Elle va nue, la liberté de Marām al- Miṣrī

Elle va nue, la liberté de Marām al- Miṣrī

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Pucksimberg, le 9 octobre 2013 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 9 étoiles
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Des poèmes-photographies d'une Syrie blessée

Maram al-Masri est une poétesse syrienne, surnommée "la poétesse aux pieds nus" dans un reportage qui vient de lui être consacré. Installée en France depuis de nombreuses années, une partie d'elle-même est restée en Syrie. Elle vit dans la peur, la révolte, mais surtout l'espoir de voir son pays se relever et renaître de ses cendres, lui qui est actuellement le théâtre de scènes sanglantes. Maram explique qu'elle suit constamment les nouvelles sur internet, par le biais des réseaux sociaux afin d'en savoir plus sur ce pays qu'elle a connu et qu'elle aime tant. Dans ce recueil de poèmes, la poétesse décrit des scènes dures et révoltantes comme ces images qu'elle a vues sur Youtube. Ses poèmes sont des photographies d'une telle force que le lecteur en ressort bousculé.

Maram s'interroge sur le pouvoir de la poésie : "La poésie, cette réalité fragile comme le parfum du jasmin, que peut-elle face aux chars ?" La poésie peut beaucoup, c'est un engagement, un témoignage aussi. La liberté est le fil conducteur de ce recueil car elle est la seule issue qu'il faut envisager. Ses poèmes sont courts, limpides, visuels. L'édition est bilingue : sur la page de gauche le texte en arabe est le parfait miroir du texte français, ces deux langues soulignent bien la double appartenance de Maram à deux pays très différents. La plupart des poèmes rappellent le genre de la nouvelle avec une chute à couper le souffle.

poème n°18 :
" Les enfants de Syrie,
emmaillotés dans leur linceul
comme des bonbons enveloppés.
Mais ils ne sont pas en sucre.
Ils sont de chair
et de rêves
et d'amour.

Les rues vous attendent,
les jardins, les écoles et les fêtes
vous attendent
enfants de Syrie.

C'est trop tôt pour être des oiseaux
et pour jouer
dans le ciel."


poème n°9 :
"Elle prend ton visage
entre ses mains
Puis elle t'embrasse
y écrasant sa bouche.

Tu vas être enterrré,
ô martyr,
avec les lèvres de ta mère
collées à ta peau."


Maram reste digne et confère une dignité au peuple syrien.

J'ai pu assister à un entretien avec Maram al-Masri au festival de Mouans Sartoux pendant lequel était projeté le fameux reportage sur la poétesse. Cette belle femme aux cheveux noirs semble sortie tout droit des contes orientaux. Le diadème de perles qui enserrait son front le confirme. Maram al-Masri est une femme solaire, souriante et vraiment attachante. Elle a l'aura des poètes et une part d'humanité à découvrir. Son engagement va à son pays, à la cause des femmes et des enfants. Une oeuvre à découvrir.

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