Motel Lorraine de Brigitte Pilote

Motel Lorraine de Brigitte Pilote

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 24 août 2013 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 069ème position).
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Le Rêve de Martin Luther King

Pour appuyer la marche d'aujourd'hui qui rappelle Martin Luther King, voici mon commentaire d'un roman, québécois évidemment, qui souligne l'apport de ce leader noir.

Martin Luther King a été assassiné en 1968 devant la chambre 306 du Motel Lorraine. Depuis, jamais le propriétaire n’a pu la louer jusqu’à ce que Sonia, une voyante de Montréal d’origine irlandaise, s’emmène à Memphis en 1977 avec ses deux filles. Peu lui importe qu’un drame s’y soit produit. Il lui faut fuir la Justice, qui l’accuse d’avoir volé un enfant sous les yeux de sa mère biologique.

Diabétique et déprimée, Sonia a choisi à son insu une ville culte, où le leader noir était venu pour partager son rêve. L’auteure tente de montrer comment ce rêve de liberté s’est concrétisé pour les Memphisiens autant chez les blancs que chez les afro-américains, qui ont fait la richesse de la ville comme esclaves dans les champs de coton. Memphis n’a pas encore exorcisé ce honteux passé parce que, chaque année, un carnaval le rappelle.

La trame tourne autour de cet événement, auquel les belles adolescentes veulent participer comme duchesses au moment du défilé annuel. C’est l’occasion pour elles de s’affranchir en quelque sorte de leurs parents et d’attirer sur elles l’admiration de la population. Ce peut être un premier pas heureux vers leur vie adulte. On rêve encore à Memphis d’un avenir prometteur. Et les adolescentes comptent sur tous les événements pour investir dans une carrière à venir. Au-delà du Carnaval de coton, elles escomptent aussi que la chorale du Brown Chapel Baptist puisse les propulser le jour de la Pentecôte que l’on célèbre en grandes pompes. Dans le Middle West, les églises de toute domination pullulent. Et le Tennessee ne fait pas exception.

Les enfants de Sonia se sont intégrées à leur nouveau milieu avec une facilité étonnante. Louisiane, la plus âgée, voudrait bien être de la fête. Mais son protégé Lonzie, un repris de Justice converti à de meilleurs sentiments, a d’autres visées pour elle. Sa rédemption est passée par la photographie. Comme nul autre, il sait tirer un portrait d’un réalisme saisissant. C’est donc au métier de mannequin auquel il songe pour Lou. Cette dernière croit en lui au point d’être assurée qu’Il lui servira de tremplin pour mettre sa beauté en valeur et pour se venger d’une mère qu’elle accuse de la négliger. Quant à Georgia, la cadette devient, malgré elle, la vedette du spectacle négro spiritual. Sa voie d’ange la lancera-t-elle vers les grandes scènes de l’opéra ? La directrice de la chorale y croit plus que sa pupille.

Les adolescentes du roman évoluent sous la férule bienveillante d’adultes, généralement des blancs à l’aise. Même la ménagère du motel Lorraine ne rate pas l’occasion d’aider tous et chacun pour les mettre sur les rails. Grâce à ces âmes bien intentionnées, on se montre résiliants parce que l’on croit fermement que le rêve du Dr King n’est pas mort avec lui. Il a créé à Memphis une vague sur laquelle tous espèrent surfer, y compris les blancs. On lèche encore les plaies de la ségrégation raciale, mais la révolution entreprise par Martin Luther King contribue à la libération de tous les porteurs de colliers étrangleurs. Il n’est pas dit, par contre, que plus d’un ne se réjouit pas d’un tel mouvement. Il y a toujours une tragédie qui frappe pour rappeler l’humanité à sa soumission aux impératifs de tout ordre. Et Memphis n’échappe pas au profilage racial pour que soit conservée la caste des citoyens de seconde zone.

Brigitte Pilote vient d’écrire un roman plein d’aplomb. Qu’elle ait réussi à tramer une histoire originale autour de Martin Luther King démontre qu’elle a un véritable talent romanesque. Avec une structure solide et une écriture assurée, elle a décrit une Amérique qui tente toujours de panser ses plaies.

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Manque de profondeur

5 étoiles

Critique de Alapage (, Inscrite le 7 février 2017, 50 ans) - 5 octobre 2017

Le Motel Lorraine n'est plus le même depuis qu'il fut le lieu de l'assassinat de Martin Luther King. La ville non plus d'ailleurs. Et c'est précisément la chambre 306 où Sonia décidera de s'installer avec ses deux filles, Louisiane et Georgia.

Peu de temps après leur installation au sein de cette petite chambre, Louisiane se rebelle contre sa mère. Elle refuse de manger et décide de fuguer. Georgia trouve sa vocation au sein d'une petite chorale, grâce à Jacqueline, la femme de ménage du motel, qui la prend sous son aile. Elle fera en sorte de convaincre Grace de l'inclure dans son groupe de jeunes chanteurs.

Autour d'elles gravitent plusieurs autres personnages et leurs chemins finissent tous par se rencontrer. Louisiane posera pour Lonzie et ira se réfugier chez lui pendant quelques semaines en espérant être la prochaine princesse du carnaval. Lonzie choisira plutôt la jolie Alabama, collègue de Georgia au sein de la chorale, pour représenter la première princesse noire au carnaval de coton. Ce qui permettra à Georgia de s'illustrer lors du récital au point d'émouvoir Grace. Et pendant ce temps, Sonia continuera de se morfondre dans cette chambre de motel.

L'auteure nous a amenés à une époque où la ville de Memphis se relève péniblement de l'assassinat du Docteur King. Les gens ont gardé en mémoire le passé, les conflits et tentent de faire leur petit bout de chemin au travers de tout cela. Nous ressentons à quel point l'histoire de leurs ancêtres est encore bien présente.

J'aurais sincèrement pensé que Brigitte Pilote serait allée plus en profondeur avec ce roman, mais j'ai plutôt eu l'impression qu'elle survolait le sujet. Le roman manque tout simplement de consistance et de rythme. Malgré que les chapitres soient courts, que le roman ait si peu de pages, au final, nous ressentons à plusieurs moments de la longueur et on se demande où s'en va l'auteure et l'on perd le fil...

Peut-être qu'il y avait trop de sujets abordés, trop de personnages et de narrations différentes bref, je n'ai pu adhérer au récit. Dommage, car le roman se situe à une époque charnière de l'histoire pour les Africains-Américains et j'aurais aimé la découvrir en profondeur!

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