La loi de 1905 dite « de Séparation » de l'Église et de l’État devait assurer la liberté de conscience et la liberté religieuse de chaque citoyen.
Une loi excellente s'il en fut !
Mais cette loi, qui parlait de liberté, a été imposée par la Troisième république avec une telle brutalité, qu'elle a provoqué, à l'époque, une véritable révolution populaire. C'est ce que nous raconte Jean Sévillia dans ce livre.
Il faut faire un effort d'imagination pour pénétrer dans le monde de la Troisième république française, tant il était différent du nôtre : en 1905 les populations étaient baptisées, l’Église catholique était florissante, la pratique de la religion était dans les mœurs et l'enseignement, exclusivement catholique, jouait un rôle prépondérant.
Mais la Troisième république se veut l'héritière des idées de 1789 et déclare : l'ennemi de la république, c'est le cléricalisme ; et le cléricalisme c'est toute l'organisation religieuse de la France qui « oppose les droits de Dieu aux droits de l'Homme ! »
Un décret du 16 octobre 1880, donne l'ordre aux armées de fermer tous les couvents. 30000 religieux doivent être évacués. Des milliers de fidèles s'y opposent. Les ordres sont implacables, l'armée ouvre le feu et tire dans la foule. La population armée de fourches et de bâtons doit reculer, et les religieux sont conduits aux frontières...
On détruit les ordres religieux, les jésuites sont interdits, les 14000 écoles catholiques sont fermées sans préavis, la religion est proscrite dans toute la France !
Ces lois de la laïcité sont passées en force, sans consultation avec le clergé ; elles sont passées malgré l'opposition quasi unanime de la population, et en se moquant des recommandations du Vatican. Elles ont provoqué une révolution populaire dont la France a un peu honte aujourd'hui : les manuels d'Histoire lui consacrent trois lignes, tout au plus.
...Et plus tard, Clemenceau devra reconnaître : « nous nous sommes conduits comme des goujats ! »
C'est la face cachée de cette loi de 1905, qui nous est racontée dans ce livre, mais aussi toute l'Histoire de la Troisième république, depuis sa nouvelle constitution en 1879 jusqu'en 1914, avec ses célébrités : Gambetta, Mac Mahon, Jules Ferry et Jaurès, Waldeck-Rousseau et Combes, Briand et Clemenceau... bref, tous ces grands noms qui ont marqué à jamais l'Histoire de la France républicaine.
A l'heure où cette loi de la laïcité, nettement plus tolérante aujourd'hui qu'à sa proclamation, est remise sur le tapis d'une manière inquiétante, ce livre de l'historien Jean Sevillia apporte un éclairage inestimable sur cet épisode, pas très glorieux, de la Troisième république ; et pourtant, avec le temps, cette loi s'est avérée indispensable. Elle est aujourd'hui plus indispensable que jamais.
Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 89 ans - 18 février 2015 |