Le train des enfants de Yves Caldor

Le train des enfants de Yves Caldor

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Darius, le 13 juin 2003 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 714ème position).
Visites : 4 175  (depuis Novembre 2007)

A la recherche du temps perdu

C'est un livre sur l’exil. « Le pire dans l'exil, c'est que les autres, ceux du cru, les non-exilés en bref, arrivent facilement à nous salir nos origines. Elles ne sont pas si bien que ça, leurs origines, puisqu’ils sont venus s'installer chez nous ! C'est du moins les pensées que je leur prête - encore aujourd'hui – les jours où je me sens à l'étroit » Au bout de tant d’années, j’essaye d'ausculter ce sentiment d’exil qui pointe en moi. L’exil, il me semble que je ne l'avais jamais ressenti. Ou alors, pas comme ça (..) Or, depuis quelque temps, l’exil a pris en moi une existence propre; je prononce ce nom, d'abord en murmurant « exil ». C’est un mot froid, et qui fonce vers le large comme une torpille de sous-marin.
Je viens de réaliser que j'ai laissé tomber ce pays qui était le mien. J'étais Hongrois. Je m’appelais Miklos. » « Tout ce passé qui m'assaille soudain : mes moi-mêmes en liberté. D’une certaine manière, la boucle se referme après tant d’années. C’est comme si le côté de Guermantes rejoignait celui de Swann. Ma recherche du temps perdu que j’essaye désespérément de rattraper. »
Vous l'aurez compris, il s'agit d’une page de vie d’un émigré hongrois qui, après avoir fui avec ses parents, l'invasion soviétique de 1956, se retrouve en France. Suite au divorce de ses géniteurs, il déménage en Belgique avec sa mère et son père d'adoption. Ce qui l’ennuie en Belgique, c’est le temps souvent gris. Et puis, la tristesse des couleurs. Il y a aussi les jours où ça va mal. Les jours « Belgique, graisse à frites ».
Il se fait traiter de sale fransquillon de Français par des types de haute taille, blonds et hautains, au curieux parler. Etudiant, il découvre Bruxelles, son anonymat terrible et protecteur, ses habitants au double langage.
Tenaillé par la nostalgie de son pays, la Hongrie, il y retournera plusieurs fois pour tenter de comprendre ce qui s'y est passé depuis qu'il l’avait quitté.
Au bout de sa longue quête, et une série de ruptures plus loin, il se demandera si, ce pays, la Belgique ne pourrait pas devenir le sien, ce pays où les gens du Nord, les Flamands, traînent davantage sur certaines voyelles, tout comme chez lui.
Cette diction qui, plusieurs années auparavant, lorsqu’il vivait dans la francophonie toute-puissante, lui pesait, le charme maintenant.
L'étrangeté de la langue d’ici contribue à le transporter dans cet ailleurs qu’il affectionne tant, car il peut s'y lover, s’y acagnarder tant qu'il veut. Voilà, il ne reste plus qu'à intituler ce livre « Ode à la Belgique »..

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Les éditions

  • Le train des enfants de Yves Caldor
    de Caldor, Yves
    MEO
    ISBN : 9782807000414 ; 15,00 € ; 30/05/2015 ; 136 p. ; Broché
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difficile d'être hongrois et français

9 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 19 mai 2015

Le train des enfants se trouve à Budapest, Miklos/Nicolas s’en souvient. Il s’appelle Miklos selon son père hongrois et Nicolas de par sa mère française. Ce train pousse à la nostalgie.
Miklos a 5 ans et demi quand il quitte Budapest avec sa mère pendant que son père fait de même avec un ami. Le couple et Miklos se retrouvent un peu partout : ils fuient le régime totalitaire communiste. La révolution de Budapest en 1956 a fait croire à un renouveau où la liberté ferait loi ; las, les chars russes écrasent tout espoir. Janos Kadar remplace Imre Nagy. Au gré des pages, la vie de Nicolas/Miklos défile. Sa famille qui se désagrège, ses années d’ado et sa scolarité difficultueuse, ses premiers émois amoureux, sa vie de couple et sa course effrénée à recouvrer son identité : magyare et/ou française.
Yves Caldor tient le lecteur en haleine non seulement par le tragique des situations que le narrateur vit quasi en permanence, mais aussi par la diversité de l’approche du texte. Il y a du texte en italique où le narrateur réfléchit sur sa condition de réfugié, d’intégré dans un pays où germanité et latinité s’épousent. Il y a aussi un récit sous forme de conte qui magnifie l’enfance. Il y a aussi une réflexion sur la situation politique en Hongrie et le manque de réaction des Européens de l’Ouest sans oublier que les réfugiés se retrouvent déçus de l’Eldorado rêvé en Occident

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