Fille du destin de Isabel Allende
( Hija de la fortuna)
Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine
Moyenne des notes : (basée sur 10 avis)
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Amour et grandes aventures
Histoire de destins, d'amour et d'aventures sur fond historique.
Ce merveilleux livre que je vous conseille vivement parle de personnages de divers horizons qui se croisent, se perdent de vue et se retrouveront peut-être. De destins tracés dès l'origine des temps sur lesquels les décisions ou planifications humaines n'ont aucune emprise. C'est ainsi qu'Eliza quittera le Chili avec l'intention de retrouver son amant mais y découvrira la liberté, ses forces intérieures, et l'amour qui ne sera pas celui qu'elle pourchassait depuis des années. C'est ainsi que Tao Chi'en, n'ayant aucune intention de mettre pied en Californie, y finira ses jours avec une fille ne correspondant nullement à ses critères de beauté d'antan et se battra pour une cause par laquelle il ne se sentait pas concerné dans le passé. Et il en sera ainsi pour tant d'autres personnages que le destin mettra sur leur chemin.
Ce livre traite également de la folle époque où beaucoup tentent leur chance en Californie au moment de la découverte l'or : " Il y avait des Blancs de diverses nationalités portant des chemises en flanelle, des pantalons rentrés dans les bottes et une paire de revolvers ; des Chinois en vestes matelassés et culottes amples ; des Indiens en vestes militaires en piteux état et le derrière à l'air ; des Mexicains avec des habits en coton blanc et d'immenses chapeaux ; des Sud-Américains en ponchos courts et avec de larges ceinturons de cuir où ils mettaient le couteau, le tabac, la poudre et l'argent ; des voyageurs des îles Sandwich, pieds nus et portant des bandes de soie brillante. Tout ce monde, dans un mélange de couleurs, de cultures, de religions et de langues, avait une obsession commune. " " San Francisco est toujours un berceau de libres penseurs, de visionnaires, de héros et de canailles. Les gens viennent des quatre coins du monde, dans la rue on entend parler cent langues, on hume la nourriture de cinq continents, on voit toutes les races. "
Isabelle Allende a, tout au long de ce livre, pu rendre de manière subtile la différence entre les valeurs du Vieux Monde et celles du Nouveau et plus particulièrement la naissance des droits de la femme en Californie au XIXe siècle. En effet, alors que dans le Vieux Monde, on s'obstinait à prêcher que : " la nature de l'homme est sauvage ; le destin de la femme est de préserver les valeurs morales et la bonne conduite, que l'intelligence est une gêne pour la femme, qu'une femme qui gagne sa vie descend de catégorie sociale, aussi respectable que soit son travail, que sans un homme pour la protéger et l'entretenir, une femme est perdue, qu'il est indispensable d'apprendre aux jeunes filles la subtile discipline des attentions quotidiennes qui alimentent chez l'homme l'habitude de la vie domestique ; le système des caresses audacieuses pour le récompenser et le silence profond pour le punir ; les secrets pour lui ôter la volonté ". Dans le Nouveau Monde " nul ne les qualifiait de sexe faible, les hommes les respectaient comme leurs égales. Elles travaillaient à des tâches interdites ailleurs à leur sexe : chercheuses d'or, cow-boys, meneuses de mules, elles pourchassaient des bandits pour la prime, avaient la charge de tripots, de restaurants, de buanderies et d'hôtels. " Ici les femmes peuvent être propriétaires de leurs terres, acheter et vendre un bien, divorcer si ça leur chante... "
La tension entre le destin subi de l'héritage et le destin choisi de la liberté y est décrite de main de maître.
Ce livre se lit très facilement et a parfaitement été traduit de l'espagnol en français. Vous pourrez y découvrir ou profiter à nouveau de l'aisance avec laquelle Isabelle Allende décrit les sentiments, ambiances, personnages, paysages, etc. Je n'ai pas pu résister à la tentation de partager avec vous quelques descriptions extrêmement perspicaces :
En parlant de l'amour physique, romantique, condamné par autrui et déchu : " La jeune fille sentit qu'elle s'ouvrait comme une fleur carnivore, exhalant des parfums de perdition afin d'attirer l'homme comme un insecte, le triturer, l'avaler, le digérer et finalement recracher ses os réduits en esquilles." " Elle aurait donné n'importe quoi pour qu'il lui dise... qu'il serait plus facile de mesurer les intentions du vent ou la patience des vagues sur la plage que l'intensité de son amour ; qu'il n'était de nuit d'hiver capable de refroidir le brasier inépuisable de sa passion ..."
