Ah, vraiment quel beau duo d’auteurs et je sais de quoi je parle car j’ai dû lire le premier ouvrage signé d’eux au début des années quatre-vingt, si je ne commets pas d’erreur. Il s’agissait de l’album de bande dessinée Le rendez-vous de Sevenoaks… Mais je pense que je reviendrai vous en parler une autre fois car aujourd’hui, je veux prendre le temps de présenter le travail atypique de ces deux auteurs dans le genre roman illustré comme cet extraordinaire petit Meurtre en miniature…

En fait, c’est lors de la publication d’Une trilogie anglaise (Rendez-vous de Sevenoaks, Le dossier Harding et A la recherche de Sir Malcolm) que j’ai découvert la puissance exceptionnelle de ces textes illustrés. C’était comme une sorte de préface, A propos de Francis par Olivia Sturgess et ces quelques pages sont pour moi presque parfaites. On ne sait plus de quel genre littéraire il s’agit. On hésite entre journal, souvenirs, roman, texte illustré, œuvre d’art… et c’est tout à la fois et encore mieux, c’est du Floc’h et Rivière !!!

J’attendais qu’un jour ils puissent aller jusqu’au bout de leur désir, qu’ils nous livrent, enfin, un roman illustré sans limite de pages, sur un thème qu’ils adorent et que nous puissions être emportés jusqu’au bout du fantasme… et ce divin moment est arrivé le jour où j’ai eu en main Villa Mauresque !!! On avait déjà entendu parler de cette maison de Somerset Maugham car l’écrivain britannique est déjà apparu dans leurs travaux. Mais, voilà, cette fois-ci, Willie est l’objet de tout le récit et c’est magique, extraordinaire, doux, passionnant, impressionnant, attirant et fascinant… on entre dans la villa et on y reste jusqu’à la mort de Maugham sans jamais se lasser ni avoir envie de partir en courant !

De quoi s’agit-il ? D’un roman si vous vous dites que la vie de Somerset Maugham est un peu arrangée, que les personnages parlent d’une façon très libre… D’un récit illustré si vous vous laissez prendre par les dessins de Floc’h qui illustre encore ici qu’il est définitivement le grand maitre, pour ne pas dire plus, de la ligne claire ! Oui, le dessin seul vous permet d’absorber tous les éléments indispensables pour comprendre cet écrivain et son œuvre. Une biographie si vous estimez que la vie de Somerset Maugham est bien l’objet principal de l’ouvrage. Et c’est vrai que vous avez là au moins une introduction à une vie et une œuvre, même si on va plus loin en tentant de comprendre d’autres personnages ayant fréquenté un temps cette Villa Mauresque. Pour moi, ce peut être aussi un hommage incroyable à Maugham, à la liberté humaine, à la littérature et ses implication dans la vie humaine, à la forme texte et dessin intimement unis pour servir une intention créative et qu’importe si on en sait plus si on est encore dans la littérature, la bande dessinée, où une forme hybride n’ayant pas encore de texte…

Oui, j’ai adoré et je souhaite que vous soyez nombreux à partager mon plaisir, que cela vous donne envie de lire Maugham lui-même, un écrivain qui vaut mieux que sa réputation. Je souhaite aussi que cette magnifique réussite donne envie aux éditeurs de provoquer Floc’h et Rivière pour qu’ils aillent encore plus loin et que nous puissions avoir beaucoup d’autres chefs d’œuvre à lire dès l’été prochain et pour les trente-huit décennies à venir, même si cela vous semble un peu trop…