Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi de Jean-Christophe Rufin

Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi de Jean-Christophe Rufin

Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Ayor, le 4 septembre 2013 (Inscrit le 31 janvier 2005, 52 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 16 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (990ème position).
Visites : 9 159 

Une vision éclairée du chemin de Compostelle

Dans son œuvre, Jean-Christophe Rufin nous livre sa vision du chemin de Compostelle et nous laisse libre d'en penser ce que l'on veut.
Ses choix, ses émotions et ses motivations nous sont livrés au gré des régions traversées, de leurs paysages et des pèlerins rencontrés sur le chemin qui, victime de son succès, n'échappe pas aux écueils commerciaux.

L'œuvre est découpée en chapitres clairs et très bien écrits, retraçant chronologiquement les diverses étapes. A noter que l'auteur a choisi le "Camino del Norte", situé plus près des côtes atlantiques qu'il longe quelques temps, et passe notamment par Santander et Oviedo. Celui-ci a l'avantage d'être pour le moment moins fréquenté que le "Camino francés", plus classique et qui compte Burgos et Léon comme étapes.
Pour qui a longé la "Costa Verde", certains sites rappellent avec plaisir de bons moments.

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Le récit d'un immortel

8 étoiles

Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 27 mai 2019

C'est le premier livre que je lis de Rufin.
Je n'avais pas d'apriori connaissant peu l'homme.
Je savais vaguement qu'il 'était impliqué dans une ONG, qu'il fut un temps ambassadeur au Sénégal et Gambie mais sans plus.
Je savais qu'il avait eu le prix Goncourt mais je ne connaissais rien de sa production littéraire.
En revanche des livres traitant de Saint-Jacques j'en ai lus et suis fortement intéressé pour un jour faire le pèlerinage.
Bref partons pour ce récit rédigé par un Immortel, excusez du peu.
Dès les premières pages on est parti sur les pas de JCR, on le suit, on attend chacune de ses remarques, de ses impressions, on le suit comme si nous avions le doigt dur une carte et il nous fait bien partager son pèlerinage.
Le sien car chacun a le sien d'après ce que j'ai lu.
D'emblée il faut savoir que le monsieur ne me semble pas plus catholique que cela.
Mais le mystère du Chemin le rattrape et il laisse son âme se convertir, sinon au catholicisme, du moins à une forme de mysticisme.
Il parle d'état bouddhique pour résumer son sentiment sur les sensations que lui procurent le Camino.
Bien malgré lui, devant les paysages, les rencontres, les lieux religieux, le passage depuis des siècles de pèlerins innombrables son esprit se transforme sans atteindre l'état extatique, mais enfin on sent que le chemin l'enveloppe et le transforme.
C'est du reste ce que disent toutes les personnes qui l'ont fait.
Je craignais les grandes leçons de morale, les grandes phrases ampoulées, le monsieur étant tout de même médecin, haut responsable politique et pour couronner le tout académicien.
Et bien non ! Son style est simple, les phrases se déroulent agréablement durant toute la lecture.
Il fait saillir parfois, au coin du bois, une idée sur le monde, sur la religion, sur le tourisme de masse. C'est bref et pas du tout moralisateur.
Je craignais le récit d'un intellectuel qui s'approprie le Chemin et le soumette à ses idées. Rien de tout cela. C'est un récit humble d'un homme qui marche seul, avec son sac à dos, qui défèque dans les jardins publics, qui dort dans des hôtels minables ou sous la tente, qui rencontre de vraies gens et échange avec eux.
Ce récit m'a plu et je le conseille à ceux qui veulent connaître l'auteur et à ceux qui veulent s'imprégner de Compostelle.

Trop facile

4 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 8 février 2017

L'ex-ambassadeur et académicien Jean-Christophe Ruffin a réalisé le parcours vers Saint-Jacques de Compostelle en se fondant dans la foule des pèlerins et de manière simple. Il raconte cette randonnée avec ses étapes, ses chemins, ses paysages et ses innombrables rencontres.
Ce récit ne m'a pas vraiment intéressé. En premier lieu le sous-titre du livre est "Compostelle malgré moi" et je m'attendais à une version critique et humoristique de ce pèlerinage. Or, ce n'est absolument pas le cas. Ruffin est parti de son plein gré et son texte comporte une bonne part de clichés du genre. En second lieu je m'attendais à un peu d'originalité, ce que je n'ai pas trouvé, la banalité du récit vite écrit et sans trace de réflexion intéressante est assez grande. Le succès du livre est dû à la réputation - à mon avis surfaite - de l'auteur.

