Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit de Jean d' Ormesson

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit de Jean d' Ormesson

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Hervé28, le 27 août 2013 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 364ème position).
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les fausses confidences

Avec « Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit », ce nouveau livre de Jean d’Ormesson semble être la suite logique de son précédent roman « c’est une chose étrange à la fin que le monde », deux titres, deux vers, extraits d’un poème d’Aragon, auteur que notre célèbre académicien admire.
Comme d’habitude, Jean d’Ormesson, une fois de plus pour ses détracteurs, une fois encore pour ses admirateurs, se plonge dans son passé, celui de Saint Fargeau ou plutôt de celui de Plessis- Lez- Vaudreuil, celui d’ « Au plaisir de Dieu » (on retrouve M. Machavoine et le doyen Mouchoux) pour nous livrer sa vérité ou plus précisément une part de sa vérité. Car en tant que lecteur assidu de Jean d’Ormesson, je découvre des personnages encore passés sous silence dans ses divers romans : le bouddhiste égaré dans la Haute-Sartre, la tante Françoise mais aussi j’ai le plaisir de retrouver Marie, véritable Sylvide de Jean d’Ormesson ressemblant étrangement à sa cousine C…., sur laquelle il avait enfin fait des révélations dans un de ses précédents romans « Qu’ai-je donc fait »
Car avec ses fausses confidences, Jean d’O n’a de cesse de nous mener en bateau. Entre fiction et réalité, il nous entraine dans le tourbillon de la vie, de son histoire mais aussi de l’histoire du monde, avec une troisième partie « il y a au dessus de nous quelque chose de sacré », un prolongement de « c’est une chose étrange à la fin que le monde », où Jean d’Ormesson abordait un domaine nouveau pour le lecteur qui le suit depuis des années, celui de la science et des mathématiques. Il se fait quelque part , disciple de Trinh Xuan Thuan. Peut-être revient–il à ce que lui prédestinait Valéry, les mathématiques, la seule agrégation possible selon Valéry à l’auteur.
De part ses intitulés de chapitres, la seconde partie « Rien ne change » peut faire songer à « Du côté de chez Jean », roman ou plutôt essai paru en 1959.

En conclusion, Jean d’Ormesson fait ici la synthèse de ses trois styles d’écritures :
- Le roman avec une suite d’ « Au plaisir de Dieu »
- L’essai avec des réminiscences « Du côté de chez Jean »
- La vulgarisation scientifique avec « c’est une chose étrange à la fin que le monde »
Le tout avec un style toujours aussi limpide et plaisant, avec deux personnages qui dominent ce roman : Marie et Dieu, tout deux véritables fils rouges des romans de Jean d’Ormesson depuis……. ô mon Dieu plus de 50 ans.
Je vous conseille cet ouvrage à lire comme le testament de Jean d’Ormesson (encore un, diront ses détracteurs), ou comme un témoignage plein d’espérance …. sur la vie .
Un régal, sans nul doute, un plaisir de lecture, il va sans dire

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Tout était dit

6 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 15 décembre 2017

J'ai commencé ce livre au titre prémonitoire le jour de la mort de Jean d'Ormesson. Si le style est toujours aussi brillant, il faut reconnaître que l'on n'y apprend pas grand chose qui n'ait déjà été abordé dans les précédents ouvrages. Ce sont essentiellement des redites. Intéressantes certes, mais des redites tout de même.
Et j'ai pensé que Jean d'Ormesson avait peut-être en fait déjà tout dit de ce qu'il voulait nous confier...

Quand l'immortel parle de la mort.

