Pourquoi la pensée de Jaurès ne nous a jamais quittés

Très bien illustré par une quarantaine de documents iconographiques (dont une photographie et un tableau de Gaston Prunier de la grande manifestation pacifiste du 25 mai 1913 sur la commune du Pré-Saint-Gervais), ce livre ne manque pas de séduire. D’une écriture fluide, il ne refait pas une nouvelle biographie du personnage. Par contre, il montre d’abord comment, sur quel aspect de sa pensée et par qui sa mémoire est entretenue ou qui entend la récupérer (et la nuance n’est pas mince). En effet l’ouvrage ne se contente pas de citer (page 130) la belle leçon de gauche que le candidat Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 où il déclare :

« En vérité, la gauche a renié la République de Jaurès ».

Il rappelle également que Zévaès (sans nous préciser que ce dernier fut le défenseur de Villain, l’assassin de Jaurès) durant l’Occupation se fit dans un livre le porte-parole des hommes de gauche autour de Paul Faure qui entendait faire de la pensée de Jaurès le fer de lance de la réconciliation avec l’Allemagne.

Des éléments de la biographie sont fournis mais ils sont habilement présentés en rapport avec sa pensée : le patriotisme (avant son élection suite aux évènements de Carmaux), la question sociale, la place de citoyen pour un intellectuel, le rôle des socialistes dans la prévention de la guerre et autres combats (contre le colonialisme où d’ailleurs les ambitions rivales des états sont vues comme un risque potentiel de guerre). On note une heureuse présence d’un index avec les noms des personnes citées.

À la lecture de cet ouvrage, le lecteur peut répondre à une question que l’on se pose depuis un siècle. D’ailleurs le journal "L’Humanité" la posait puisqu’il titrait le samedi 19 septembre 2009 sur "Pourquoi Jaurès est-il d’actualité ?". Rappelons que ce quotidien, a été fondé par Jaurès mais qu’il est passé dans la sphère du communisme de par certains choix en 1920-21 de ses actionnaires ; le rôle de l’ex-communard Zéphirin Camélinat a été d’ailleurs exagéré dans l’amorce de cette mutation. Le dossier du samedi 19 septembre 2009 proposait entre autre un article de Laurence Lœffel, à qui on doit "La morale à l'école selon Ferdinand Buisson" que nous avons présenté.

Quitte à rappeler nos critiques, on invitera à jeter un coup d’œil à notre présentation du roman de l’Entre-deux-guerres "L’Irresponsable" et sur le livre de fiction pour les jeunes "Le dernier ami de Jaurès" publié fin 2013. L’intrigue est basée dans les deux cas autour des derniers moments du leader de la SFIO.

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  Jaurès : la justice pour horizon

  de Duclert, Vincent
  Éd. Autrement / Vies parallèles
  ISBN : 9782746733442 ; 16,02 € ; 18/09/2013 ; 283 p. ; Broché

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