Camino del norte

8 étoiles

Critique de Free_s4 (Dans le Sud-Ouest, Inscrit le 18 février 2008, 50 ans) - 27 septembre 2015

Le point de vue de Rufin sur son voyage à pied d'Hendaye à Compostelle par le chemin du nord.
Ou l'on apprend que ce voyage n'est pas toujours aussi beau que ça, on passe pas mal de temps dans un environnement urbain pas si sympathique.
J'aime bien lire les récits de voyage, celui-là ne m'a pas déçu.

découverte de soi même

8 étoiles

Critique de Stradivarius (, Inscrite le 7 février 2015, 82 ans) - 11 mai 2015

De nombreux livres ont traité de ce sujet : le chemin de Compostelle, celui de Rufin nous explique les différentes motivations qui animent les pèlerins à accomplir cet exploit. Quête spirituelle exploit sportif , goût des rencontres , dépassement de soi . Les paysages rencontrés sont souvent hostiles surtout la partie industrielle avec les voitures qui côtoient le chemin. Les paysages verdoyants sont plus agréables à traverser . L'auteur a pris le parti de marcher seul , évitant le couchage à l'intérieur des étapes, redoutant les ronflements intempestifs de certains marcheurs. Il ne néglige pas de nous signaler la dureté physique de la marche. Le chemin devient quelquefois spirituel. L'avantage de ce récit reste avant tout sincère , il nous livre ses faiblesses et l'impact que cette expérience marquera sa personnalité.

gare aux coquilles

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 6 juillet 2014

Un académicien qui délaisse l’épée et le bicorne pour le bâton de pèlerin et le sac à dos, ce n’est pas commun. C’est pourtant le choix qu’a fait cet incroyant, à l’âge où la plupart d’entre nous ne songent plus qu’à un repos bien mérité. Suivant le "Chemin du Nord", de Hendaye à Saint-Jacques-de-Compostelle, notre pèlerin d’occasion va vivre une expérience unique, qu’il conte avec humour et sincérité. Beautés (paysages sauvages du Pays Basque et des Asturies) et laideurs (pipelines de la côte Cantabrique) alternent au gré des huit cent kilomètres parcourus. Quelques rencontres trouent la solitude, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, jusqu’au rendez-vous avec la femme aimée, venue le rejoindre pour les derniers kilomètres. Beaucoup d’humour dans ce récit à une voix, beaucoup d’amour aussi pour une humanité en quête de valeurs vraies. Seuls les chiens, curieusement, ne trouvent pas grâce aux yeux de ce merveilleux conteur. Une erreur de jeunesse, sans doute…

Plaisant

7 étoiles

Critique de Cecezi (Bourg-en-Bresse, Inscrit le 3 mars 2010, 44 ans) - 16 juin 2014

Un récit sur Compostelle et des réflexions intéressantes sur le sens du chemin. Comme mes prédécesseurs, j'ai préféré le récit d'Alix de Saint-André, que j'ai trouvé plus spontané, surtout dans sa 1ère partie. Le récit de Ruffin m'est apparu plus posé, avec plus de recul, mais aussi reconfiguré dans une démarche plus analytique (voire artificielle...).

quelle mémoire

8 étoiles

Critique de Krapouto (Angouleme Charente, Inscrit le 4 mars 2008, 79 ans) - 9 mai 2014

Tout a été dit ci-dessous, je ne peux que me joindre aux avis favorables sur la qualité de l'écriture, le naturel avec lequel cet académicien, ancien ambassadeur,excusez du peu - nous fait part de ses transformations, ses joies, ses doutes... J'ai trouvé ce livre comme un exemple de sincérité... jusqu'à l'avant dernière page. Je n'arrive pas à imaginer que, sans notes, il conte son périple avec tant de détails précis. Qu'il se souvienne exactement des avatars de son état d'esprit, ok mais la précision des descriptions , quelle mémoire ?? Et enfin, si un écrivain part pour le Chemin avec l'arrière-pensée d'en faire un livre, quoi de plus naturel, le besoin in fine de se justifier n'était pas nécessaire.

Pas déçue...

10 étoiles

Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 29 avril 2014

Jean Christophe Rufin est décidément un académicien atypique. Ce récit de voyage emporte le lecteur sur le chemin de Compostelle, avec son auteur qui le parcourt pour la première fois.
32 chapitres, clairs et précis, nous plongent dans l'univers du jacquet au gré d'une plume toujours aussi délicieusement acérée. Quelle écriture ! Vive, profonde, sincère, humble et lucide mais aussi poétique et spirituelle. J'ai mis mes pas dans ceux de J-C Rufin, savouré les beautés du parcours, ressenti les moments de lassitude et de doute, souri de ses descriptions savoureuses de pèlerins rencontrés...
Ni marcheuse, ne croyante, je n'avais « foi », si j'ose dire, qu'en son auteur. Je ne regrette pas ma confiance. Rufin explore tous les genres et excelle décidément dans chacun d'eux.

