« La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique » (Georges Clemenceau)

Durant les années qui viennent se reposera avec encore plus d’acuité, le problème de la réhabilitation ou non des fusillés pour l’exemple. André Bach est connu pour ses études premières sur le sujet ; il faut dire qu’à l’époque où il dirigeait le Service historique de l’armée à Vincennes, l’accès aux documents sur le sujet était très difficile aux chercheurs.

Ce n’est pas seulement parce qu’il y a déjà beaucoup à dire sur la période 1915-1916 que l’ouvrage présenté ici ne couvre qu’une partie de la période que couvre la Grande Guerre. En effet avec les mutineries de 1917 les conditions dans lesquelles de prétendus mutins sont jugés bouleversent les évolutions notées ici. Il faut bien distinguer la physionomie des conseils de guerre tenus en 1914 de ceux qui ont lieu les deux années suivantes. Certes les juges croient toujours au pouvoir dissuasif de la sanction, mais ils connaissent mieux le vécu des soldats et, sous la pression de certains députés et sénateurs, ils tiennent mieux compte des exigences juridiques.

C’est durant la période 1915-1916 que les parlementaires arrivent le mieux à contrôler l’action des officiers supérieurs. Le rôle que Paul Meunier (alors député républicain socialiste de l’Aube) joue dans le contrôle parlementaire est bien approché et sont très nombreuses les références à "Les conseils de guerre : les tribunaux militaires pendant la guerre, erreurs judiciaires, réformes législatives", un ouvrage qu’il publie en 1918 à la Librairie Ollendorf. Son action sur ce point est en tout cas beaucoup plus claire que ce qu’en dit l’ouvrage "Paul-Meunier, un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau" d'Yves Charpy. Abel Ferry, neveu de Jules Ferry et député radical indépendant des Vosges, est également très présent sur le sujet.

Un chapitre entier est consacré à Verdun, sur la question des désertions constatées l’auteur montre comment après le démantèlement de la place de Verdun, pour maintenir une certaine densité d’occupation du front, l’on avait placé des régiments de territoriaux avec certains soldats qui n’avaient fait jusqu’alors que des travaux de terrassement ou de gardiennage des voies ferrées.

L’auteur a dit dans plusieurs interviews qu’il dispose d’une base où il a recensé environ 2 600 condamnations à mort de soldats français pour l’ensemble de la période de la Grande Guerre. Cette large connaissance en détail a permis de fournir une synthèse rédigée dans un style très fluide. Un utile complément à la lecture de cet ouvrage sera le livre "14-18, les fusillés" de Frédéric Mathieu.

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  Justice militaire, 1915-1916 [Texte imprimé] André Bach

  de Bach, André
  Vendémiaire / Chroniques (Vendémiaire)
  ISBN : 9782363580481 ; 26,00 € ; 26/01/2013 ; 594 p. ; Broché

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