" Elle avait commis une faute irréparable aux yeux du monde ; aux siens, l'amour justifiait tout "
" Elle ne pouvait plus ignorer le fait qu'elle était tombée amoureuse de l'amour et se trouvait attrapée dans l'ouragan d'une passion de légende, sans aucune prise sur la réalité. Elle essayait de se souvenir des sentiments qui l'avaient poussée à s'embarquer dans cette terrible aventure, mais n'y parvenait pas... Eliza ne cessait de se demander pour quelle raison elle avait tellement souhaité appartenir corps et âme à Joaquin Andieta, alors qu'en vérité, jamais elle ne s'était sentie véritablement heureuse dans ses bras. La seule explication était qu'il avait été son premier amour. "
Décrivant un marché chinois : " Les serpents desséchés s'empilaient, enroulés comme des écheveaux poussiéreux ; des crapauds, des salamandres et d'étranges animaux marins pendaient à une corde, comme des colliers ; des grillons et de grands scarabées à la dure carapace phosphorescente languissaient dans des boîtes ; des singes de toutes races attendaient leur tour de mourir ; des pattes d'ours et d'orang-outang, des cornes d'antilope et de rhinocéros, des yeux de tigre, des ailerons de requin et des griffes de mystérieux oiseaux nocturnes, tout cela s'achetait au poids. "
Parlant de ces pauvres jeunes Chinoises dont le destin n'aura été que d'être importées en Californie pour servir de prostituées : " Elles attendaient le malheur dans leurs cagibis, sans choix possible, comme les poules le faisaient dans leurs cages sur le marché, c'était leur destin. "
Réflexion sur le destin des prostituées chinoises et des femmes en général en Chine : " Il avait une notion vague de leur condition d'esclaves, mais en Chine les femmes l'étaient toutes plus ou moins, les plus chanceuses l'étaient de leur père, de leur mari ou leur amant, les autres de patrons qu'elles servaient du lever au coucher du soleil ; beaucoup étaient comme ces filles (prostituées). "
Les éditions
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Fille du destin [Texte imprimé], roman Isabel Allende trad. de l'espagnol par Claude de Frayssinet
de Allende, Isabel Frayssinet, Claude de (Traducteur)
B. Grasset
ISBN : 9782246588610 ; 1,99 € ; 02/05/2000 ; 428 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (9)
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déception
Critique de Gg de coat canton (, Inscrit le 30 septembre 2009, 84 ans) - 27 juillet 2013
Roman pas très bien écrit, héros peu attachants.
J'espérais mieux après "La maison aux esprits".
C'est un beau roman, c'est une belle histoire
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 10 mars 2013
Les rumeurs persistantes de ce milieu de XIXe siècle veulent que là-bas, il n'y aurait qu'à se baisser pour ramasser l'or. D'où d'énormes vagues de migrations, venues de tous les points du globe, convergeant vers ces contrées autrefois mexicaines, arides et semi-désertiques.
Premier miracle: Eliza arrive vivante à destination; elle doit de ne pas avoir péri à fond de cale à un jeune médecin chinois engagé comme cuistot le temps de la traversée, qui la sauvera d'une fausse couche, la soignera et la nourrira.
Y aura-t-il un second miracle, sous la forme de retrouvailles avec l'homme de sa vie, Joaquín ? En attendant, elles se repose sur la seule personne qu'elle connaisse, Tao Chi'en, le médecin chinois, aussi paumé qu'elle. Ensemble, ils découvrent un nouveau monde naissant - San Francisco - avec ses ambitions, sa liberté d'entreprendre, sa loi du plus fort, sa brutalité...
Eliza s'avèrera un sacré bout de femme, ramenant toutes ses pensées, ses actes et son énergie à un seul objectif : retrouver son premier amour, qu'elle a décrété être l'unique de sa vie.
Le destin le lui accordera-t-il ?
