La promesse de Friedrich Dürrenmatt

La promesse de Friedrich Dürrenmatt
(Das Versprechen)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Killeur.extreme, le 4 avril 2003 (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 43 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 758ème position).
Visites : 6 092  (depuis Novembre 2007)

Voilà ce que c'est de tenir une promesse !!!

Ceux qui ont vu l'adaptation de Sean Penn "The pledge", connaissent en gros l'histoire, il y a quelques différences: l'histoire ne se passe pas aux USA, mais en Suisse dans les environs de Zurich, le héros ne part pas à la retraite, mais il est envoyé en Jordanie pour diriger la police locale. Mis à part ça, Sean Penn reste fidèle à l'histoire originale, qui était aussi un scénario de film que l'auteur a repris car sa fin et celle du film divergeaient.
L'histoire: A la veille de partir en Jordanie pour diriger la Police, mission qu'il considère comme un avancement, Mathieu, brillant inspecteur zurichois est appelé à Maegendorf par un colporteur, autrefois arrêté pour attouchements sur mineur, qui a découvert le cadavre d'une fille mutilée au rasoir, en raison de son passé et parce qu'il transporte des rasoirs et des lames de rasoirs, le colporteur est vite accusé, Mathieu promet à la mère qu'il retrouvera l'assassin, bien qu'il soit convaincu de l'innocence du vendeur ambulant, qui se suicide après avoir fait des aveux à la suite d'un interrogatoire douteux dans la façon dont il a été mené. Au moment de prendre son avion, Mathieu change d'avis, car il savait que le colporteur était innocent et que le vrai meurtrier court toujours, de plus il est tenu par sa promesse...
"La promesse" n'est pas un roman policier classique, mais un roman policier réaliste, voir le début du livre, Mathieu n'est pas Sherlock Holmes, il a un bon plan pour coincer le tueur, un plan qui aurait fonctionné sans une chose: le hasard de la vie... Pour comprendre, il faut lire ce livre dont le sous-titre est: "Requiem pour le roman policier" à méditer

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Un polar différent

9 étoiles

Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 3 février 2025

« Des histoires possibles y en a-t-il encore, des histoires possibles pour un écrivain ? », se demandait Friedrich Dürrenmatt (1921-1990) dans un chapitre introductif à son roman La Panne (1956). De même, au début de La Promesse (1958), un personnage, le commandant H., policier à la retraite, s’interroge-t-il sur la crédibilité des romans policiers. Ceux-ci, en effet, sont, en général, basés sur des questions de logique. Or, dans la réalité, il n’en est pas ainsi : « Le réel, le concret n’a que très peu affaire avec la logique ». De plus, précise le commandant H. à un interlocuteur qui est un auteur de romans policiers, « dans vos romans, le hasard n’intervient pas, ne joue aucun rôle… » alors que, dans la réalité, il n’en est pas ainsi.
Sous-titré « Requiem pour le roman policier », le roman de Friedrich Dürrenmatt ne se soumet donc pas aux règles du genre et l’histoire que se met à raconter le commandant H., qui en fut le témoin, n’entend pas obéir aux conventions. Ainsi Dürrenmatt nous fait-il entrer dans le vif du sujet, l’histoire d’un policier prénommé Matthieu qui, alors qu’il devait se rendre de Suisse en Jordanie du fait d’une collaboration entre les deux pays, est amené à demeurer dans le sien, du côté de Zurich, dans le village de Maegendorf, théâtre d’un crime abominable, l’assassinat d’une fillette, la petite Gritli Moser.
Or, sur place, les policiers s’apprêtent à interroger un témoin du nom de Von Gunten, colporteur de son métier, ce qui, pour les villageois, suffit à le rendre suspect. C’est cet homme qui a trouvé le corps de l’enfant, bientôt identifiée par l’instituteur comme étant la petite Gritli Moser. Cependant, une fois arrivé sur place, Matthieu, contrairement non seulement aux villageois mais aussi aux policiers du cru, ne tarde pas à se convaincre que Von Gunten est innocent. Néanmoins, ce dernier, ayant en vain clamé son innocence, persuadé qu’il sera condamné, de désespoir se pend dans sa cellule. Pour les villageois, pas de doute, l’homme s’est fait lui-même justice.
Jusqu’à cet endroit du récit, le roman de Dürrenmatt semble se conformer aux normes du genre policier mais ce n’est que petit à petit qu’il s’en démarque pour aboutir à une conclusion qui ne correspond pas à ce à quoi s’attend le lecteur quand il lit un polar. En vérité, ce qui intéresse Dürrenmatt par le truchement du narrateur fictif de son roman, c’est le comportement obsessionnel de Matthieu. Car, pour ce dernier, non seulement le suicide de Von Gunten n’a rien résolu mais, il en est persuadé, l’assassin court toujours. N’ayant, comme indice, qu’un dessin qu’avait effectué la petite Gritli, dessin représentant un « géant » distributeur de « hérissons » (qui sont, en vérité, des truffes en chocolat), Matthieu quitte la police, pour qui l’affaire est close, afin de poursuivre son enquête de manière indépendante. Pour ce faire, il imagine de se servir d’un appât pour débusquer l’assassin. Mais l’histoire prend alors un tour inattendu et, si l’on finit par connaître l’identité du meurtrier, disons que ce n’est pas grâce à Matthieu, l’ex-policier qui, à force d’attendre sans fin, a sombré dans une sorte de folie tout en s’approchant très près de la vérité. Ainsi s’achève un roman dont le final se distingue de ce que le lecteur attend d’un roman policier. Comme dit ironiquement son narrateur, [l’histoire] « se termine si misérablement (…), si pitoyablement (…) que je ne vois pas qu’on puisse jamais la risquer dans un roman décent ou au cinéma ».

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