La quarantaine de J.M.G. Le Clézio
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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La Quarantaine
L'histoire très simplifiée : Retrouver le berceau familial, c'est le but de Suzanne, de Jacques et de Léon qui se retrouvent en quarantaine sur l'île Plate, toute proche de Maurice, convoitée mais interdite d'accès. C'est un roman polyphonique, avec des fils divers mais parfaitement identifiables, et des résonances internes.
Ce récit en mythe des origines est la recherche d'une filiation affective et intellectuelle. L'écrivain s'appuie sur des souvenirs racontés, des poèmes entendus, ou des cahiers intimes retrouvés. C'est dire le rôle des mots qui font remonter l'auteur à la source de son propre désir d'écriture.
Il approfondit ainsi des sensations fondamentales, éprouvées à Belle-Ile en Bretagne ou à Hastings en Angleterre, et qu'il attribue à ses personnages :"le bruit du vent me donne le frisson [...] j'aime aussi entendre la rumeur générale de la mer qui ronge l'île[...] la vibration est en moi, à l'intérieur de mes viscères".
C'est aussi un roman d'amour quand Léon, devenu narrateur, rencontre "Surya en train de marcher sur l'eau du lagon le long du récif, mince et légère, contre le mur d'écume, pareille à une déesse". Au contact de Surya, dont on va lire l'odyssée des ancêtres - belle polyphonie en effet qui se réclame de Rabindranath Tagore, Léon choisit sa voie : le refus de l'égoïsme et des privilèges familiaux.
Quant au lecteur, il reconnait les thèmes de Le Clézio dans "Le chercheur d'or", "Voyage à Rodrigues", ou "Gens des nuages". Il peut y voir une allégorie de notre monde : la dénonciation de tous les colonialismes et des ses préjugés, le refus d'une nature rentabilisée et d'une humanité fondée sur l'exclusion et l'exploitation.
Les éditions
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La Quarantaine
de Le Clézio, J.M.G.
Gallimard
ISBN : 9782070402106 ; 10,30 € ; 03/06/1997 ; 539 p. ; Poche
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La longue description de ce monde clos m'a parfois semblé pesante, même si dans l'ensemble j'ai bien aimé ce livre et que j'estime qu'il vaut vraiment la peine d'être lu. Le Clézio écrit très bien et cette quête du passé, l'obsession du narrateur pour retrouver les traces de ceux qui l'ont précédé, d'un monde passé, est vraiment loin d'être sans intérêt.
" Celui que je cherche n'a plus de nom. Il est moins qu'une ombre, moins qu'une trace, moins qu'un fantôme. Il est en moi, comme une vibration, comme un désir, un élan de l'imagination, un rebond du coeur, pour mieux m'envoler." De son grand-père Léon, adolescent, et de Rimbaud se rencontrant à Aden, des années plus tard, il écrit: "Est-ce que lui, l'adolescent, a su percer l'identité vraie du commis voyageur mourant dans la chambre de l'hôpital général ? Comme s'il avait pu deviner, dans ce corps rongé par la douleur et la sécheresse, la grâce de l'enfant qui dansait les mots, son regard ironique qui voyait à travers tous les oripeaux, et sa fureur."
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