L'échappée belle

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 23 février 2014

Jean-Christophe Rufin utilise son indéniable talent d'écrivain pour retracer SON Chemin de Compostelle.
Il fait d'abord la liste des questions que se pose le candidat d'une telle épreuve. Pourquoi je la fais ? Comment ? D'où puis-je partir ? Quel itinéraire choisir ?
Si certaines questions seront vite résolues (J-C Rufin partira d'Hendaye, et prendra le Chemin du Nord), d'autres ne trouveront pas de réponses.
Pourquoi prend-on un jour ce chemin, pourquoi est-on prêt et capable d'endurer tant de souffrances physiques ? Et pourquoi finalement est-ce le Chemin qui nous prend ?
"Je voulais bien donner au Chemin le sens concret qu'il avait pris en traversant vallées et villages, mais je souhaitais conserver à son but un caractère abstrait, symbolique et personnel."

Nous retrouverons les réflexions matérielles habituelles dans les livres sur ce célèbre pèlerinage ( Alix de Saint-André donnait d'excellents conseils dans son livre "En avant, route!").
Puis, ce qui fait la force et l'originalité du récit de ce célèbre auteur, c'est sa capacité de passer de la poésie pure à une trivialité basique, prouvant par là, que l'homme est un être spirituel... avec un corps qui l'est beaucoup moins !
Cette capacité de se livrer en toute intimité, de dévoiler des aspects de sa personnalité, de son identité, nous rendent ce membre de l'Académie Française attachant dans ses questionnements, dans ses contradictions.
"Les dernières nuits en sa compagnie (la mer) étaient douloureuses de plaisir. Si je le permets ici une confidence, je dirais que ce paradoxe est celui de toute ma vie."

Passant aussi de relations très drôles comme, par exemple, quand il décrit une messe "assez proche des talk-shows qui occupaient les écrans de leur télévisions, et elles (les paroissiennes), n'étaient pas dépaysées."
à des passages dont j'ai admiré la poésie :
"Une ligne d'éoliennes suit cette crête. À contre-jour, les grands pylônes apparaissent en noir sur l'azur. On dirait des points de suture placés entre ciel et terre. Leurs pales ressemblent à des nœuds placés sur ces fils pour tenir solidement les deux mondes. Comme si un géant avait, d'un coup de bistouri, ouvert le ventre de l'horizon pour atteindre ses entrailles et l'avait ensuite recousu à la hâte."

Il terminera par l'explication de la genèse de ce livre, et par sa conclusion, prouvant, s'il en était besoin qu'il y a probablement autant de Chemins qu'il existe de Jacquets.
"J'avais fini par me faire de ce fameux Saint-Jacques une idée bien à moi, fraternelle et philosophique."

Bon Camino

8 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 18 février 2014

Personnellement, mon intention était et est toujours de faire le chemin et me voilà prévenu, averti, également conseillé mais certainement pas découragé.

Il est vrai que je me suis déjà allé sur la Costa Verde et jusqu’à Saint-Jacques partiellement en empruntant la route du nord, mais j’étais motorisé et en famille. Je reconnais certaines descriptions, mais mon sentiment est moins négatif sur le caractère désolé et industriel de certaines parties du périple. Certes, ce n’est pas la partie du monde la plus pittoresque mais j’ai surtout reconnu le climat humide.

Démystifiant le pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, Jean-Christophe Rufin nous livre un récit d’une grande honnêteté et particulièrement humain de son périple vers la cité galicienne. En particulier, il explique de manière juste une série de paradoxes et les dérives qui entourent le phénomène « Saint-Jacques ». Teintée d’anecdotes et de bons mots n’ayant quelques fois fait rire, la narration est une belle réussite et rejoint sur plusieurs aspects ma perception d’une telle aventure.

A priori athée, au mieux agnostique, l’auteur ne justifie jamais sa démarche par une motivation d’ordre spirituel, ce qui selon lui, et je peux le croire, reste le cas de la majorité des pèlerins.

Sans user d’un lieu commun, les raisons qui poussent un homme ou une femme à entreprendre ce pèlerinage peuvent se révéler au fur et à mesure, et non au départ. A la page 169 du livre l’auteur résume cette pensée : « Je ne cherchais rien et je l’ai trouvé ».

