Mort pour rien? de Guy Jimenes, Nathalie Girard (Illustration)
Catégorie(s) : Enfants => 10-12 ans , Enfants => 12-15 ans , Littérature => Romans historiques
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Matador à 10 heures, mort à 11 heures !
Un petit roman intéressant car il permet de bien fixer l’idée que les soldats français savaient la signature de l’Armistice imminent. Par ailleurs il dépeint bien un arrière à Amiens qui vit au rythme des industries d’armement et évoque habilement l’épidémie de grippe espagnole qui emporte Apollinaire comme la fiancée du narrateur anonyme. C’est un habitant de l’Aveyron et son compagnon qui décède le 11 novembre est un Breton. On consolide le cliché de Bretagne province la plus saignée alors que nombre de départements du Massif central eurent plus de morts.
Si on pose la question « Mort pour rien ? », la moindre chose est d’y répondre dans la partie documentaire, surtout que la réponse aurait trouvé sa place juste après cette phrase de la page 48 «Un armistice est un accord de cessation des combats, et non une reddition militaire (…) Convention temporaire, l’armistice ne met pas fin à la guerre ». Passer la Meuse était un objectif militaire, combattre pour obtenir des positions qui empêchent l’ennemi de reprendre le combat à son avantage a sa logique. Une fois appris l’armistice à dix heures, un des deux héros est très largement imprudent et il est tué entre 10 et 11 heures. Est-on plus malchanceux de mourir un 11 novembre 1918 que décéder un autre jour de la guerre ? Un tableau des morts par mois montrerait que les hécatombes sont dans les tous premiers mois de conflit.
Une fois de plus et malheureusement plus que jamais dans un roman historique pour la jeunesse (et avec cet éditeur on est encore plus désagréablement surpris), on a l’impression que le dossier documentaire est conçu sans lien vraiment direct avec le récit. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas une page sur le dernier et le premier mort français de la Grande Guerre ?
De plus si l’on en croît la syntaxe des pages 52-53 le Traité de Versailles n’a que deux clauses et ces «deux clauses du traité de Versailles, par exemple, sont à l’origine des problèmes essentiels qui affectèrent les relations internationales entre les deux guerres et feront naître en Allemagne la légende du coup de poignard dans le dos». La légende du coup de poignard dans le dos n’a évidemment aucun rapport avec le contenu du Traité de Versailles. Elle consiste à laisser croire que ce ne sont pas les chefs de l’armée allemande qui ont demandé la signature d’un armistice mais que des civils ont comploté pour demander la fin de la guerre en désorganisant la situation intérieure.
Par ailleurs quel intérêt de mettre une carte géographique de toute l’Europe de l’Afrique du nord et du Proche-Orient sur 9 cm2 ? Si on met une carte des frontières de l’Europe en l’an 2000 et une autre pour 1914, il en manque évidemment pour 1920 surtout quand on explique que la clause qui coupe l’Allemagne en deux est à l’origine de la Seconde Guerre mondiale.
L’illustration du récit renvoie à ce qui pourrait passer comme des détails de tableaux de peintre aux armées et il se dégage une présence très forte des personnages. La couverture du livre a été changée pour cette réédition, ce qui se traduit par un autre style graphique que celui de l’intérieur des pages, ce qui n’est jamais heureux. De plus le message du dessin de couverture est devenu des plus réduit en signification.
Les éditions
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Mort pour rien ? [Texte imprimé], 11 novembre 1918 auteur, Guy Jimenes illustrations de Nathalie Girard
de Jimenes, Guy Girard, Nathalie (Illustrateur)
Oskar / Cadet. Histoire & société
ISBN : 9782350003313 ; 3,16 € ; 18/09/2008 ; 45 p. ; Broché
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