où les chevaux, contrairement aux hommes, auraient échappé au péché originel et dont la civilisation aurait tellement plus de sens que la nôtre...

Jonathan Swift a su faire un excellent compromis entre récit philosophique et voyages merveilleux.
La fin est tragique et mélancolique ; et en tournant la dernière page, le lecteur ne sait plus quoi admirer, quoi rejeter : cette société dénuée de sens dans laquelle il vit, ou ceux qui veulent s'en détacher, avec aigreur et mépris...

Les Voyages de Gulliver

7 étoiles

Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 30 janvier 2012

Ce roman n'est pas mauvais mais j'ai l'impression d'avoir vraiment manqué quelque chose à cause de mon manque de connaissance des évènements de l'époque en Angleterre. Je sais que Swift critiquait la société de son époque. Si certaines critiques envers les scientifiques et la religion sont évidentes, d'autres le sont beaucoup moins.

Dans le même genre de livre, je préfère Voltaire avec Candide ou Zadig. De plus, il y a certains passages qui sont longs et ennuyants comme le voyage dans le pays des géants. Cependant, j'ai bien aimé la dernière partie avec le monde des Houyhnhnms.

Ça reste que ce livre a été très influent dans le monde anglo-saxon et pour moi, c'est une bonne chose de l'avoir lu pour ma culture générale.

Un livre qu'il faut lire !

10 étoiles

Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 68 ans) - 27 octobre 2011

Quelle caricature a fait le cinéma de cette œuvre extraordinaire !
Gullliver confronté à l'imbécillité de l'être humain : manger un œuf par le petit ou le gros bout donc on se fait la guerre ! Et là, on n'entre que dans la partie cinématographiquement connue, mais dans le livre : Quelle approche fabuleuse !
Quel regard -littéral- sur la joliesse du petit et l'horreur du grand : Gulliver a du mal à regarder les femmes géantes dont il voit les pores de la peau ....
Quelle bêtise et mesquinerie dans la lutte de ces deux mondes !
Mais il y a tout le reste : tous les autres voyages : les immortels monstrueux, les savants fous, les devins ...et encore plus !
Jusqu'au monde des Houyhnhnms : le cheval est roi et l'humain, une
raclure immonde, la grande tristesse étant que Gulliver reste sur cette dernière image !
Il y a bien chez Swift, un côté machiste, mais qu'on pardonne étant donné l'époque ou il a vécu, sinon, quelle ouverture d'esprit, quel regard intelligent et sans complaisance sur notre monde !
Je comprends les problèmes qu'a dû rencontrer Swift pour faire passer son message : qu'est ce que l'être humain, dans sa petitesse, sa grandeur, son intelligence, sa bêtise mais surtout son étroitesse d'esprit et sa mesquinerie ?

Tout bien considéré, j'aurais aimé rencontrer Jonathan Swift (surtout en tant que femme : superbes conversations en perspective ! Las ......)

Ironie et sous-entendus

9 étoiles

Critique de Dalania (Dijon, Inscrite le 25 octobre 2006, 38 ans) - 20 janvier 2007

Cette édition pleine de notes est vraiment très bien pour comprendre le contexte de l'écriture de cette oeuvre. En effet, Swift se paye la tête de plein de monde et règle ses comptes, il serait dommage de passer à côté. A part cela, les aventures de Gulliver sont très réjouissantes.

Délires et fantasmagorie

6 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 29 octobre 2006

Une sorte d'allégorie sur fond satirique, une fantasmagorie loufoque et aujourd'hui désuète, voilà dans quoi nous emmène Jonathan Swift aves ses fameux voyages...

Du monde des Lilliputiens désormais si familier à celui des géants, des Laputiens, ou des chevaux Houyhnhnms, Gulliver ne cesse de mettre en évidence contrastes et faiblesses face à la société anglaise qu'il se plaît à décortiquer, à autopsier, à... railler.

Je me serais attendue à davantage de magie, mais la construction volontaire et déjantée de ces mondes loufoques nous laisse trop en bouche ce goût de préparé. Tout ça dans le but d'amener ses comparaisons et insinuations politiques, sociales et culturelles.

C'est fantaisiste et long. "Voyages de Gulliver" est un livre agréable mais qui a tellement vieilli qu'il est difficile de percevoir tout son sel et sa pertinence. D'un point de vue stylistique, on note une ironie légère très plaisante mais... beaucoup trop de circonvolutions.
Beaucoup de rappels ou notes qui sont parfois utiles parfois pas et, au final, une lecture qui ne peut parfois s'empêcher de partir en diagonale. J'en sors donc mitigée...

La fantaisie, c'est du sérieux

9 étoiles

Critique de Ellébore (Lyon, Inscrite le 17 décembre 2004, 36 ans) - 13 septembre 2005

Forcément, tout ça n'est pas sans rappeler Voltaire ! Du conte philosophique à la sauce à la menthe, de la critique acerbe "dissimulée" dans de fabuleux voyages... Mais ici, la plume se sert d'une bonne dose de fantastique, entre le minuscule et le géant, les îles qui volent et les chevaux (pardon, les Houyhnhnms) qui parlent... la satire a un charme fou ! Par ailleurs, ces univers sont vraiment des classiques que l'on croise plus qu'on ne le croit un peu partout, alors ça fait plaisir de les retrouver enfin à leur origine...

Swift, du rire et de la science

10 étoiles

Critique de Domenico (Québec, Inscrit le 6 décembre 2003, 46 ans) - 8 décembre 2003

L'impact d'une telle lecture ne laisse personne indifférent. De ces livres qui vieillissent très bien, il n'est nullement nécessaire de contextualiser le roman dans une époque particulière, puisque la barbarie, l'orgueil et la vanité façonnent tout autant l'homme du 21e siècle qu'ils ont modelés celui du 18e siècle. Le chapitre sur la science (ridiculisant la Royal Society, qui existe toujours, et qui manifeste toujours autant de son ridicule et de son ambition ravageuse) est assurément le plus délectable.

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  adaptation télévisuelle 1 Fanou03 31 décembre 2013 @ 09:17

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