Les fuyards n’étaient pas plus traités de savoyards que les doyens des tranchées étaient qualifiés de savoisiens

On se centre ici sur les soldats fusillés pour l’exemple du 14e corps d’armée, qui appartient à la première armée commandée au début de la guerre par le général Dubail. Ce dernier a laissé en trois tomes "Quatre années de commandement, 1914-1918. (1re armée. Groupe d'armées de l'Est. Armées de Paris.) Journal de campagne".

Le choix s’est porté sur ce groupe car il comprend les troupes alpines, auxquelles l’auteur s’était déjà intéressé ; il avait commenté "Mémoire et Histoire 1914-1918 : Carnets de guerre de Pierre Pasquier, caporal au 97e Régiment d'Infanterie Alpine". Par ailleurs il a une très bonne connaissance du monde ouvrier de la Savoie à travers ses études sur l’intégration des immigrés italiens dans ce milieu.

L’ouvrage, outre l’introduction et la conclusion, se compose de trois chapitres intitulés respectivement : de la guerre ignorée à l’épreuve du feu, mourir pour et par la France, temps et formes du refus. Dans le premier chapitre on voit comment la mobilisation n’est pas souhaitée et surprend même dans des milieux traditionnellement nationalistes, on les distingue des activistes proches de l’Action française qui s’expriment ailleurs. Ainsi dans le "Savoisien libéral" du 29 juillet 1914 est écrit :

« Où allons-nous ? (…) Il ne semblerait qu’un conflit explosant si loin pût entraîner autre chose que des complications diplomatiques (…) Espérons que l’abominable fléau de la guerre nous sera encore épargné ».

Nous signalons la mise en ligne d’un titre de la presse savoyarde "L’Indicateur de la Savoie" de sensibilité catholique pour la période de son existence du 2 août 1879 au 21 novembre 1914, ceci afin d'y voir comment est rapporté le début du conflit http://memoireetactualite.org/fr/…

Le 14e corps d’armée semble une unité où se dégage une très forte la volonté de trouver des fuyards pour expliquer la déroute en Belgique et dans le nord de la France de l’armée en fait mal commandée. Dans cet ouvrage on trouve des hommes présentés de façon bien plus hâtive dans l’ouvrage "14-18, les fusillés" de Frédéric Mathieu. Ainsi Fernand Inclair né en Haute-Savoie et fusillé dans les Vosges se voit consacré environ trente lignes dans ce dernier ouvrage, alors que Mino Faïta contextualise très adroitement ce que l’on sait de l’homme et du processus qui mène à son exécution en un espace quatre fois plus important.

Ne sont pas seulement étudiés des cas de soldats originaires de la Savoie, ni même de la région Rhône-Alpes d’aujourd’hui et des Hautes-Alpes), toutefois les natifs de l’espace qui va de Villefranche-sur-Saône au nord à Montélimar au sud jusqu’aux frontières suisse et italienne à l’est sont largement représentés dans "Les fusillés innocents durant la Grande Guerre". Plusieurs cas d’hommes originaires de la Creuse sont également évoqués (page 117), on se rappelle qu’est sorti l’ouvrage "Génération champ d’honneur " de Laurent Guillemot aux éditions de Fallois, un livre qui présente tous les poilus morts durant la Grande Guerre comme soldat d’un village de ce département. Les lieux où les hommes furent jugés sont dans le livre de Mino Faïta bien souvent le massif vosgien, vu la longue présence en particulier des chasseurs alpins à cet endroit du front.

La lecture de "Charles Vuillermet (1890-1918) : carnets et dessins d’un officier savoyard dans la Grande Guerre" de Michel Perrier constituera un intéressant prolongement à celle des "Fusillés innocents durant la Grande Guerre".

On apprécie l’existence dans ce dernier titres de huit pages d’illustrations présentant plus de vingt documents de divers types dont celle d’un fusillé à qui on vient de donner le coup de grâce.

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  Les fusillés innocents durant la Grande guerre [Texte imprimé], morts pour et par la France Mino Faïta

  de Faïta, Mino
  Éd. de l'Astronome / Témoignages (Cervens)
  ISBN : 9782916147826 ; 16,00 € ; 08/11/2013 ; 208 p. ; Broché

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