9 étoiles

Critique de Ndeprez (, Inscrit le 22 décembre 2011, 48 ans) - 1 mars 2015

90 ans... l'auteur a 90 ans et il a toujours une vivacité d'esprit à faire pâlir bon nombre de ses collègues écrivains pourtant plus jeunes.
Le titre laisse penser à un testament littéraire , il n'y en est rien.
Comme l'écrit Tanneguy , on ne découvre pas grand chose , la plupart des faits historiques ou scientifiques étant connus , mais l'humour et la fluidité des mots ont tendance à tout faire pardonner à Jean D'Ormesson.
Ceux qui le lisent depuis quelque temps ne seront pas étonnés par les thèmes évoqués (le temps , la beauté , la mort , Dieu , le grand-père, sa femme Marie etc...) mais ceux qui le découvrent (et je les envie) prendront plaisir à lire les points de vue de l'académicien le plus célèbre.
A acheter , à lire , à offrir et... à relire dans quelques années ou décennies.

Lire du Jean d'Ormesson est le contraire de perdre son temps

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 10 novembre 2014

Dans ce roman, - car c’en est un, voir plus loin – Jean Bruno Wladimir François-de-Paule Le Fèvre d’Ormesson nous parle de sa famille (des gens de « la haute »), de son grand-père. D’un de ses dadas : le temps. Du fait qu’il préfère ne rien faire- ou plutôt comme le héros du roman de Melville, Bartleby, qu’il « préfère s’abstenir « - , qu’il aime dormir. Il nous parle des mythologies, des « grands classiques »- comme Chateaubriand, Homère, Einstein, La Fontaine, Freud ,…- . De l’Italie, de la Grèce, de l’Inde … et de la France. D’une certaine Marie, d’un certain Pama Karpo, omniprésents, tous deux personnages fictifs (ou représentatifs) et voilà pourquoi ce récit est un roman. Il nous dit « qu’il y a au-dessus de nous quelque chose de sacré »… Oufti !
Lire du Jean d’O, c’est le contraire de perdre son temps ; et de surcroît, excellent pour le moral !


Extraits :

- ( Je suis) Unique. Irremplaçable. Le seul, à jamais, de mon espèce et de mon genre. Et d’une banalité à pleurer. A la façon de milliards d’êtres vivants, de toutes les couleurs et de toutes tailles, (…)

- (…) l’avenir qui n’est nulle part avant de tout envahir et de se changer en souvenir.

- Dieu est invraisemblable. Nous aussi. Le temps est invraisemblable. La lumière est invraisemblable. La vie est invraisemblable. Et tout ce qu’on peut essayer de mettre à la place de Dieu et pour éviter Dieu - une éternité aveugle, une avalanche de hasards heureux et sans liens entre eux, une succession en accordéon de big bangs et de big crunchs, une infinité de multiunivers dont nous ne serions qu’un exemplaire…- est invraisemblable aussi. Le mystère est notre lot. Par respect, par gratitude, pour tâcher d’éviter l’absurde et le désespoir, pour essayer d’être heureux, je choisis de l’appeler Dieu.

- On ne peut rien dire de Dieu. Je vois Dieu comme un esprit qui serait à l’intelligence des hommes ce que l’éternité est au temps. C’est-à-dire radicalement autre chose. Parler de Dieu devait être interdit plus sévèrement que le parricide, l’inceste, la violence gratuite.

- Quand les hommes auront disparu, Dieu sera le seul à pouvoir se souvenir encore d’eux. Et de nous.


En bonus, cette courte intervieuw :

http://videos.tf1.fr/jt-we/2013/…

Merveilleux, une fois de plus !

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 16 octobre 2013

Bien sûr, on a déjà entendu parler des anecdotes distillées tout au long du volume. Mais on ne s'en lasse pas, tant le style est agréable ; on l'imagine avec son éternel sourire tel qu'il apparaît régulièrement à la télévision : l'enchanteur !

Hervé a raison, les deux personnages du roman sont Marie et Dieu, le second prenant de plus en plus d'importance à mesure que le terme se précise. Je suis certain que nombre de ses lecteurs parmi les plus âgés aimeront partager les analyses pertinentes de Jean d'Ormesson, c'est mon cas.

Les livres de qualité ne sont pas légion à notre époque ; ne boudons pas notre plaisir ! Un conseil, si vous empruntez cet ouvrage dans une bibliothèque, ne tardez pas, il est très demandé...

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