Le Manoir de l'Enfer de Steve Jackson, Tim Sell (Dessin)

Le Manoir de l'Enfer de Steve Jackson, Tim Sell (Dessin)
(House of hell)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Antihuman, le 2 janvier 2014 (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 3 672 

Un jeu mortellement prenant

Vous avez fait une grande erreur en vous réfugiant dans le Manoir de l'Enfer. La terrible tempête qui fait rage au-dehors ne représente qu'un bien faible danger, comparée aux terrifiantes aventures qui vous attendent à l'intérieur de cette demeure maléfique. Qui peut dire combien de voyageurs malchanceux, cherchant comme vous un abri, ont péri dans les murs du Manoir du Comte de Brume ? Sachez que la nuit qui commence sera le pire souvenir de votre existence, si toutefois vous vivez assez longtemps pour en garder mémoire…


Deux dés, un crayon et une gomme sont les seuls accessoires dont vous aurez besoin pour vivre cette aventure. VOUS seul déciderez de la route à suivre, des risques à courir et des créatures à combattre.


MON AVIS



Je me souviens qu'il m'est arrivé de jouer à ce jeu avec des copins dans les 80's (après ces devoirs de classe dans lesquels j'étais, il faut bien le dire, si anarchique surtout en maths) et il faut bien avouer que je me rends bien compte que son incrustation dans la réalité est désormais diffuse, répandue partout, même si en fait je ne pense pas qu'il intéresse aujourd'hui les plus jeunes d'entre nous en raison de son animation sommaire ! Donc de papier. Néanmoins cela nous détendait en ces années car cela nous apportait une autre dimension inconnue, un certain contentement apte au ludique, des autres rapports, un monde dangereux à explorer, une variété de facettes cognitives inexplorées pour leur majorité, des enjeux non-semblables à ceux de notre connaissance primale, un chaos à dominer, bref tout un autre monde aux règles brutes, obliques, et disons-le tout net: confuses au bout du compte. Il faut bien avouer que l'ordinateur n'était pas alors cet objet anodin et usuel dont on consulte distraitement les représentations dans un catalogue de papier glacé, il était entouré d'un exaspérant halo de sacré, de plus le moniteur convoité, qui trônait en ce qui le concerne la majeure partie du temps dans un austère bureau au fauteuil de cuir, pouvait accaparer votre savoir en seconde phase et puis exigeait de vous quelques notions informatiques et essentielles afin de vous permettre la conscience, la vraie. Tout cela pour dire qu'en ces temps-là on lisait parfois des livres.


Enfin il s'agit d'un jeu de rôle, c'est à dire que votre point de vue reste le plus important à l'extrême fin - donc celui qui compte le plus quelque part. A l'époque il faut pourtant bien avouer cependant que nous, pauvres garnements que nous étions, n'avions alors seulement droit qu'à de grossiers pixels, des ébauches d'images dans les jeux d'arcade offerts au public: on ne savait pas que dans le futur on inventerais par la suite tout un algèbre, de formidables interfaces, qu'il y aurait la 3D, des écrans plats, l'espace virtuel, la playstation, les gunfights, tous les teasings d'Atari et leurs fabuleux joysticks, les nouvelles autoroutes à péages de l'information, etc. Mais du fait du synopsis global réussi de " Le Manoir de l'Enfer", on est vite convaincu de la véracité des épisodes qui se succèdent au fur et à mesure qu'on avance dans le manoir, de la bibliothèque au grand salon, après qu'on ait passé la Méduse hurlante et ses hideux chiens noirs ainsi que l'énigme qui sous-tend l'ambiance du bouquin. Quoique l'ensemble faisant davantage appel à l'imagination reconnaissons que cela devient plus rare de nos jours.

Certaines larges pièces au plafond décoré à la manière des années 30 donnent même sur la rue pendant qu'une machine à écrire remplit d'encre des feuilles entières...sans qu'aucun humain ne passe jamais par là. Des objets disparaissent alors qu'il n'y a personne ni âme qui vive. Ensuite le premier salon du manoir est proprement terrifiant ainsi que la véranda éclairée au clair de lune, comme la chambre de la geôlière rouge carmin, tandis que les autres pièces comme la chambre du second semblent simplement hantés: Oui, hantés et en tout cas preuve d'un autre monde. Et il y a un piège sous la cave à vins rococo après l'arrière-champ du jardin, sans oublier la piscine au milieu de laquelle des goules plutôt enflées vous effleurent parmi les flots si par hasard vous tentez le plongeon. Enfin, sans révéler ce qui se trouve au dernier étage, quand vous accédez au troisième par l'immense escalier d'antan à la rampe de bois on se croirait littéralement dans le Motel Bates, c'est d'un fabuleux byzarre; sans doute est-ce de toute façon la raison du succès de ce jeu car quoiqu'ils en disent beaucoup de "players" apprécient énormément le coté masochiste d'un jeu, puis ils se concentrent quand ils gagnent au sujet des différents buts comment obtenir plus de points, de vies, d'armes, ou aussi d'objets fétiches comme un fume-cigare ou une montre d'un ancien temps. Et ce qui est curieux c'est que ça n'est pas la réalité mais que ça en est proche quand même.

Donc inquiétez-vous et méfiez-vous des serviteurs avant tout, surtout d'ailleurs si ce majordome qui tient le lustre au loin a des petits yeux noirs... Et en même temps c'est vrai que ça n'est qu'un jeu après tout. Comme la vie.

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