Quand les catholiques étaient hors la loi de Jean Sévillia
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire
Moyenne des notes : (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : (13 271ème position).
Visites : 3 366
Laïcisation forcée
Ce livre raconte de manière documentée la grande et violente charge anti-cléricale de la république contre l'église, de la fin des années 1800 pour culminer en 1905 et se poursuivre jusqu'à la première guerre mondiale. Il s'agissait d'instaurer la laïcité en nouvelle religion d'état, et les ministres qui se succèdent (Ferry, Combe, Waldeck-Rousseau, Clémenceau) n'auront de cesse de vouloir abattre la religion des français, le catholicisme, accusé de ne pas reposer sur les valeurs républicaines.
Pour cela seront votées des lois discriminatoires et liberticides à l'égard des religieux. Ce climat délétère culmine avec le ministre Emile Combe qui érigeait l'anti-cléricalisme en doctrine d'état (cfr l'expression "combisme") : expulsions des ordres car contraires au principe de la "religion laïque" (les vœux d'obéissance, de chasteté, de pauvreté étaient jugés incompatibles avec les valeurs des lumières). Des épisodes dramatiques et lamentables sont décrits dans le livre : ainsi ces milliers de religieux, souvent vieux, jetés à la rue, les épisodes sordides de spoliations et appropriations de biens d'églises. Certains scandales (fichage des officiers qui vont à l'église) font penser à la Stasi et entraîneront la chute d'un gouvernement. Tout cela, et bien plus, est très bien raconté dans le livre.
"Qui tient les écoles de France tient la France" disait Jules Ferry, c'est pourquoi en 1879 déjà les Jésuites furent interdit d'enseignement. On peut comprendre en effet qu'il ne fallait pas compter sur les religieux pour endoctriner les enfants dans les valeurs laïques. En outre l'ultra-montisme des jésuites, à cause de leur obédience au souverain pontife, joue en leur défaveur alors que sont prônées les valeurs républicaines de l'état nation et du patriotisme. Mais d'un autre côté les ordres jouaient un rôle important dans la société, que ce soit un enseignement de grande qualité ou l'importance des multiples religieuses infirmières, et la république n'était pas capable de fournir ces services.
L'auteur, catholique, est peut-être orienté. Son livre est cependant très bien documenté et cette période est importante pour comprendre la problématique actuelle de laïcité et liberté de culte. La situation apaisée actuelle est le résultat d'une histoire turbulente entre l'état et le clergé. Il est étonnant par exemple de se rendre compte qu'au plus fort de la lutte anti-cléricale le port de la soutane était interdit à certains endroits !
L'auteur donne son avis sur la situation actuelle de la laïcité en France, sur la déchristianisation et la perte des valeurs et les défis que posent l'Islam. Des questions importantes mais traitées de manière inintéressante (c'est juste le point de vue de l'auteur et d'une certaine droite catholique qui est exprimé). J'ai parcouru cette partie assez faible (heureusement courte) assez vite.
Les éditions
-
Quand les catholiques étaient hors la loi [Texte imprimé] Jean Sévillia
de Sévillia, Jean
Perrin / Collection Tempus
ISBN : 9782262024642 ; 9,00 € ; 24/03/2006 ; 323 p. ; Poche
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (1)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Le cléricalisme, voilà l'ennemi !
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 18 février 2015
Une loi excellente s'il en fut !
Mais cette loi, qui parlait de liberté, a été imposée par la Troisième république avec une telle brutalité, qu'elle a provoqué, à l'époque, une véritable révolution populaire. C'est ce que nous raconte Jean Sévillia dans ce livre.
Il faut faire un effort d'imagination pour pénétrer dans le monde de la Troisième république française, tant il était différent du nôtre : en 1905 les populations étaient baptisées, l’Église catholique était florissante, la pratique de la religion était dans les mœurs et l'enseignement, exclusivement catholique, jouait un rôle prépondérant.
Mais la Troisième république se veut l'héritière des idées de 1789 et déclare : l'ennemi de la république, c'est le cléricalisme ; et le cléricalisme c'est toute l'organisation religieuse de la France qui « oppose les droits de Dieu aux droits de l'Homme ! »
Un décret du 16 octobre 1880, donne l'ordre aux armées de fermer tous les couvents. 30000 religieux doivent être évacués. Des milliers de fidèles s'y opposent. Les ordres sont implacables, l'armée ouvre le feu et tire dans la foule. La population armée de fourches et de bâtons doit reculer, et les religieux sont conduits aux frontières...
On détruit les ordres religieux, les jésuites sont interdits, les 14000 écoles catholiques sont fermées sans préavis, la religion est proscrite dans toute la France !
Ces lois de la laïcité sont passées en force, sans consultation avec le clergé ; elles sont passées malgré l'opposition quasi unanime de la population, et en se moquant des recommandations du Vatican. Elles ont provoqué une révolution populaire dont la France a un peu honte aujourd'hui : les manuels d'Histoire lui consacrent trois lignes, tout au plus.
...Et plus tard, Clemenceau devra reconnaître : « nous nous sommes conduits comme des goujats ! »
C'est la face cachée de cette loi de 1905, qui nous est racontée dans ce livre, mais aussi toute l'Histoire de la Troisième république, depuis sa nouvelle constitution en 1879 jusqu'en 1914, avec ses célébrités : Gambetta, Mac Mahon, Jules Ferry et Jaurès, Waldeck-Rousseau et Combes, Briand et Clemenceau... bref, tous ces grands noms qui ont marqué à jamais l'Histoire de la France républicaine.
A l'heure où cette loi de la laïcité, nettement plus tolérante aujourd'hui qu'à sa proclamation, est remise sur le tapis d'une manière inquiétante, ce livre de l'historien Jean Sevillia apporte un éclairage inestimable sur cet épisode, pas très glorieux, de la Troisième république ; et pourtant, avec le temps, cette loi s'est avérée indispensable. Elle est aujourd'hui plus indispensable que jamais.
Forums: Quand les catholiques étaient hors la loi
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Quand les catholiques étaient hors la loi".