Trop de descriptions
Critique de Pitchou (Morges - Suisse, Inscrite le 8 mai 2010, 35 ans) - 6 août 2011
Prendre son destin en main
Critique de Yaneva (, Inscrite le 6 septembre 2010, 45 ans) - 6 septembre 2010
La première, se déroulant à Valparaiso est celle que j'ai la moins aimée, les personnages, les relations entre eux sont dénuées de chaleur, on a du mal à s'attacher à eux.
La deuxième, qui commence par un départ pour la Californie, est aussi le vrai point de départ du livre car commencent alors les moments les plus forts et les plus marquants de l'oeuvre. D'abord pour les descriptions de la Chine du XIXième Siècle et celle de la Ruée vers l'or, ensuite pour les émouvantes relations qui se tissent entre les personnages. Enfin, l'évolution du personnage d'Eliza est admirable.
Un très bon moment de lecture.
Eldorado
Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 38 ans) - 1 juillet 2007
Alors que j’ai dévoré la première partie, qui m’a fait penser davantage au début d’une belle saga familiale plutôt qu’à un roman d’aventures en tant que tel, j’ai trouvé quelques longueurs dans la deuxième, où la quête d’Eliza Sommers n’avance pas toujours assez vite à mon goût. Ce n’est toutefois qu’un petit bémol que je tenais à souligner, car selon moi, on compense largement avec tout le côté historique du roman. Fidèle à son habitude de composer ses histoires sur des fonds véridiques, Isabel Allende se lance ici dans une description de la ruée vers l’or en Californie et des débuts du melting pot américain. Selon moi, ils valent à eux seuls amplement le détour. De la même façon, les chapitres se déroulant en Chine avec Tao Chi’en sont très rafraîchissants et confirment encore une fois le talent d’Isabel Allende pour ce qui est de créer des personnages extrêmement attachants, originaux et réalistes. À mon avis, «Fille du destin» saura donc sans doute intéresser autant les amateurs de sagas familiales que ceux de romans historiques ou d’aventures, en passant, bien entendu, par les fans de la littérature sud-américaine. Toutefois, je ne crois pas qu’il déclasse ni égale «La maison aux esprits» tel qu’indiqué sur la quatrième de couverture.
Ruée vers l'or
Critique de Maya (Eghezée, Inscrite le 18 octobre 2001, 49 ans) - 10 janvier 2005
Vive les femmes
Critique de Lela (Bruxelles, Inscrit(e) le 3 mars 2001, 53 ans) - 22 décembre 2003
Drôle de destin
Critique de Leïa (Montréal, Inscrite le 15 février 2001, 47 ans) - 15 novembre 2002
J'ai beaucoup aimé ce livre, que j'ai d'ailleurs préféré à La maison aux esprits du même auteur.
Chili con América
Critique de Esperluette (*, Inscrite le 19 juin 2002, 52 ans) - 11 septembre 2002
A chaque chapitre surgissent de nouveaux personnages : John Sommers, le flibustier anglais ; Tao Chi'en, le médecin chinois en quête de sagesse ; Joaquin Murieta, le justicier sud-américain ; Jacob Todd, le missionnaire reconverti dans le journalisme à sensation… Le personnage central est Eliza, la fille adoptive des Sommers, aristocrates britanniques exilés en Amérique du Sud. A travers le destin de cette jeune fille, c'est toute l'histoire du Nouveau Monde qui nous est contée. Tandis que les hommes se prennent à rêver d’un Eldorado ; Eliza s’amourache d’un bellâtre qui l’abandonne rapidement pour rejoindre l’Amérique. Et tandis que le Vieux Monde découvre l'individualisme, Eliza apprend l'émancipation. On retrouve dans ce roman initiatique tous les thèmes de prédilection d'Isabel Allende depuis "La Maison aux esprits" ; les plus récurrents étant la condition féminine et l’histoire des Amériques. « Dans mes livres, dit-elle, j'ai voulu raconter la tragédie de ce continent torturé et l'espoir des hommes et des femmes qui luttent pour un monde meilleur ». Son dernier roman, "Portrait sépia", dans lequel on retrouve les descendants de "Fille du destin", ne fait pas exception. Cette saga à la sauce latino, n’est pas sans rappeler les oeuvres de Gabriel Garcia Marquez : "Cent ans de solitude" ou encore "L'Amour aux temps du choléra".
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