Un détail inutile ? Le dossier des peaux tannées. Vendée, 1794 de Jean-Clément Martin

Un détail inutile ? Le dossier des peaux tannées. Vendée, 1794 de Jean-Clément Martin

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par JulesRomans, le 4 septembre 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 2 avis)
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Arrêtez de nous tanner avec vos peaux, vous les blancs !

Jusqu’à la fin du XXe siècle, le muséum de Nantes proposait à ses visiteurs un objet pour lequel certains venaient spécialement. Il s’agissait d’une peau tannée, le débat était alors de savoir si elle avait appartenu à un soldat républicain ou à un Vendéen.

Derrière la question se profilait le problème du prétendu génocide vendéen, puisque les nostalgiques de la Vendée militaire voyaient là confirmation des crimes républicains. On accusait les jacobins d’utiliser les cadavres pour en récupérer la peau et celle-ci une fois tannée servait à faire des pantalons ; le général Jean-Baptiste Moulin était censé avoir subi la haine des Vendéens pour cela et on expliquait dans certains écrits son suicide à Cholet le 8 février 1794 par sa crainte de payer de tels forfaits.

Justement un conservateur amateur des collections du musée de Cholet revendiqua au nom de l’histoire cette peau ayant prétendument appartenu à un Vendéen, Jean-Clément Martin reste très vague sur celui-ci (évoquant un conservateur d’un musée voisin) mais une lecture de la presse locale des Trente Glorieuses nous l’a appris. Quand au terme d’"amateur" que nous employons, c’est parce la ville totalement désintéressée par son musée, l’avait laissé aux soins d’une association culturelle qui depuis les Années folles entendait faire de Cholet la capitale de la Vendée militaire. Elle voulait spolier d’ailleurs Mauléon de ce titre pour lequel cette cité des Deux-Sèvres a des lettres de noblesse bien plus conséquentes que la sous-préfecture du Maine-et-Loire.

L’objectif de cet ouvrage est de tordre le cou à un certain nombre de légendes tout en plaçant la question de l’écorchement dans ses dimensions de l’époque moderne (celle qui se clôt en 1815), à savoir médicale (étude des corps), artistique (modèle), pénale …

L’auteur est connu pour ses nombreux écrits sur la Vendée militaire et la mémoire qui en découle. Il est d’ailleurs à noter qu’a contrario sur Europe 1 un histrion (qui se dit historien) popularise régulièrement les thèses développées par des personnages locaux comme Philippe de Villiers et Raynald Secher (ce dernier utilisant en particulier la BD pour faire passer ses idées). Ces derniers ont d’ailleurs été successivement ses invités pour exiger la reconnaissance d'un génocide vendéen.

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Les éditions

  • Un détail inutile ? [Texte imprimé], le dossier des peaux tannées, Vendée, 1794 Jean-Clément Martin
    de Martin, Jean-Clément
    Vendémiaire / Collection Révolutions
    ISBN : 9782363580559 ; 16,00 € ; 15/03/2013 ; 160 p. ; Broché
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un livre objectif ?

1 étoiles

Critique de Bandera (, Inscrit le 17 février 2018, 68 ans) - 17 février 2018

Je ne suis pas sûr que J. C Martin soit l'auteur le plus objectif qui soit.
Il me semble au contraire que son intention est un peu de noyer le poisson.
A lire son livre, on en retire vaguement l'impression que les cas de tannage de peau humaine sont imaginaires alors qu'ils sont quand même avérés.

Il y a eu aussi des exemples de tannage de peau humaine dans les camps de concentration. Que penserions-nous d'un auteur qui écrirait un livre pour les traiter par le dédain comme J. C Martin et conserverait un subtil équilibre entre réalité et imaginaire, tout en se référant à un contexte plus large ?

" Quelle attention doit-on accorder aux légendes noires, dénonciations, bruits, racontars et autres « détails inutiles » auxquels Orwell attache de l’importance ? La tentation de l’historien est bien de passer outre. À quoi bon pourfendre encore une fois, les baudruches gonflées par des imaginations malsaines et inépuisables ? La vérité, une fois établie, s’imposera d’elle-même, malgré le grouillement inévitable des rumeurs et des délires. N’est-ce pas même rendre un hommage immérité à ces médiocres faits que de vouloir les considérer comme des objets dignes d’étude et, en quelque sorte, d’accepter de dialoguer d’égal à égal avec ceux qui ont inventé ces fantasmes purs ou donné de l’importance à des épisodes monstrueux certes mais sans réelle signification historique ? Le sujet peut paraître bizarre, malsain, voire dangereux" (introduction de JC Martin)

Cette introduction est un modèle de mauvaise foi...

On peut consulter, en ligne, un article antérieur au livre de JC Martin (qui le cite) et dont la tonalité est un peu différent :
Anne Rolland-Boulestreau, « Résonance d’une « perversion » : tanner la peau humaine en Vendée militaire (1793-1794) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 120-1 | 2013, mis en ligne le 30 mars 2015, consulté le 16 février 2018. URL : http://journals.openedition.org/abpo/2575 ; DOI : 10.4000/abpo.2575

http://journals.openedition.org/abpo/2575/…

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