Tout là-bas de Arlette Cousture

Tout là-bas de Arlette Cousture

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 1 mai 2003 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (55 701ème position).
Visites : 4 428  (depuis Novembre 2007)

œles de pêcheurs

Harrington Harbour est l'unique village sans chemin d'une île perdue entre le Québec et Terre-Neuve. C'est quelque part entre l'île d'Anticosti et Blanc-Sablon. Autrement dit, c'est au diable vauvert, même pour les Québécois. Heureusement, l'auteure nous fait connaître ce coin inconnu, caractérisé par un trottoir de bois, qui traverse l'île en 20 minutes de marche. C'est une île habitée par des pêcheurs, qui ne sont reliés au continent que l'hiver à cause des glaces. Evidemment, seuls le VTT ou la motoneige sont d'usage sur cette île balayée par le vent à coeur d'année. C'est presque vivre sur une plate-forme de forage en plein océan.
Que se passe-t-il sur cette île? Pas grand-chose. Si l'ennui était la mère de tous les vices, Dieu aurait certes choisi ce lieu pour y précipiter les âmes damnées. Mais ce n'est pas le cas. Le vice n'est pas pire qu'ailleurs. On dirait même qu'il y fleurit moins bien. En somme, le roman raconte la vie des villageois sans en choisir un comme héros. Ce sont tous des personnages importants, qui vivent au coude à coude. C'est un peu embêtant pour eux parce que leur vie privée est l'affaire de tous, mais c'est bien réconfortant dans le malheur, qui frappe tout là-bas comme ailleurs. On s'attache, après 60 pages, à ces villageois, qui cachent des blessures incurables et qui vivent dans l'attente continuelle d'un bonheur qui tarde à se manifester.
Le malheur se pointe donc plus souvent qu'à son tour. Les femmes donnent leurs maris à la mer, d'autres veulent des enfants, d'autres en ont trop, d'autres sont victimes du destin qui les jette dans une mendicité au bout de laquelle triomphe le spectre de la mort, d'autres cherchent l'amour chez des hommes malhabiles, d'autres sont victimes de visiteurs corrompus. Le bonheur est une denrée rare, faut-il croire. Leurs conditions humaines attirent toute notre compassion. L'auteure manifeste un don exceptionnel pour la susciter. Serait-ce qu'elle serait elle-même la mère adoptive d'une enfant handicapée? Cette préoccupation d'autrui ressort surtout le jour des funérailles d'une jeune maman de sept enfants. C'est le moment fort du roman, assez fort pour arracher une larme aux plus sensibles.
Cette belle générosité très louable n'est pas suffisante pour masquer les défauts du roman. L'auteure est lente avant de nous accrocher à ses personnages. Il y a des jumeaux, il y a un Américain marié à une Innus (tribu indienne)... C'est un magma sans consistance avant que subitement l'auteure nous saisisse au tiers de son oeuvre avec la mort de l'un de ses villageois les plus vulnérables. Par contre, le caractère insulaire de la population est bien rendu ainsi que les images du quai (appontement), vers lequel convergent tous les espoirs, et de la grotte, refuge du désespoir des âmes déçues. Le dernier tiers m'apparaît très faible. L'auteure veut offrir une rédemption pour chacun de ses membres. Une fête pascale où chacun trouverait son eau de Pâques, qui le guérirait de toutes ses souffrances. Cet happy end me gêne d'autant plus qu'il est amené par de multiples rebondissements arrangés avec «le gars des vues». J'aurais souhaité un dénouement plus métaphysique sur l'insularité.
Ce roman ne fera pas pâlir Les Fous de Bassan d'Anne Hébert sur le même sujet, campé dans l'île Bonaventure. Même l'écriture emberlificotée par moment ne peut sauver l'oeuvre d'une appréciation plutôt moyenne malgré un deuxième tiers fort bien réussi.

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Pêcheurs de morue, sans morues

5 étoiles

Critique de Saumar (Montréal, Inscrite le 15 août 2009, 91 ans) - 6 avril 2013

Harrington Harbour est une petite île habitée par des pêcheurs, vivant en plein isolement, sauf l’hiver, alors que les glaces les relient au continent. L’auteure nous raconte les péripéties des gens de ce hameau, dans ce qu’ils ont de fragile et d’humble; ce qui les incite à l’entraide dans les nouvelles alarmantes, les rumeurs, les réconciliations, les drames et les deuils. La première de couverture est révélatrice de la tranquillité et de l’isolement dans cette île de la Côte-Nord.

Ici, le thème central est le lieu où se déroule l’histoire, c’est l’Île Harrington Harbour avec son unique rue et son trottoir de bois. Le récit nous présente aussi le thème de l’attente. L’attente de Paul pour Lucie sans accepter son jumeau, un peu simplet, l’attente de Manny pour son amant disparu en mer et, pour tous les insulaires, l’attente de jours meilleurs.

Certains personnages m’ont touchée davantage : Luke par sa naïveté désarmante, « poussant sa brouette aux limites de son monde », Lucie qui sacrifie son amour pour Paul afin de s’occuper de Luke puis la famille Sheltus : Clara, la belle Indienne, Jim le bon à rien et leurs sept enfants tenus dans l’indigence.

C’est une histoire sombre par une vie de médiocrité et les souffrances de ses personnages qui ont pour effet d’engendrer la mélancolie chez le lecteur. Au début du récit, c’est bien difficile de rentrer dans l’histoire et d’identifier les personnages. À mon humble avis, on est loin de la saga inoubliable des « Filles de Caleb ».

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