Rita tout court de Maxime-Olivier Moutier

Rita tout court de Maxime-Olivier Moutier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 10 septembre 2013 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Une femme de la classe populaire

Ce monologue d’une femme obèse s’apparente à C’t’a ton tour Laura Cadieux de Michel Tremblay. Les deux auteurs donnent la parole à des femmes du peuple, qui traduisent mieux que quiconque la difficulté d’être. L’héroïne de Moutier est désavantagée en comparaison de Laura. C’est une psycho-maniaco-dépressive, qui se retrouve seule après avoir vécu en couple. Elle n’a pas seulement perdu son mec, mais aussi ses deux filles, dont la DPJ (Département de la protection de la jeunesse) lui a retiré la garde en raison de son fragile équilibre mental.

Rita n’est pas conne. Elle met en doute la pertinence des décisions des services médicaux. Qu’est-ce que la médecine connaît des conditions de la femme des classes populaires ? Le souci de les aider se soustrait au mépris de celles qui parviennent difficilement à nager dans l’océan de la vie. Quant à la DPJ, c’est encore pire. Leurs tests patentés ne peuvent que prouver l’inaptitude de Rita à l’égard de l’éducation de ses filles. C’est assez pour devenir folle. Après un séjour dans un institut psychiatrique, elle se retrouve seule à faire du ménage. Son appartement reluit comme un sou neuf. Que peut-elle faire pour combler sa solitude ? S’acheter une tortue à qui elle ferait plaisir en lui caressant le cou. C’est bien peu pour une femme relativement jeune, qui ne peut croire qu’à son âge, l’amour a atteint sa date de péremption.

Pourtant, elle ne désire pas grand-chose. Malgré son obésité, elle veut aimer toute sa vie. Elle veut aimer cet homme qui l’a quitté même s’il l’a fait « chier » (sic) et pleurer. « Ça ne se contrôle pas l’amour, même quand c’est niaiseux (niais). Vous pouvez rire, c’est de même. Vous pourrez rien changer à ça. Même avec une bonne santé mentale. »

Le psychanalyste Maxime-Olivier Moutier a le don de saisir le drame de ceux qui souffrent d’un amour inapte à se montrer salvateur tant les âmes craignent les engagements. Finalement on meurt de ses amours perdues. Seuls les toutous en peluche peuvent être délaissés sans en mourir.

Ce monologue de 97 pages se lit en moins d’une heure. C’est trop court même si le sujet est abordé sous beaucoup d’angles. C’est beau, mais le langage employé par l’auteur peut déranger. Habitué à lire du français standard, le lecteur peut avoir de la difficulté à suivre un propos rédigé selon les normes du niveau populaire. Les chus au lieu des je suis lassent à la longue.

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