Paysans d'une vie, soldats d'une guerre de Marceau Doussot

Paysans d'une vie, soldats d'une guerre de Marceau Doussot

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par JulesRomans, le 16 novembre 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 9 étoiles
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Ne pas confondre poilu audois come Louis Barthas et poilu aubois comme Camille Doussot

L’ouvrage commence intelligemment par rappeler la présence russe pour des manœuvres à la Belle Époque à Beurey non loin de Troyes ; en Champagne comme en Poitou cet accompagnement resta dans la mémoire villageoise. Les conséquences immédiates, après le départ des hommes, furent la réquisition des chevaux et très habilement l’auteur met en scène celle-ci à Essoyes (où le peintre Renoir avait une résidence alors).

Le narrateur est le fils d’un poilu qui sert dans l’artillerie, du dernier texte on peut déduire qu’il est né vraisemblablement en 1921 ou 1920. L’ouvrage a été terminé en 1990 et nous pouvons affirmer qu’il s’agit d’une première édition. L’écrivain dit qu’il a bâti son récit à partir des souvenirs qu’il avait recueillis en leur temps des combattants de Vitry-le-Croisé et plus largement des autres communes du canton d’Essoyes.

L’univers des tranchées est très bien décrit, comme on peut le voir dans cet extrait:

« On employait des sacs remplis de terre sur le modèle créé par le major russe Totleben pour la défense de Sébastopol. Ces sacs étaient portés à dos d’homme pour les placer aux endroits nécessaires. Des débrouillards prenaient un sac sur leur dos et quelques mètres plus loin, le jetaient dans un coin de la tranchée. Cela sans être vu d’un adjudant, bien sûr.

Par une nuit claire, une nouvelle tranchée fut creusée en avant des lignes. Il fallait travailler en silence, sans fumer ni heurter une pelle. Il fallait se coucher au moindre bruit suspect. Entre les lignes françaises et allemandes circulaient des patrouilles. Au retour de l’une d’elles, le lieutenant qui la commandait nous rapporta une bonne nouvelle. Les Allemands posaient des barbelés en avant de leurs tranchées et, pour ne pas faire de bruit, avaient mis une rondelle de caoutchouc sur leurs piquets afin que les coups portés par la masse ne s’entendent pas. Ils savaient que s’il y avait un réseau de barbelés d’installé,il n’y aurait pas d’attaque » (pages 101-102)

Les chapitres de deux à six pages sont courts et sont généralement centrés autour d‘une anecdote de forte consistance. En donnant le titre de quelques-uns, on verra la richesse de l’approche de l’univers des poilus qu’il permet : l’attaque sans préparation d’artillerie, les sapeurs mineurs, les torpilles, la Somme, la pluie, la mouche (autour des relations entre les mercantis de la zone des armées et les poilus), l’hiver 1917 : le froid, les poux, les rats (titre d’un seul passage), le général Mangin (présent dans les tranchées de première ligne) …

Les conséquences de l’après-guerre ne sont pas oubliées, comme avec le cas des gueules cassées et la question relevant aussi d’un film de Pagnol (pour l'année 1940), du petit-fils rejeté comme bâtard avant 1914 et dont les grands-parents voudraient s’occuper maintenant que leur fils est mort au champ d’honneur.

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