Par ailleurs ce n’est pas d’arriver qui importe, c’est de cheminer et de trouver dans les rencontres et une certaine souffrance la révélation de soi-même.

Rufin à Compostelle, ou le récit d’un homme aussi modeste que grand

8 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 3 février 2014

C’est avec beaucoup de bonheur que, au départ d’Hendaye, le lecteur chemine avec Jean-Christophe Rufin, lequel endure la crasse du marcheur, s’émerveille de la découverte de paysages qui transcendent l’homme, et fait sienne la vision de Victor Hugo pour qui le nain marchant est un géant.

Tout au long du Chemin, ponctué d’humbles églises, il observe le « contraste frappant entre le christianisme rustique, primitif et pauvre, et la pompe des riches monastères ».

En fin de périple, émergeant du monde des solitudes et des silences, il se retrouve soudain à l’arrivée, plongé dans l’univers touristique des brouhahas mercantiles.

L’auteur dont on connait le si singulier parcours de vie (l’humanitaire, la carrière diplomatique, l’accession à l’Académie française) nous séduit par son immense simplicité.

Il confie notamment que « le Chemin réenchante le monde. Libre à chacun ensuite, dans cette réalité saturée de sacré, d’enfermer sa spiritualité retrouvée dans telle religion, dans telle autre ou dans aucune ».

Un récit qui frôle le roman, tant il a su nous faire rêver …

Un promeneur à Compostelle

8 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 29 janvier 2014

Jean-Christophe Rufin est un académicien qui sait écrire. Son Immortelle Randonnée se lit très facilement et toujours avec beaucoup de plaisir. Il raconte qu'il est parti à Saint-Jacques-de-Compostelle comme il serait parti sur un chemin de grande randonnée. Il ne partait pas à la recherche de quoi que ce soit et, par conséquent, il n'a rien trouvé, à part, peut-être, une sagesse qui ne vient qu'en marchant et que, curieusement, il appelle « bouddhisme ».

Mais sa randonnée, qui n'a d'éternelle que le nom, lui a donné l'occasion de découvrir toutes sortes de « pèlerins » qu'il croque avec un humour et une ironie, tout à fait bien tapée – surtout au début de son récit.

Ce promeneur décrit magnifiquement les paysages de son périple, parfois très beaux, parfois très moches et son récit a toujours un accent de sincérité qui le rend attachant. Il détaille avec amusement les petits soucis qui arrivent toujours aux marcheurs mais il parle surtout des rencontres qu'il a faites sur le chemin et aux étapes. On sent que ces rencontres sont réelles. Il aurait pu décrire des personnages inventés, pour faire du pittoresque ou des portraits typiques, mais il n'en est rien : on sent qu'il parle de gens réellement rencontrés et ça fait le charme et la vérité de son récit.

Je pense que les futurs pèlerins de Compostelle feront bien de lire ce récit après coup parce qu'ils y perdraient le plaisir de la découverte.

Pour l'anecdote, et parce que je pense que ça fera plaisir aux CLiens, je signalerai que l'auteur rencontre un jour un jeune Bruxellois, qui voyage seul, et qui pèlerine pour du vrai. Il est parti de Bruxelles, il a traversé l'ouest de la Belgique, le nord de la France et espère arriver à Compostelle pour y trouver « quelque chose » ou « Quelqu'un ». J'ai pensé reconnaître notre Saule, qui en 2004 a fait le pèlerinage en vrai pèlerin et qui nous l'a si bien raconté ici :

http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

L'immortelle Randonnée de Jean-Christophe Rufin a été pour moi, l'occasion de relire cet immortel pèlerinage d'un des nôtres, et je vous invite à en faire autant, parce que ça le vaut bien.

