Le rire du grand blessé de Cécile Coulon

Le rire du grand blessé de Cécile Coulon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 20 octobre 2013 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 847ème position).
Visites : 5 120 

LA LECTURE POUR SALUT

Les régimes totalitaires ou dictatoriaux n’aiment guère les livres ; on organise des autodafés pour les faire disparaître et les stigmatiser comme dégénérés, on les censure . Que se passe-t-il lorsqu'un système décide de supprimer le rôle de la lecture et celui de l’alphabétisation des foules ?

C’’est ce que décrit Cécile Coulon dans son dernier roman « Le rire du grand blessé ». L’auteur y décrit une société passablement totalitaire dans laquelle l’accès à la lecture est proscrit pour le plus grand nombre . Un Service National y sévit ; il met au point les manifestations étroitement contrôlées et réglementées par le « Grand » , sorte de dictateur suprême . On y procède à des lectures publiques, qui n’ont de lecture que le nom. Ces réunions servent en fait à rassembler des consommateurs ; ces derniers n’ayant plus le choix qu’entre des livres classés selon les sensations qu’ils sont censés provoquer dans la foule : on y lit ainsi les Livres Fous Rires, les Livres Frissons, ou les Livres Haine.

On engage des agents de sécurité sont engagés pour veiller au bon déroulement de ces spectacles. Point impératif : ces agents doivent être analphabètes . 1075, l’un d’entre eux, excelle dans ce rôle jusqu’à ce qu’il soit victime d’un accident de service : A l’hôpital, il remet son rôle en question, il apprend à lire …
Ce livre original et plaisant, efficacement écrit, fait penser à 1984 de Georges Orwell et à Fahrenheit 451de Ray Bradbury. Il distille des messages analogues : l’abandon de l’esprit critique, de l’accès au savoir, il y stigmatise le danger de la gestion de la vie par des sensations, tentation si présent dans la société actuelle.
Ainsi, l’un des personnages du roman avoue-t-il très cyniquement : « Le programme Nox créait des milliers d’emplois, engendrait une baisse des comportements addictifs illégaux. Même le taux de criminalité décroissait : Lucie avait trouvé un moyen de gérer les sensations des hommes, alors que ses confrères s’étaient toujours arrêtés au contexte social. »
Roman à découvrir.

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Les livres sont dangereux

6 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 14 février 2025

Quelque part dans le temps, quelque part dans l’espace, vit une société calme et apaisée, pas de manifestations, pas de contestation. Que l’on soit en ville, ou en campagne, les citoyens semblent accepter leur sort. Il leur suffit de pouvoir assister à une "Manifestation à haut risque" dans des stades géants organisés par l’état pour être satisfaits.
Ou de lire les centaines de livres mis à leur disposition .
Mais la lecture est loin d’être libre.Tous les livres anciens ont été soigneusement détruits. Maintenant, ils sont écrits par des "écriveurs" selon l’émotion recherchée par le lecteur : livres chagrin, livre tristesse, fou-rire, colère, livre frisson…
"La liberté, tels le vin, les femmes et les Livres, tuait les hommes qui en consommaient trop."

Tous ces citoyens lecteurs doivent être sévèrement encadrés surtout pendant les manifestations. C’est le rôle des Gardes recrutés dans les campagnes, et enrôlés dans des conditions extrêmes. Pour beaucoup de candidats, être payés pour ne jamais savoir lire était "un cadeau du ciel."
C’est le cas d’un jeune homme dont on suit le parcours exemplaire qui deviendra l’un des meilleurs éléments.
Jusqu’à l’accident qui l’immobilise pendant plusieurs semaines à l’hôpital.
Et c’est par hasard, qu’il va faire la connaissance du Docteur Lucie Nox qui a découvert après plusieurs thérapies sans succès, que les plus grands traumatisés qu’un livre bien choisi permettait aux patients de reprendre une vie normale et heureuse.
Son nom a même été attribué à La Maison des mots et des manifestations à haut risques.
Mais qui est cet agent qu’elle n’a jamais rencontré ?

Un thème intéressant sans être totalement original, pour ce récit d’un monde où le peuple est contrôlé, maîtrisé jusque dans ses émotions.
La froideur, l’inhumanité du personnage principal n’en fait pas un héros agréable. Un peu gênée aussi par le manque de repères, temps, espace, et par un récit avec seulement deux personnages (moi qui me plaint quand il y en a trop !).
Une lecture mitigée.

1984 en version plus courte

8 étoiles

Critique de Ben75011 (Paris 11e, Inscrit le 19 février 2014, 36 ans) - 6 mai 2014

"Le rire du grand blessé" retrace l'histoire d'un paysan enrôlé dans une armée d'un genre nouveau : le "Service National".

Le "Service National" est un des principaux organes de sûreté d'une société dont le but principal est de s'assurer de l'absence de culture des personnes.
On y contrôle les livres publiés (seul un éditeur, étatique, est autorisé, les autres livres ayant été brûlés), et on y organise, dans des immenses stades, des transes collectives autour d'une personne, qui fait des lectures.

Le concept des transes collectives dans les stades, au cours de ces lectures publiques, est un peu tiré par les cheveux, mais l'histoire tient debout.

Cet ouvrage fait penser à 1984 (le contrôle du savoir par une seule personne) et à Farenheit 911 (le soldat qui oeuvre pour le système), mais en plus court.

Le livre est intéressant, se lit rapidement. Il n'y a pas de longueurs comme dans 1984 parfois.
A recommander, même aux ados.

Je pense qu'il faut déjà avoir lu 1984 avant de lire cet ouvrage, et pas l'inverse.

Une bonne idée, mais restée à l’état d’ébauche

6 étoiles

Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 28 mars 2014

Les citoyens (consommateurs) ne peuvent plus acheter que des livres Frissons, Haine, Tendresse,… la littérature a disparu. Les Agents doivent être analphabètes pour ne pas céder à des sentiments exacerbés par la lecture (panique pour un livre Terreur, larmes pour un livre Chagrin,…). Jusque-là OK.
Mais lors des « Manifestations A Haut Risque » (lectures publiques devant des milliers de personnes par un Liseur), il ne m’a pas semblé que les Agents n’entendaient pas. Ils auraient donc dû, eux aussi, être bouleversés.

J’ai aussi détecté une incohérence dans le récit – incohérence qui aurait dû être détectée par l’éditeur!
1075 cache les pages de ses lectures. Le même jour, le matin « deux jours plus tôt, 1075 avait détruit ses dernières pages », le soir, « l’Agent jeta le dernier chapitre dans la cuvette »…

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