Impressions de voyage

8 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 9 décembre 2013

L'écrivain, ex-ambassadeur et membre de l'Académie Française, Jean-Claude Rufin décide un jour de partir pour une randonnée au long cours. Il hésite entre la haute route qui longe les sommets des Pyrénées entre Biarritz et Collioure et le Camino del Norte qui relie Biarritz à Saint Jacques de Compostelle en passant par le Pays basque espagnol, la Cantabrie, les Asturies et la Galicie. Sans aucune motivation religieuse ni aucune idée préconçue, il s'engage sur le second chemin ne sachant absolument pas ce qui l'attend sur cet itinéraire aussi mythique que millénaire. Il emporte une tente et du matériel de camping car il craint la promiscuité dans des dortoirs remplis de ronfleurs qui pourraient l'empêcher de dormir. De temps à autre, il va dans un petit hôtel, histoire de se décrasser et de profiter d'un peu de confort. Il lui arrive même de prendre le bus et même le métro. Autant dire que ce randonneur est un pèlerin des plus atypiques.
Tout est dit dans le sous-titre « Compostelle malgré moi ». Rufin part au hasard, ne sait pas dans quoi il s'est embarqué ni ce qu'il cherche, passe du rêve, aux réflexions puis aux envolées mystico-religieuses avant d'en arriver, vers la fin de son périple, à une sorte de béatitude proche de l'hébétude du ravi de la crèche ou du fumeur de joint. Il réalise que ce n'est pas l'homme qui prend le chemin mais plutôt le chemin qui prend l'homme. Devant ce nième livre sur la question, le lecteur hésitait à se joindre à l'intérêt collectif. Le bilan de sa lecture reste assez mitigé. En ce qui concerne le témoignage ou le récit de voyage proprement dit, il est plutôt resté sur sa faim. Les anecdotes sont peu nombreuses, les rencontres rares, éphémères et peu enrichissantes. Rufin a refusé de prendre des notes. Au fur et à mesure de sa progression, il arrachait une à une les pages de son guide. De plus, il reconnaît avoir écrit son livre à la demande d'une éditrice. On pourrait avoir l'impression qu'en choisissant le chemin du nord, nettement moins fréquenté que le Camino Frances surpeuplé et en optant pour une immersion assez relative, il est passé à côté de pas mal de choses. En fait, il n'en est rien. Rufin livre avec honnêteté et précision toutes ses impressions. Agaçantes au début par l'ironie et la distanciation qu'il met entre lui, le marcheur néophyte qui se plaint de ses pieds souffrants et tous les autres, obscurs crétins marchant pour des raisons qui lui semblent étrangères. Puis au fil de la marche, sa vision s'élargit jusqu'à devenir enfin humaine, empathique et bienveillante. Comme la mer le fait en roulant les galets de la plage, les centaines de kilomètres, les conditions climatiques, la beauté ou la laideur des paysages (la description de certaines portions ne donne pas trop envie de s'y lancer) tout cela façonne tout doucement et presque à son insu son esprit cartésien et son âme gnostique. L'homme qui arrive au but ultime si décevant n'est plus le même que celui qui était parti de Biarritz tout guilleret. Et c'est là, dans cette analyse psychologique et dans cette réflexion philosophique, que se situe l'intérêt majeur de cet ouvrage. Avec énormément de finesse et d'intelligence, Rufin nous fait partager joies et souffrances du marcheur qui progresse pas à pas, humblement sur un chemin qui, en apparence chrétien, est surtout d'esprit bouddhique. Rien que pour cet aspect, il mérite d'être lu.

Un bon récit sur Compostelle

6 étoiles

Critique de Fabrice (, Inscrit le 22 novembre 2009, 39 ans) - 30 novembre 2013

J'achève à l'instant "Immortelle randonnée", dans lequel Rufin, avec qui c'est pour moi la première rencontre, raconte son récit de voyage à Compostelle.
Récit bien écrit, qui laisse une place à l'autodérision et apporte quelques éléments de réflexion spirituelle.
C'est bien écrit (mais effectivement on a du mal à croire qu'il ait pu écrire ce livre sans avoir pris de note en chemin) et l'originalité de ce récit réside notamment dans le fait que l'auteur a préféré emprunter le "Camino del Norte" plutôt que le très parcouru "Camino frances". Mais c'est vrai qu'à tout prendre, je préfère quand même le "En avant marche" d'Alix de Saint-André.

Journal de voyage

7 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 17 octobre 2013

Si l'on en croit l'auteur, ce livre a été entièrement écrit après le pèlerinage, aucune note n'ayant été prise au cours du voyage. Cela surprend, tant certains souvenirs semblent être extrêmement précis, jusque dans les moindres détails. On a l'impression de lire un journal établi au jour le jour. Rufin nous décrit les paysages, parfois magnifiques et parfois décevants. Il nous parle des monuments. Mais l'essentiel réside dans les rencontres (bien que Rufin dise préférer être seul), et dans le cheminement spirituel qui évolue au gré des kilomètres et des souffrances qui en découlent.
Ce livre est à rapprocher de « En avant, route ! », sous la plume de Alix de Saint-André. Ce dernier m'a paru plus percutant, entraînant plus le lecteur sur ce Camino qui fascine un nombre sans cesse croissant de personnes.

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